Knocked Loose - A Tear In The Fabric Of Life

Chronique Maxi-cd / EP (21:05)

chronique Knocked Loose - A Tear In The Fabric Of Life

Vous connaissez ce morceau d'Orchid, « Epilogue of a Car Crash » ?

 

Et ben là, c'est pareil, tout commence par un accident de voiture.

Et c'est dans le court-métrage pour lequel cet EP surprise de Knocked Loose sert de bande son que ça se passe. Je vous laisserai accrocher vos ceintures et aller y jeter un œil sur ce site de vidéos assez connu, avec une histoire de tubes là-dedans. Ici, on ne va pas se concentrer sur les images, mais sur les sons.

 

Mais pour résumer, et parce qu'il s'agit tout de même du concept central de l'EP, l'accident dont on parle se passe en forêt, l'un des passagers du véhicule étant tué sur le coup. Le reste, la matière qui constitue ce disque, est le deuil, la culpabilité et le trouble pour se remettre de cette expérience traumatique, passant par différentes phases. L'écriture des morceaux, selon leur chanteur et parolier Bryan Garris, est passée du statut de fictionnel à très personnelle au fur et à mesure du processus de composition et qu'elle s'entremêlait de plus en plus avec de réelles expériences passées, ajoutant de ce fait une bonne dose de sincérité émotionnelle à l'ensemble.

 

Knocked Loose, au fait, pour la faire simple si vous n'en avez encore jamais entendu parler, c'est l'une des plus grosses bestioles du hardcore moderne US de ces derniers temps, parquée chez l'écurie californienne Pure Noise Records (Counterparts, ....). Pour aller droit au but, puisque c'est généralement ce que le groupe fait, pour trouver des trucs assez proches dans le genre en ce moment, il faut aller chercher du côté de chez Code Orange, Vein.fm ou encore .gif from god. Des riffs toujours incisifs et qui sont volontairement là pour faire mal, dans une tendance au revival du hardcore groovy et syncopé du tournant des années 2000 (pensez Coalesce, Botch et consorts), le tout enrobé de figures stylistiques plus modernes, tel le bon vieux breakdown qui donne envie de casser des chaises, une tendance un poil plus metal aussi peut-être, et vous aurez déjà une idée d'où vous mettez les pieds, avant même de presser le bouton play.

 

Si cette image de fauteuil brisé me vient, c'est que j'ai personnellement toujours le break de « And Still I Wander South » de leur précédent album A Different Shade of Blue qui me revient en tête de temps à autre, et que c'est fondamentalement le fond de la vidéo qui accompagne ledit morceau. Mais disons que c'est parce que moi, j'aime bien le sud (et les chaises, en général), alors je me sens touché.

 

Mais cessons donc de parler de choses passées (ou cassées) et revenons à d'autres plus présentes (et cassantes) : A Tear in the Fabric of Life, nouvel EP de Knocked Loose.

 

La voix de Garris, puisque l'on a commencé à parler de lui, est très spécifique et franchement reconnaissable en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « ah merde » en recevant un courrier avec avis de réception de Pôle Emploi, et toujours assez haute et criarde comme il nous y a habitués sur les albums précédents. C'est un pur déversoir de colère et de peine sans une once de lumière, à croire que ses compères enregistrent ses prises vocales après lui avoir pété le petit doigt de pied contre un meuble. Et du coup, cela la rend relativement difficile à appréhender au premier abord, son ton écorché peut surprendre.

 

Du côté du reste des instruments, l'intro (« Where Light Divided the Holler ») est un bon vieux bourrinage immédiat à mi-chemin entre des sonorités à la « Future Breed Machine » associée à un riff Gojira-esque, le tout dans une mixture sonore hardcore bien grasse et râcleuse. Les impressions de proximité avec Meshuggah et les Landais ne s'arrêtent pas là puisque le pont vers le prochain morceau rappelle cette fois la respiration du milieu de « Bleed ». Et par ailleurs, Knocked Loose feront la première partie de la tournée à venir de Gojira, si l'on doutait encore de l'inclinaison qu'ils prennent et du côté sérieux (en plus de la grosse hype du moment) dont ils font preuve.

C'est à partir du second titre (« God Knows ») que l'on retrouve la matrice un peu plus hardcore du groupe, toujours agrémenté de breaks ultra lourds et sans concession. On retrouve par ailleurs sur ce titre le chanteur de Portrayal of Guilt, Matt King, ce qui est en somme assez cohérent au vu des styles similaires (bien qu'officiant dans des registres différents) des deux vocalistes et du degré de noirceur de la musique.

 

Knocked Loose aiment quand ça rebondit et quand ça claque, et la succession de riffs à venir sur le reste de l'EP ne fait que confirmer ça, sur de nombreux breaks mid-tempo, entrecoupés de quelques passages plus d-beat, de blasts impromptus, et surtout de mélodies tendues qui surgissent pour maintenir permanent un sentiment d'urgence et de catastrophe imminente. On sent bien le métal froissé et les débris de verre partout autour de la scène.

 

Ils ne se contentent pourtant pas de répéter inlassablement la même recette, malgré des gimmicks récurrents, et de nombreuses respirations ou petits écarts vers d'autres horizons s'invitent ici et là (le début de « Contored in the Faille » qui attire clairement l'attention), pour multiplier l'expression d'émotions différentes, liées au concept développé sur cet EP. D'un bout à l'autre, ne nous fourvoyons pas, ce sont tout de même avant tout les claques qui volent, comme autant de morceaux de pare-brise après le choc.

 

Bref, au moment de faire les comptes, Knocked Loose prennent sur cet EP un tournant un peu moins orienté strictement hardcore que sur ses sorties précédentes, officiant désormais dans un registre plus proche d'un metalcore intransigeant, rageux et explosif, mais aux antipodes de ce que l'on a parfois tendance à associer à ce terme. Ni voix claires ni tendances emo ici. Jouant sur la lourdeur et l'agressivité, ils parviennent néanmoins à garder une certaine fraîcheur dans ce qu'ils proposent sur ce A Tear in the Fabric of Life, et quand bien même les breakdowns sont loin d'être inattendus, ils restent assez travaillés pour être intéressants – en plus d'être efficaces, dans une logique de "make hardcore dangerous again". Vous en faut-il plus pour vous laisser prendre ? Le mieux, c'est encore d'aller l'écouter, ça ne dure qu'une vingtaine de minutes et c'est assez consistant pour que ce ne soient pas des minutes perdues.

 

A écouter avec un protège-dents et un peigne dans la poche, pour son caractère décoiffant. Et on n'oublie pas d'attacher sa ceinture.

photo de Pingouins
le 25/10/2021

6 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 27/10/2022 à 17:06:34

Très bon

Pingouins

Pingouins le 27/10/2022 à 18:59:17

Content que tu t'y sois mis, Crom !
T'as réussi à dépasser la voie, du coup ?

Pingouins

Pingouins le 27/10/2022 à 19:00:06

La voix, même.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 27/10/2022 à 20:36:26

Tellement véner que ça passe.

Goret du Nord

Goret du Nord le 29/10/2022 à 09:12:01

Une tuerie...Quelle puissance!!!!
Quelque part entre Botch et Will Haven je trouve. J'ai vraiment pris une grosse claque alors que ce style m'emmerde généralement...

8oris

8oris le 09/04/2023 à 22:56:59

Je decouvre sur le tard et par hasard. bordel, quelle claque, quelle ultime gifle. Vraiment un style hybride complètement dingue porté par un chant démentiel et assez unique. Certains plans de guitares ont un côté Ion Dissonance et le son de basse est dingue!

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