La Prière Du Poulet - La Prière du Poulet
Chronique CD album (1:02:53)

- Style
St KFC Priez Pour Nous - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2014 - écouter via bandcamp
« Je vous salope képi, plein de vinasse. Le Taser est avec vous… »
Non? Ce n’est pas de ces poulets-là dont il est question? On cause KFC, pas KonD? Ok ok.
En même temps ça ne change pas non plus le fond du problème. Oui, « problème ». Parce que autant les hors sujets, sur CoreAndCo, ça ne nous fait pas peur, autant là…
Mais commençons plutôt par le commencement: les présentations. La Prière du Poulet, c'est 5 parisiens déjantés, sapés dans l’esprit Torm / Maïsman / Empalot, qui disent jouer – je cite – du Groland-core rare soul punk, de la Zouktek et du Plouc-rock, à la croisée de Zappa, Gainsbourg, Stupeflip, Raoul Petite, Die Antwoord et Ludwig von 88. J’en vois qui prennent peur au fond, mais jusqu’ici, pour l’affreux jojo qui vous cause, tout va bien. C’est un tout premier album éponyme qu’ils nous proposent aujourd’hui, et – malgré une écoute en diagonale de quelques échantillons sur leur Bandcamp – c’est sans trop d’appréhension que j’abordais la chose.
Sauf qu'au final, le plan ne s'est pas déroulé sans accrocs. Désolé mon vieux Hannibal!
Bon, puisqu’il existe quand même des branches auxquelles se raccrocher, agrippons-les: les zigotos de La Prière du Poulet ne se prennent pas franchement au sérieux, et malgré tout ce qui va s’écrire par la suite, ils ont tendance à provoquer la sympathie. Il semblerait d’ailleurs que la vision de leurs prestations live serait susceptible de nous les faire apprécier un peu plus. Autre atout du groupe: son ouverture d’esprit. Ils ne s’interdisent rien, ni côté costumes, ni côté textuel, ni du point de vue des styles abordés. Et ça aurait plutôt tendance à nous mettre de bonne humeur. Et puis, allez, pour rester sur le plan strictement musical, même en se cantonnant à un point de vue purement metal’n’rock – vu qu’on est quand même sur CoreAndCo nom de nom – on trouvera de quoi se mettre sous la dent de-ci de-là. Sur « Poulet Bicyclette » par exemple, qui semble tout droit sorti du Retour de Méchant Man. Sur les 3 speeches de Lord Hö, qui semblent avoir été co-écrits et enregistrés par le tyran qui règne sans partage sur la cour Sebkha-Chott. Et sur « Vodka Doust Daram » qui fait se croiser Russkaja, les Négresses Vertes et la Mano Negra autour d’une bonne bouteille. « Flamencore » essaie également de nous faire de l’œil avec sa grosse guitare thrashcore. Sauf que le flow de MC Vénère qui est plaqué dessus casse vite l’ambiance.
Hum. Voilà. En ce qui concerne le reste des 21 titres, c’est soit Hors Sujet (du moins vu depuis la lorgnette CoreAndCo), soit insupportable.
C’est que la quinzaine de titres non encore évoqués nous emmène dans de l'hommage au Gainsbarre dandy décadent (« Chiquita » – cf. « Sea, Sex and Sun » –, « Hépatite ABC » – qui singe l’époque Initials B.B. – et « Love Is On The Way » – quasi remake de « Love, On The Beat »), dans de la nostalgie disco-proto-électro kitchos (« Google Lady » ou le début de « Jean-Marc 2013 »), dans l’univers de la disco-funk-rap en carton (« Suce moi la bite »), dans le coupé-décalé (« Toutes les femmes » – presque sympa finalement), dans le monde merveilleux de « Corde à Sauter » (« Kitty Powa ») ou dans le dark « moules frites » slam (« Humide et Brumeuse Belgique »), le tout étant bien trop souvent arrosé de phrasé râpeux en provenance direct des caves à tournantes du 9-3. De plus, sans pourtant être coincé du gland (… manquerait plus que ça tiens!), il faut reconnaitre que les textes à gros sabots qui ne savent qu’aligner les rimes « riches » extraites du champ lexical de la « grosse biatch qui m'suce les boules » (« Suce moi la bite » n’étant qu’un des nombreux exemples), au bout de 2-3 titres, ça ne fait plus rire que Kevin…
Du coup ça ne passe pas. Mais alors pas du tout de chez pas du tout. Et plutôt que d’attribuer une note piètre (… qui êtes aux cieux) à l’album, on s’en sortira avec une pirouette. Sait-on jamais: d’autres, dans des univers musicaux et des référentiels esthétiques différents, pourraient aimer. Mais ma pomme votera plutôt Contle que Poule…
La chronique, version courte: un mélange de nawak, de Gainsbourg libidineux, de rap Wesh-moi-l'gland, d’humour au saindoux, de varièt’ kitsch et de rythmes dansants. Sûr que La Prière Du Poulet peut trouver son public. Mais même les amateurs de Maïsman, des VRP, de Ludwig von 88 ou de nawak au sens très large risquent d’avoir du mal à avaler ce « gros morceau » qu’est La Prière du Poulet.
3 COMMENTAIRES
Eric D-Toorop le 31/12/2014 à 13:28:58
Cette fascination a recréer par cycle, l'univers du Grand orchestre du Splendid est saisissante.
cglaume le 04/01/2015 à 07:31:42
J'avoue que je n'avais pas été saisi. Mais maintenant que tu le dis...
Eric D-Toorop le 04/01/2015 à 11:34:53
ouep... bon encore un truc de vieux, hein ^^
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