Meleeh - To Live And Die Alone

Chronique CD album (30:39)

chronique Meleeh - To Live And Die Alone

Dans la série des groupes et albums qui restent incompréhensiblement méconnus d'une large audience alors qu'ils cochent toutes les cases du surqualitatif dans leur style, les Suédois de Meleeh sont – à mon humble avis – bien placés.

Si leur album Heartland avait bien été encensé par Biflam en ces pages il y a quinze ans déjà (ouch), leur opus suivant (et par ailleurs dernier à être sorti, en 2010) To Live and Die Alone, qui nous intéresse ici, n'a pas eu la couverture qu'il méritait (quand bien même sa pochette est sympa). Et pas seulement parce que Pidji n'a pas assez tapé sur les doigts et donné de pichenettes dans les lobes auriculaires des chroniqueurs et chroniqueuses de CoreandCo : nulle part je n'ai réussi à trouver une chronique en français de ce disque. J'ai peut-être mal cherché, cela dit. En tous les cas, il n'est pas sous les projecteurs.

 

Et pourtant, To Live and Die Alone est un album en tous points excellent. Ses dix morceaux explorent un hardcore sombre et plutôt new-school (dans le sens où il n'est clairement pas orienté old-school), le tout avec une production excellente et des musiciens aux qualités techniques irréprochables, le tout teinté de quelques aspérités qui peuvent parfois aller tirer du côté d'une sorte de hardcore mélodique ou de screamo bien vénère dans les émotions véhiculées et les rythmiques employées. Et surtout, surtout, surtout : une passion débordante et une sincérité à toute épreuve au moment de délivrer leurs morceaux.

 

Pas de chant clair ici, la voix de Thomas est toujours arrachée à n'en plus pouvoir, au bord de la rupture, et a le bon goût de ne pas chercher à être emo-friendly. Tout est tranchant dans cet album, des guitares breachiennes aux rythmiques tendues, des incartades punk-hardcore aux vrombissements de la basse.

 

Quelques respirations sont tout de même présentes dans l'album pour éviter de le rendre trop compact et homogène, et elles sont bienvenues, que ce soit sous la forme de sections plus posées dans les morceaux ou dans la zone finale de l'album : l'instrumentale « Panegyric » ouvrant sur un morceau, « Thorns for Flowers », qui dénote tout particulièrement dans To Live and Die Alone. Il s'agit en effet du seul morceau low tempo, avec une voix qui, pour contredire l'une des affirmations que l'on faisait plus haut, est essentiellement claire. L'exercice rappelle un peu ce que faisaient d'autres Suédois (Cult Of Luna pour ne pas les nommer) avec des morceaux comme « And With Her Came The Birds » ou « Passing Through », ballades sombres au milieu de la lourdeur écrasante de l'album.

 

Comme on peut s'y attendre ici au vu du reste du disque, cette accalmie sert à préparer à l'explosion finale du dernier morceau « To Die Alone », très orienté punk-hardcore et rentre-dedans, pour une clôture très réussie à cet album.

 

Bref. Si l'ombre de Breach plâne de bout en bout sur To Live and Die Alone, et ce dès l'intro et le premier morceau « Vowbreaker », ce n'est absolument pas parce que Meleeh en seraient de simples copycats jouant de la proximité géographique avec un groupe restant dans les annales : bien au contraire, avec leurs albums empreints d'un hardcore sombre et déchiré, le combo se pose comme le digne héritier de leurs illustres prédécesseurs dans le hardcore en Suède.

Il y a eu Refused, il y a eu Breach, il y a ensuite eu Meleeh. Et si d'autres très bons groupes ont pu voir le jour (Children of Fall par exemple), ces trois-là sont quand même dans le très haut du panier dans le style et la géographie.

 

Pour le dire en très peu de mots, cet album n'a quasiment pas de point faible et aurait pu, aurait du peut-être, devenir un disque de chevet de plus d'un·e passioné·e de hardcore de cette école. Ça n'a pas été le cas. Mais c'est en retombant parfois sur ce genre de pépites oubliées que l'on se remet en tête qu'il y a encore quantité d'albums excellents à découvrir ou à redécouvrir.

 

Et si dire d'un album qu'il permet de sortir de la monotonie et du rapport parfois un peu blasé que l'on peut avoir vis-à-vis de la musique, cette impression d'avoir parfois tout entendu, n'est pas un des plus beaux compliments que l'on puisse faire au groupe qui l'a créé, je ne saurai pas comment vous convaincre. Et en plus, on le disait, la pochette (œuvre de Nicolas Tinti) est classe.

 

A écouter passionnément.

 

P.S. : Et tiens, cadeau parce que je suis de bonne humeur : si vous avez aimé ce disque, jetez vous aussi sur Crawl Space des Lillois de The March, histoire de faire d'une pierre deux coups dans les albums exceptionnels que personne ne connaît. Ainsi que l'EP rose de Sürüt, soyons fous, parce qu'il démonte aussi.

photo de Pingouins
le 28/08/2022

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