Leper - End Progress

Chronique CD album (41:12)

chronique Leper - End Progress

« Vous y êtes presque ! Vous avez chroniqué 1) le Black/Rap d'Uratsakidogi, 2) moult groupes de Rap Metal, 3) les variations Ska/Ragga Metal de Ninjaspy, Russkaja & co... Pour boucler la boucle, il ne vous reste plus qu'à proposer un papier étiqueté Black/Ska/Reggae ! »

 

… Chiche !

 

Et pourquoi ça n'existerait pas d'abord ? Il y a bien le Black/Gospel de Zeal & Ardor, le Black/Jazz d'Etienne Pelosoff, le Black/Dancefloor de Pavillon Rouge... Pourquoi Bob Marley et Madness ne pourraient-ils pas eux-aussi s'essayer aux corpse paints ?

 

D'autant que si l'on est en capacité de se poser la question de l'existence d'un tel mélange, vous pouvez être sûr que, sur bientôt 8 milliards de zigotos s'échangeant des vidéos de chatons et des recettes de tourtes aux rognons sur les réseaux sociaux, il y en aura forcément une poignée qui se sera activée dans le but d'y apporter une réponse positive. D'ailleurs ça n'a pas manqué, quoique sous des latitudes bien plus septentrionales que l'on aurait pu le croire, Leper ne venant pas de Kingstown, Jamaïque, mais de Victoria, Canada. Et l'explication du pourquoi du comment est assez simple : ce n'est pas en tirant sur la corde Jah/dreadlocks/Reggae/Ska que les gugusses se sont mis à glisser ces guitares tressautantes caractéristiques au sein de leur Metal misanthropique, mais en déroulant la chaîne Crust/mohawk/Punk/Ska Punk. Car dans les rangs resserrés de nos lépreux on trouve des Storm of Sedition et ex-Iskra, les uns comme les autres ayant déjà travaillé sur le croisement du corbeau à pentacle et du rat à épingle à nourrice.

 

D'ailleurs qu'on ne s'y trompe pas : End Progress c'est d'abord un Black Metal brumeux et mélodique, qui rappelle au non-pratiquant que je suis le séduisant chant de sirène d'un Thy Serpent vêtu de guenilles. Puis vient ensuite un mélange houleux de Crust, de Punk et même de Grind (on pense à un Nasum débraillé sur « Destroy what Destroys You »), avec ses breaks fulminants et sa basse grognant comme un bouledogue habillé de barbelé. Ce n'est qu'une part plus congrue du camembert musical qu'occupe la dimension Ska'n'Ragga, cette relative rareté étant, il est vrai, compensé par la superbe incongruité de la chose. D'ailleurs c'est assez dingue de constater à quel point tout cela se mêle avec naturel, le cracra du squat se fondant dans le charbonneux de la crypte, tandis que le pétillant des cabrioles Ska déboule sans choquer dans la suite des explosions crêtues. Mais encore une fois ne vous attendez pas à un incessant festival de cuivres gouailleurs cabriolant derrière la noire toge d'un disciple d'Emperor : certains titres comme « Decivilize », « Resist the SPP » ou « We Already Live In Ruins » se contentent même d'une relative « orthodoxie » Black/Crust sans sombrer dans les excès contrastés.

 

Forcément, si vous avez déjà pratiqué le loustic qui vous cause, vous vous doutez que ce sont les titres les plus sauvagement bigarrés qui remportent le plus son adhésion. D'où une nette préférence pour les mélanges parfaits de « Wild & Free » et « Sedition Not Sedation », ainsi que pour le morceau-titre qui varie le propos avec un démarrage atmosphérico-mélancolique, une section « spoken words » à deux voix (0:52), puis une deuxième partie plus axée Bass'n'Ska. Par contre, si aucun titre ne démérite vraiment (non, non, même « Decivilize » et son début un peu morose), sur la fin de l'album on commence à réaliser que malgré l'originalité de la formule, sur la longue le groupe peine un peu à offrir des titres se démarquant les uns des autres – mais c'est bien là le seul reproche qu'on se permettra de formuler, le son un peu « nécro démo » de l'objet étant voulu et logique vu ses ports d'attaches stylistiques, et donc pas un sujet de bougonnerie.

 

Dès lors faut-il nécessairement se fendre d'une vraie conclusion ? Le style figurant en haut mentionne Black, Crust et Ska, la note est bonne, le ton de la chronique positif... Si vous faites partie du cœur de cible vous devriez déjà avoir lâché ce papier pour partir à la rencontre de cette petite pépite. Et si ce n'est le cas, allez ouste que diable, il faut vous le dire comment que vous DEVEZ écouter End Progress ?!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: non, ce n'est pas une blague, End Progress propose bien quarante-et-une minutes d'un mélange de Black brumeux et mélodique, de Crust fulminant et proéminent de la basse, et de Ska sur ressorts. Et ça tue ma bonne Dame, mais oui !

photo de Cglaume
le 12/03/2023

11 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 12/03/2023 à 10:56:03

Excellent album découvert via la chaîne de Max Yme et pour lequel je suis très content de lire TA chronique tout aussi excellente.
Dommage que le groupe ait cessé ses activités.

cglaume

cglaume le 12/03/2023 à 11:17:35

Oui, dommage que l’espoir de voir ces titres interprétés live soit aussi mince qu’un anorexique récidiviste. En même temps je dis ça après avoir écouté tout Leprosy depuis une fosse parisienne… 🙂

Xuaterc

Xuaterc le 12/03/2023 à 13:10:24

Tu as oublié le Trap Black Metal de Mora Prokaza ou le true anti-american reptilian conspirationist electro industrial drum'n bass metal de The Bombs Of Enduring Freedom

cglaume

cglaume le 12/03/2023 à 13:28:03

Damned, c’est vrai 🤣

Xuaterc

Xuaterc le 12/03/2023 à 13:31:03

Tu est tout pardonné
Et si on mélange Beuhmeuh et Dub, on obtient
https://www.youtube.com/watch?v=8je6Ud3NyjM

Pingouins

Pingouins le 12/03/2023 à 17:47:09

Ah ben je n'avais jamais pris le temps d'écouter, merci beaucoup !
C'est Choking Victim / Leftöver Crack en mode crusty-blacky, tout ça !
Chouette, un nouvel album à écouter sur la route du boulot le matin !

cglaume

cglaume le 12/03/2023 à 19:35:56

Tu me diras ce que tu en as pensé 🙂

Pinguinos

Pinguinos le 13/03/2023 à 15:03:43

Ska ska ska ska !
Les cravates à damier en noir et blanc ça marche aussi avec le black et le crust, je suis sûr que c'est ça le barycentre du groupe.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/03/2023 à 06:03:55

À voir...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/03/2023 à 18:43:03

Appellation point usurpée : c'est pas mal du tout.

cglaume

cglaume le 14/03/2023 à 20:39:38

❤️❤️

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