Lik - Necro

Chronique CD album (41:10)

chronique Lik - Necro

Ça fait du bien, bordel !

 

Quand on aime le Swedeath, mais qu’on en a parfois abusé, il peut arriver que la marmite à slime commence à déborder. Le risque, alors, c'est que le genre ne réussisse plus aussi souvent à allumer cette étincelle sauvage qu'il éveillait jadis au fond de nos prunelles. À moins de tricher, en s’écartant plus ou moins ostensiblement des canons du genre, ce que très très peu de groupes osent faire. En même temps, s'ils le faisaient, on leur reprocherait et les traiterait de vendus, ingrats que nous sommes (… quoique : vivement le premier album de Funk Swedeath !!).

 

C’est pourquoi ça fait du bien, bordel, comme je l’assénais en guise de bienvenue, quand un album de Swedeath pur jus réussit à nous remuer les rognons sans user d’autres subterfuges que son unique talent. Or, avec ce 4e album, pas de surprise – hormis cette pochette en couleurs, une première pour eux – pas de minauderies : Lik reprend les affaires là où Misanthropic Breed les avaient abandonnées, en haut de l’étagère Dismember, en plein milieu d’un gros déballage d’enthousiasme carnassier grouillant de lombrics nécrophages et de grosses giclées de HM-2 adipeuse.

 

Vous vouliez de la nouveauté ? Macache !

 

En effet, rien qu'au niveau lineup, rien ne change. Lawrence Mackrory (Darkane) ne cède nullement sa place derrière les manettes. La durée tourne toujours autour des 40 minutes syndicales. C’est toujours Metal Blade qui se charge de l’intendance. Et oui, une fois de plus vous croiserez quelques copains qui sont passés vider des godets en studio (il s’agit cette fois de Linnea Landstedt de Tyranex sur « Morgue Rat », et de Nick Holmes de Paradise Lost / Bloodbath sur « In Ruins »). Mais remplissons un peu plus la colonne "Similarités" en ajoutant que Dismember reste le totem le plus proéminent parmi les divinités honorées par le groupe. On pousse plus loin encore le jeu des 7 non-différences ? Après un « Female Fatal to the Flesh » réveillant le groove viscéral du « Eaten » de Bloodbath sur l’opus précédent, le groupe remet ça avec un « Morgue Rat » plus lourd et démentiel encore, qui donne envie à l’auditeur de devenir éléphant afin de se déhancher avec la nonchalance létale de celui dont les pieds écrasent sans distinction pastèques et tartares de têtes humaines.

 

Mais les délices réservés par Necro sont nombreux, et méritent qu’on les liste, afin d’expliquer le pourquoi de cet enthousiasme tapageur – même si vous pouvez aussi rester sur cette unique vérité : quand on ressent la musique jusqu’au cœur de ses fibres, qu’on garde la rage des débuts et qu’on applique à ses propres compos les recettes qui ont fait le succès des grands classiques, ça fait toute la différence avec les tâcherons qui copie-carbonnent.

Du détail, qu’on vous promettait. En voici :

--> « Deceased » est une déclaration d’amour à Entombed couvrant en gros les périodes Wolverine Blues et Clandestine. On y retrouve cette abrasivité gaillarde, ces décrochages en roue libre, ces breaks quasi-punk et ces gimmicks qui clignent d’un œil complice en direction des fans (le cri à 3:21, la ritournelle conclusive)

--> « War Praise » bûcheronne comme si Matti Kärki avait besoin de récolter en une heure tout le bois nécessaire pour deux hivers, mais avec un gros supplément de mélodie qui n’est pas sans rappeler les balbutiements d’Edge of Sanity (ce n’est pas pour rien que l’on entend Tomas Åkvik grogner « Nothing But Death Remains »...)

--> « They » donne dans le mid-tempo callipyge archétypal, tantôt frontal, tantôt les griffes remuant l’humus, tantôt affalé dans la fange, de la vase jusqu’aux naseaux. Simple, mais funky

--> « Worms Inside » est une grosse tartine de phalanges en travers de la mouille, une averse de goudron précédant l’assaut du catcheur psychotique. Mais entre deux beignes et une projection dans les filets, les Suédois nous gratifient d’un sourire narquois en balançant un riff reconnaissable entre mille, extrait d’« Orion » (… de Lars et vous savez qui)

 

Mais abrégeons pour éviter les lourdeurs d’estomac. D’autant qu’on a déjà évoqué ce sommet de bonheur qu’est « Morgue Rat ». « Shred into Pieces » ? Une ratatinade primaire, sans un sourire ni un bonsoir. « In Ruins » ? De la belle mélancolie, puis du basaltique syndical mais généreux. « The Stockholm Massacre » ? Une ouverture de plus vers les prémices d’un Melodeath encore tout engoncé dans ses infrabasses baveuses. « Fields of Death » ? Une bœuterie dans la grande tradition de « Life - Another Shape of Sorrow » (cf. Massive Killing Capacity), et manifestant les sublimes ardeurs d’un disciple d’At The Gates. Quant à « Rotten Inferno », il rappelle aux speed freaks de mon espèce que, quand les menaces sont proférées avec conviction et que les couilles sont solidement tenues dans un étau, on ne fait plus du tout attention au fait que même les plus éclopés des lombrics nous doublent sur la voie de gauche.

 

Alors, Necro ?

Ne faites pas comme si vous n’aviez pas compris. Classique, certes, mais passionné, viscéral et complètement imparable… Ce n’est ni plus ni moins que le meilleur album de Lik à ce jour, et sans doute le Top du Swedeath de 2025 (quoiqu’il reste un peu de temps, et un nouveau Puteraeon, pour tenter de faire mieux) …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : du nouveau, sur le 4e album de Lik ? Et pourquoi pas de la finesse dans le Bureau oval cuvée 2025 ? Non, les Suédois continuent inexorablement leur exégèse des tables des lois du Swedeath. Mais leur niveau d’expertise et l’ardeur de leur foi expliquent que, bien que nulle révolution ne vienne secouer leurs pédales Boss HM-2, nos carcasses et tympans se retrouvent électrisés, voire euphoriques quand passent et repassent les « Morgue Rat », « Fields of Death » et autres « War Praise ». Face à cette nouvelle affirmation de la grandeur de la « Mort suédoise », on se dit que le suicide ou l’euthanasie à Stockholm doivent constituer une fin autrement plus enviable qu’une indigestion de PFAS ou la réception d’un missile balistique russe !

 

photo de Cglaume
le 16/04/2025

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/04/2025 à 10:16:16

Oui il est bon mais le Puteraeon est au-dessus. Ecoute aussi "Stinking Death" de Disrupted, découvert hier : il est plus rustique. Il renvoie aux glorieux Demonical d'antan. LIK : 8 - DISRUPTED : 8,5 et PUTEREAON : 9 à l'aise. Que voilà un beau trio !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/04/2025 à 10:17:25

PUTERAEON : j'arrive jamais à mettre les lettres dans le bon ordre.

cglaume

cglaume le 16/04/2025 à 10:21:32

Yep, faut que j'écoute tout ça 🤘

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/04/2025 à 09:23:47

Les deux seront en base très bientôt.

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