Loharano - Bae Nosy

Chronique Maxi-cd / EP (08:24)

chronique Loharano - Bae Nosy

On sentait bien, dès la sortie de Lohamboto, que l’histoire de LohArano allait ressembler à celle de la p’tite bête, qui monte, qui monte… Car après un premier EP qui aura fait se soulever nombre de sourcils chez les amateurs de Metal différent, le groupe malgache a très vite embrayé sur son premier album, réussissant dans la foulée à se faire programmer sur l'affiche de l’édition 2021 des Trans Musicales de Rennes. Puis il s’est lancé fin septembre / début octobre 2022 dans une tournée française passant entre autres par le Glazart et le Brin de Zinc afin de fêter dignement la sortie de son 2e EP, Live at Trans Musicales of Rennes. Mais Mahalia, Michael et Natiana souffrant de boulimie aggravée d’une bougeotte aiguë, ils ne pouvaient se contenter de cette mise en bouche, et ressentirent rapidement l'envie de bouffer la terre entière. Autant dire qu’il valait mieux ne pas compter sur eux pour attendre qu'il refroidisse avant de battre le fer. C’est donc en compagnie d’un 3e EP intitulé Bae Nosy qu’ils nous invitent à rentrer de plain-pied dans l'été et à retourner les voir sur scène : car ceux-ci continuent de rêver leur carrière en grand. Et loin de se contenter de jouer pour les copains de Morphée, les voilà qui non seulement partent assurer des dates au Royaume-Uni, mais reviennent également dans l’Hexagone, début juin (désolé, vous les avez loupés !), cette fois en première partie de Fishbone (sur 3 de leurs dates, du moins).

 

… Alors, elle est par belle la méritocratie musicale en action ?

 

Bae Nosy (L’« île bien aimée » me souffle-t-on à l’oreille) ne comporte que 3 titres, mais ses 8 minutes et demie ne laissent pas passer la moindre trace de fadeur à travers ses filets tissés serrés. Aussitôt le morceau-titre lancé, on se fait secouer les bretelles par la basse merveilleusement ronde de Michael, une rythmique crépitante et la voix de Mahalia se chargeant de compléter l’impression d’urgence alors ressentie. Tout ici concourt à donner le sentiment qu’on est placé en constant déséquilibre avant, la seule solution pour l’auditeur consistant à se projeter plus en avant encore, afin d’éviter que le sol ne se dérobe sous ses pieds. La rythmique s’avère tout aussi pressée et décalée que sur les sorties précédentes, ce qui – quand elle se voit adjoindre des parties de chant en malgache – contribue à nous plonger dans les ruelles de Tana', cavalant à la recherche d’on ne sait quoi, la seule certitude étant qu’on a intérêt à le trouver rapidement ! Et bonheur, cette fois la guitare ne sonne plus du tout « garage » (cf. la chronique de Lohamboto), Mahalia malmenant d’ailleurs celle-ci comme un DJ sa platine, l’effet produit étant d'étonnants riffs typés « scratch guitaristique ».

 

Le relais est ensuite passé à « Koaitra », morceau qui manie les saccades comme un impitoyable métronome. Secoué comme un pantin traversé par du courant alternatif, l’auditeur n'en goûte qu'avec plus de plaisir les dégringolades mélodiques faisant office de refrain. Le terrain est à nouveau accidenté, la rythmique trépidante… La possibilité de souffler étant néanmoins laissée au bout de 2 minutes, quand Mahalia entreprend une quête intérieure lors de trente secondes de sérénité retrouvée.

 

Mais c’est « Jaly » qui constitue la véritable occasion de se laisser enfin aller, de sortir sous le porche, alors que le soleil se couche au loin sur la savane, et de poser la tête sur les genoux maternels, une main bienveillante passant dans les cheveux de l’auditeur pendant qu’une voix tout aussi bienveillante lui conte des histoires anciennes, des cœurs brisés, des territoires conquis. C’est dans le Beko, variété locale du Blues, que LohArano a trempé ce dernier morceau, afin de le colorer d’une mélancolie et d’une douceur qui aident la musique à trouver son chemin jusqu’à l’arrière du sternum, en cet endroit si sensible et douloureux que ladite musique nous piquerait les yeux si on la laissait faire.

 

Ah les doux gredins….

 

Bae Nosy c’est donc tout ce qu’on aime chez LohArano : l’agitation vive, une occasionnelle indolence narrative, des rythmiques injonctives, des cartes postales immersives, une différente perspective… pour une Fusion Metal/Rock/Musiques malgaches plus que jamais qualitative !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Bae Nosy propose trois titres inédits qui nous emmènent à nouveau en ces contrées lointaines où le groupe a ses habitudes : des terrains accidentés où règnent agitation vive et rythmes ternaires, un Metal broussailleux et saccadé propulsé par une énergie Punk/Rock, et de magnifiques paysages qui poussent à la rêverie nostalgique… Ceci sans plus susciter ces quelques petits reproches qu’on avait pu émettre à l’encontre de Lohamboto. Du tout bon, donc !

photo de Cglaume
le 10/07/2023

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/07/2023 à 10:15:33

Si je sors un jour la tête du Grougrou, faut que je ponce le groupe.

Arnaud

Arnaud le 10/07/2023 à 16:34:15

Vu en première partie de Fishbone à Strasbourg, LohArano a confirmé en live la très très bonne impression laissée par ses EP et album

cglaume

cglaume le 10/07/2023 à 17:03:40

Vus à Paris en têtes d’affiche: même impression 🤘

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/07/2023 à 18:18:47

Pas vu à Chambéry mais ça avait l'air très bien.

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