Loharano - Devl
Chronique Maxi-cd / EP (13:52)

- Style
World Metal from Mada' - Label(s)
Wiser Records - Date de sortie
15 juin 2024 - écouter via bandcamp
Ah ça, on ne baisse pas la pression chez LohArano ! Ce pauvre fer ne risque pas de refroidir tant le groupe ne cesse de le battre, ainsi que le recommande le célèbre adage… Car Devl est déjà son 3e EP en l’espace de 4 ans, ce dernier carré d’années ayant également été bien occupé à 1) sortir un album, 2) effectuer nombre de dates européennes – en France souvent, mais également en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni. Et l’engouement à leur égard ne semble pas donner de signe d’affaiblissement !
Faut-il rappeler pourquoi on aime autant ce trio malgache – en dehors du fait qu’il propose de la musique qui défonce, ce qui devrait toujours rester la raison n°1 de tout enthousiasme musical ? Considérons que vous avez répondu « Oui ». LohArano, donc, possède une personnalité unique issue du métissage de guitares qui grognent avec certaines particularités des musiques jouées dans leur voisinage immédiat – au premier rang desquelles le Tsapiky et le Salegy. Parmi ces singularités notons des rythmiques « ternaires », qui pourront donner le mal de mer au fan de Maiden lambda. Un chant tout en malgache. Plus de récurrentes sonorités / arrangements / épices qui invitent l’auditeur à se lancer dans un limbo fiévreux sous le Tropique du Capricorne.
Devl, ce sont 6 compos, dont 5 nouvelles – « Koaitra » figurait déjà sur Bae Nosy, mais son adéquation avec la thématique de l’EP (qui traite en partie de ce que cela implique d’être un « rocker » en des terres où la chose est mal considérée) a poussé le groupe à lui faire faire un nouveau tour de piste. Six pistes, donc, ce qui est généreux pour un EP. Mais six pistes restant toujours sous la barre des 3 minutes. Autant vous dire que, sans pour autant verser dans le Grindcore, le groupe va à l’essentiel, ne se perd pas en chemin, et tape direct là où ça fait mal.
« Devl » en particulier s’avère joliment bouillonnant. Assailli par les furieux assauts d’une Mahelia particulièrement remontée, l’auditeur a l’impression de se faire boxer par un marsupilami fulminant, sans doute atteint de la rage. Il y a un côté clairement cru, clairement sauvage dans cette première piste, qui mériterait en conséquence qu’on lui colle un sticker « Punk inside », en guise d’avertissement. Sur « Dinjà », en revanche, c’est le visage le moins évident de la formation qui nous est offert, celui-ci se montrant plus louvoyant, plus trébuchant, plus hérissé de piquants… autant de petits désagréments largement compensés par de magnifiques décors à l’indiscutable coloration subsaharienne.
« Tolona » est indiscutablement mon plus gros coup de cœur (… avec « Devl »), ce morceau évoquant le joyeux périple d’une bande de guerriers cherchant des noises aux malheureux passants croisant leur route. À noter que, tout comme « Dinjà » avant lui, le morceau contient quelques vocaux flirtant avec les bleuargleries extrêmes, ce qui accentue d’autant plus la véhémence de cette cuvée 2024. Puis « Velirano » nous emmène à nouveau sur des sentiers particulièrement accidentés, où l’on se fait malmener par des acupuncteurs sadiques poinçonnant malicieusement nos certitudes rythmiques. Une fois de plus, Mahalia s’y laisse aller à de furieux coups de sang, que seul le claquement rebondi de la basse permet d’adoucir un tantinet.
« Koaitra », nous en avions déjà parlé à l’occasion de la chronique de Bae Nosy, vous savez donc que le morceau est un habile mélange de secouage de bretelles et de dégringolades dans les collines de l’« Île rouge », le tout étant tempéré par une douce parenthèse contemplative donnant l’occasion d'admirer le sommet des baobabs s’embraser au feu du soleil couchant. L’aventure se termine sur les halètements des troupes de « Gena » qui, telles un seul homme, obéissent aveuglément aux harangues vindicatives de la lionne en poste derrière la guitare et le micro…
Que dire si ce n'est que la séance de shaker est grisante… et diablement courte ! Notez que l’énergie brute et autres galipettes rythmiques de ce Metal métis ne se contentent pas de nous ravir sur disque : la prestation du groupe donnée en juin sur la Hellstage de Clisson (où l’ensemble des titres, « Velirano » excepté, a été interprété) nous a prouvé par A + B que ce matos est également taillé pour faire du petit bois des planches que le groupe foule. Alors n’attendez pas qu’elle performe sur la façade de la Conciergerie lors des prochains JO, ou que ses échos résonnent dans la vallée, oh oh, pour découvrir au plus vite la Tribu de Tana’.
La chronique, version courte : et un EP de plus, un !, (le 3e en 4 ans) confirmant combien LohArano est un groupe rare et précieux ! Devl, aux 6 titres plus intenses et furieux que jamais, installe en effet le trio malgache encore un peu plus haut sur notre podium des secrets musicaux encore trop (quoique de moins en moins, à force de concerts et de sorties) bien gardés.
5 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 30/09/2024 à 10:50:39
Oh que ça m'a l'air bien ça !!
Crom-Cruach le 30/09/2024 à 18:20:47
C'est moi où la prod fait vieux punk ?
Crom-Cruach le 30/09/2024 à 18:23:23
Surtout sur "Dinja", le meilleur titre du EP.
cglaume le 30/09/2024 à 18:31:35
Ça sent clairement le punk !
el gep le 30/09/2024 à 19:13:55
AH ???
Ca m'intéresse ça !
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