Maïeutiste - Maïeutiste

Chronique CD album (76:22)

chronique Maïeutiste - Maïeutiste

Ce premier album de Maïeutiste est ce genre de disque qui renforce mon idée que j'ai toujours aimé le black pour sa capacité, plus qu'un autre style de metal, à se métisser. Death, indus, folk, prog... les exemples de réussites se comptent par centaines, et le genre en sort grandi. Nouvelle preuve flagrante avec cette sortie des toujours très inspirés Les Acteurs De L'Ombre.

 

Sur une base typiquement norvégienne 90's, essentiellement Emperor (sans les claviers), le groupe tisse une œuvre dense et riche en contrastes tout en arrivant à rester cohérente. Il ne s'encombre pas de préjugés et reprend fièrement le flambeau de ses aînés défricheurs de territoires musicaux vierges, DHG, Solefald, Arcturus ou encore Fleurety. Petit à petit, progressivement et intelligemment, Maïeutiste nous livre sa propre vision de l'art noir. Par touches légères dans un premier temps, au détour de chants clairs guerriers rappelant Falkenbach, ou un riff typé R'n'R, il nous plonge dans son univers épique, mystique et violent. C'est pour mieux nous y enfoncer. Rapidement, l'auditeur se retrouve dans des sphères rituelles et ambiant avec « Reflect / Disappear ». L'ambiance retombe avec le long et dispensable « Purgatoire », et son arpège de guitare acoustique répété pendant 5'30, qui n'apporte pas grand chose au propos. Mais c'est bien là la seule réelle faute de goût de cette pièce musicale. A mesure de l'écoute, on est embarqué dans un voyage nostalgique sur des rivages variés, post-rock, prog 70's, jazz. Même lorsqu'il verse complètement dans le doom avec la voix caverneuse et la rythmique lourde comme une cathédrale, sur « Lifeless Visions », il reste cohérent et le changement de style s'intègre parfaitement.

 

L'expérience proposée est véritablement des plus plaisante et la richesse des atmosphères fait passer l'ensemble sans difficultés. Mais à mesure des écoutes, se fait de plus en plus forte l'ombre des aînés, Immortal, Mayhem et Emperor en tête. A de nombreuses reprises, ces noms me sont venus à l'esprit, mais je le répète cela ne gâche en rien le plaisir auditif. De plus, malgré le soin apporté à la mise en place des arrangements, le mélange des styles sonne parfois artificiel, parfois plus proche de la juxtaposition que du réel brassage.

 

Le son est conforme aux standards du genre, lui aussi très typé 90's, glacé et raw, mais suffisamment clair pour permettre à tous les détails mis en place de s'exprimer.

 

En conclusion, ce premier album des lyonnais de Maïeutiste se révèle à la hauteur des ambitions affichées par le jeune groupe tant dans la composition que dans l’exécution. Il faudra cependant au sextet travailler plus à affirmer sa personnalité au niveau du riffing et également à pousser plus loin le métissage des genres. En gommant ces défauts de jeunesse, il y a fort à parier qu'il côtoiera les grands.

 

 

photo de Xuaterc
le 29/10/2015

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