Raintime - Flies & Lies

Chronique CD album (46:22)

chronique Raintime - Flies & Lies

Quand on tombe sous le charme de Mr Bungle et qu’on veut s'en faire des shoots supplémentaires une fois épuisées les seringues de leurs 3 albums, pas de souci: le dealer du coin peut toujours vous proposer un des nombreux élèves talentueux qui sévissent dans le registre, de Polkadot Cadaver à Vladimir Bozar en passant par Ilkhah. Par contre quand on craque sur Whourkr ou Into Eternity, dur de trouver un équivalent valable! Les recherches d’albums susceptibles d'approcher la folie du duo electro-bleuargl metal français ne conduisent bien souvent qu’à la découverte d'ersatz brutal cyber-gore machin à la qualité fluctuante, ou de placebos harsh noise bidibipesques pas toujours très digestes. Quand la question est de retrouver la puissance mélodique du death/heavy/black/prog des canadiens de Into Eternity, la quête est à peu de chose près aussi hasardeuse. Et pour tout vous dire, c'est cette recherche d’un Eldorado musical bis qui m’aura conduit dans les bras des italiens de Raintime, et plus précisément à leur 2e album « Flies & Lies ».

 

Alors, Raintime: impasse ou voie royale pour l'amateur d'Into Eternity? En fait, tout dépend si l'amateur en question place les canadiens dans le Top 5 des groupes les plus violents qu’il écoute, ou si celui-ci à l’habitude de se vautrer dans les gros décibels qui tâchent. Dans le premier cas, il y a de grandes chances que Raintime l’emballe. En effet, pour faire court, Raintime c’est – je cite le groupe:
« l’esprit melodeath d’In Flames, l’énergie neo metal de Trivium, le power metal d’Evergrey, et l’agression moderne de Children Of Bodom ».
Cette description est ma foi assez juste. « Flies and Lies » dégouline en effet de mélodies Götebourgeoises … Mais leur côté fortement poppy fait plus souvent penser au Arch Enemy dernière mouture (écoutez « Tears of Sorrow » ou « The Black Well ») ou – donnons leur raison sur ce point – au In Flames next gen', qu’à du At The Gates ou du vieux Dark Tranquillity. Un certain côté « d’jeunes ricains trop vénères » fait également partie des ingrédients, les alternances chant clair / chant extrême éraillé rappelant parfois les gesticulations metalcore méchues (notamment sur un « Apeiron » assez putassier, et un « Rainbriger » mieux ficelé). Le « power metal » (dans son acceptation américaine, pas dans le sens qu’on lui a donné en France lors de l’arrivée des Pantera, Machine Head et autre Skinlab – qui, eux, pratiquent le « groove metal ») est quant à lui l’élément principal de la musique des italiens. Que ce soit ce chant clair – quand il ne prend pas une tonalité adolescente trop metalcore – pouvant partir dans des pics aigus héroïques (sur « Matrioska »), ces grandiloquences symphoniques tartinées en généreuses couches de clavier, ces mélodies chaudes et sucrées ou ces chœurs Blind Guardianiens (sur « Another Transition »): on nage plus souvent en eaux heavy metal que dans les abysses du metal extrême. Pour finir, les vocaux extrêmes ayant tendance à se blackiser sur certains passages à l’esprit plus rock – mais néanmoins toujours agrémentés de l'infatigable clavier d'Andrea–, on pense effectivement parfois à la bande à Alexis L. (cf. le début de « Rainbringer »).

 

 

Et au final le résultat sera très enthousiasmant pour peu que vous ne répugniez pas à patauger joyeusement dans le chamallow musical le plus rose et le plus collant qui soit. Parce qu’avec ce synthé-barbe à papa qui réduit souvent l’impact et la violence des passages métalliques avec autant d’efficacité qu’un marteau en caoutchouc ramène Thor au rang d’aimable animateur du Parc Astérix, avec ces vocaux qui tombent régulièrement dans le glam / hard FM le plus cheesy (au hasard « Tears of Sorrow ») et ce slow aussi sirupeux que du nectar de fraise Tagada coupé au Nutella fondu (l’atroce « Finally Me »), il faut avoir l’estomac solide. Heureusement tout cela est contrebalancé par des morceaux qui passent bien mieux, de « Flies and Lies » à « Rolling Chances » en début d’album, au chouette final « Another Transition » / « Matrioska », ce dernier étant une conclusion idéale en forme d’épopée grandiose – mais un poil « too much » aura-t-on tout de même tendance à penser. A noter aussi une sympathique reprise un poil métallisée, – et même metal-extrêmisée par moment! – du « Beat It » de Michel Jackson, un peu entachée cependant par une impression de redite, les grecs d’Inactive Messiah s’étant déjà livrés au même exercice un an plus tôt.

 

 

Vous l’aurez compris mon impression est mitigée. Si l’album contient une grosse poignée de bons titres et qu'il s’écoute très facilement, on a parfois l’impression que c’est justement un peu trop facile, l’épaisse couche de sucre enrobant « Flies & Lies » nous empêchant de profiter pleinement et objectivement des compositions du groupe. Sans le synthé, sans les écarts metalcore opportunistes et avec une composante metal extrême plus virulente et moins reléguée au rang de vernis couillificateur, Raintime aurait de quoi affoler furieusement les radars des fans d’Into Eternity, ainsi que ceux – élargissons un peu le propos – des amateurs de metal extrême mélodique. Mais au vu de la teneur de « Psychromatic », 3e album qui vient de sortir dans les bacs, et des groupes ayant partagé la scène avec les italiens (Royal Hunt, Secret Sphere, After Forever … quand Into Eternity tourne avec Cephalic Carnage ou Hate Eternal!), on peut prédire qu’il y a peu de chance que cela arrive dans un avenir proche … « Flies & Lies » sera donc à absorber en priorité en cas de crise d'hypoglycémie métallique ...

 

photo de Cglaume
le 08/08/2010

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