Melted Bodies - The Inevitable Fork

Chronique CD album (1:08:02)

chronique Melted Bodies - The Inevitable Fork

Enfin !!!

 

C’est qu’après le maxi-youpi provoqué par Enjoy Yourself (un bon gros 9,5/10, à la rentrée 2020), on attendait avec une impatience vorace l’album de la confirmation. Et la fébrilité des fans de s’être trouvée décuplée par l’excellent The Inevitable Fork vol.1 (avis du jury : 9/10), EP livré deux grosses années plus tard. En 2023, un été encore balbutiant nous dévoilait The Inevitable Fork, Vol. 2, EP abritant 4 titres complémentaires laissant là encore entrapercevoir de belles perspectives d’avenir (… quoique plus sombres, plus tourmentées, et ne récoltant plus qu’un 7,5/10).

… Il était donc plus que temps que les Melted Bodies dégainent la 3e dent de cette fameuse fourchette (« fork », en anglais), sous peine de voir les fans exaspérés par cette attente interminable utiliser ledit ustensile pour s’automutiler, extraire à la dure la molaire branlante de Papy Jeannot, ou manifester leur frustration de mille-et-une autres façons tout aussi spectaculaires mais décidément peu compatibles avec les standards éthiques de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

Mais cette fois ça y est, il est là ! The Inevitable Fork, sans suffixe cette fois. Un joli bouquet de compos (20 !) regroupant les huit titres livrés en éclaireurs par le biais des deux précédents EP, plus 5 compos inédites, auxquelles ont été ajoutés 7 intermèdes constituant un fil rouge déroulé par Angela Seo, la chanteuse / claviériste / percussionniste du groupe Xiu Xiu (… moi aussi, je découvre : on est donc au moins deux). Puisqu'on cause d'Angie, petite info au passage : la dame a officié en tant qu’adjointe à la santé publique du Bureau de Gestion du Cannabis du comté de Los Angeles (véridique). Il semblerait que cela ne soit en rien lié à sa participation à l'album. OK. M'enfin quand on peut joindre l’utile à l’agréable, hein…

 

Que donne donc ce gros bloc de musique trublionnant en dehors des sentiers battus ? Premier constat : la course stylistique du groupe s’incurve selon une logique que la succession des deux EP précédents pouvait laisser deviner. Au long de cet ample virage, le groupe a en effet tendance à abandonner progressivement le Nawak Metal pur et dur qui caractérisait une bonne moitié de son premier album, et à replacer ses pions sur des cases plus rageuses (il y a clairement du Punk chez ces gens-là), plus noisy, plus Indus (on pense plusieurs fois à Ministry sur les nouveaux titres), mais également plus technoïdes (comme si Ben avait pris du galon côté composition). On sent par ailleurs que le groupe est plus que jamais fan de Metal extrême. Car le millésime 2024 sonne régulièrement Death (on savait déjà que « The Hot Dog Contract » avait du Cannibal Corpse à revendre, et ça se confirme sur « Bloodlines »), voire même Grind (... quasi, sur « Wrath of the Files »). Sans compter quelques touches BM (cf. la blasterite aiguë à 1:20 sur « Bloodlines »).

 

… Pour autant, ne grimace pas trop vite, ami(e) aux oreilles sensibles. Car les Melted Bodies savent que la claque est d’autant plus violente qu’elle a été précédée d’un gros poutou trompeur sur la joue. Ceci explique ce recours régulier à des passages presque poppy, qui culminent sur « Talk Some More About It », divagation ouatée et automnale ayant tout de la réponse 2024 à « Helplessness » (cf. Enjoy Yourself). On y croise des papillons, des « Whou-ouh-ouh », ainsi que la voix vaporeuse d’un David Bowie évoluant en plein rêve éveillé. Le groupe a par ailleurs parfois recours à de l’Indus plus dansant, plus bariolé, ainsi qu’il nous est proposé en guise d’aurevoirs sur « Something is Wrong ».

 

Ça rigole moins, donc, sur cette piquante fourchette. Ça griffe, ça sature, ça pique les chairs et balance des décharges dans les parties sensibles. Tout en usant sournoisement de la main gauche pour caresser dans le sens du poil notre inclination pour les belles mélodies (… la plupart du temps, du moins), et en capitalisant sur notre penchant naturel pour les beats maousses qui biflent impitoyablement.

Par ailleurs, point vital qu’il ne faut surtout pas oublier, surtout si l’on a zappé les EP : on trouve sur cette tracklist des putain de tueries définitives. Parmi lesquelles la folie « Liars », les louvoiements savants de « State of Mind », le rampant « The Avalanche » (… il m’aura fallu du temps pour rentrer véritablement dedans), le trépidant et irrésistible « Think Safe », ainsi que l’incontournable et bonnardissime « Therapy ». Auxquelles on se permettra dorénavant d’ajouter « Bloodlines ».

 

Alors certes, vu qu'on-se-dit-tout-on-ne-se-cache-rien, vous aurez compris que votre interlocuteur ressent une petite frustration. Car la majorité des frissons coquins procurés par The Inevitable Fork provient de titres déjà présents sur les EP – le premier, notamment. Et puis tous ces interludes sont autant de coups de sonnette à la porte ponctuant une torride partie de jambes en l’air : avec un peu de concentration, on peut en faire abstraction, mais ce serait quand même mieux sans. Bref : le paquet-cadeau est certes volumineux, mais une fois déballé, les surprises heureuses sont moins nombreuses que prévu…

 

Sauf que considéré objectivement, en éludant 1) les fameux interludes, 2) le spoil induit par les deux EP, 3) et un retrait certain de la nawakophonie, on ne peut qu’admettre que The Inevitable Fork est lui aussi un album novateur, passionnant et générateur de délicieuses palpitations auriculaires. Il mérite donc toute votre attention, votre support… et votre sueur (important, ça, la sueur !) !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : « Melted Bodies II – La confirmation ». Regroupant les deux EP sortis en 2022 et 2023 au sein d’une grosse pochette-surprise de 20 pistes (…dont seulement 13 vraies compos) tirant cette fois plus sur l’Indus / Punk / Noise / Electro que sur le Nawak Metal pur et dur, The Inevitable Fork enfonce méchamment le clou. Ou plutôt la fourchette. Tout en affirmant haut et fort qu’il ne faut pas enfermer trop vite le groupe dans la case des trublions systemofadowniens : ces Américains ont bien trop de personnalité pour tolérer ce genre de catégorisation au lance-pierre !

photo de Cglaume
le 15/10/2024

5 COMMENTAIRES

papy_cyril

papy_cyril le 16/10/2024 à 17:19:45

faut qu'il arrêtent avec leurs pochette qui font peur....

cglaume

cglaume le 16/10/2024 à 18:24:07

Vous êtes sur un webzine Metal & co Monsieur 😁

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 16/10/2024 à 19:57:24

@papy_cyril : AH NON CERTAINEMENT PAS !

noideaforid

noideaforid le 31/10/2024 à 23:20:54

Un album dentesque ! 

cglaume

cglaume le 01/11/2024 à 11:07:40

Carie-ment !!

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