Mr. Bungle - Disco Volante

Chronique CD album (1:08:45)

chronique Mr. Bungle - Disco Volante

Les requêtes du Prêtre Nawak (ou comment sournoisement détourner les clauses d'exclusivité naïvement signées par notre léporidé glaumesque au sein de son ancien terrier) – Épisode 2

 

Vous vous en étonnerez sûrement de me voir signer cette présente chronique dans le sens où Mr. Bungle, c'est LE candidat de plume glaumesque par excellence. Eh bien, figurez-vous que même s'il aurait sans doute bien voulu la faire, le pauvre est pieds et mains liés dans le sens où il est encore emprisonné des chaînes de son ancienne crèmerie qui lui a fait signé à l'époque une clause d'exclusivité. Sous la torture, vous vous en doutez bien. Et comme il y a tout un panel d'autres groupes dans ce même cas de figure, il est possible que la série s'étende sur d'autres croustillades dans le futur. C'est donc Bibi, sous la gentille demande du prêtre Nawak en chef, qui se doit de rectifier l'absence du triptyque discographique de la toute première troupe de Mike Patton, ayant vu le jour bien avant son intégration au sein de Faith No More, dans la base du site. Si honorée aurais-je dû me sentir, je dois bien admettre avoir comme une petite vague de haine, toute en cordialité. Et pour cause, traiter de Mr. Bungle – à l'instar de Faith No More d'ailleurs – pour moi, c'est comme ouvrir une boîte de Pandore. D'où le fait que je ne peux me résoudre à les noter, ni même d'en parler avec beaucoup de recul, d'objectivité ou quelconque approche critique dite « journalistique ». Et puis merde, fuck la conscience professionnelle, ce n'est pas comme si ça allait me garnir le compte en banque après tout !

 

Dico Volante, Disco Volante, Disco Volante... Mais quelle plaie je vous jure ! Même le lapin n'en menait pas large à l'époque. Parce que si entre son grand frère éponyme et les deux opus de Faith No More sortis entre temps, Angel Dust et King For A Day..., montraient que Patton avait des choses bizarroïdes au fond de sa caboche, on se dit lorsque l'on découvre ce second opus de Mr. Bungle que l'on avait finalement rien vu. C'est que le monsieur devait se sentir quelque peu trop confiné au sein de Faith No More, quand bien même il a eu loisir de lui apporter quelques étrangetés. Ce qui a fini par lui faire commettre l'irréparable : convier ses vieux potes de lycée de son premier groupe afin de se défouler dans une folle partouze musicale afin de nous pondre aux travers des vapeurs lubriques ce présent Disco Volante complètement décomplexé où l'on sent pertinemment que toutes les soupapes artistiques ont pété leur durite.

 

Parce que Disco Volante, comme son nom le laisse présager, c'est un peu la rencontre du troisième type. Voire du quatrième ou cinquième. Et vraiment, durant les années 90, décennie qui s'appliquait quand même pas mal à rester dans les conventions musicales, nous n'étions clairement pas prêts. A la limite, un tel opus serait sorti durant les années 60/70, bien plus débridées artistiquement parlant, la pilule serait sûrement passée plus facilement. Parce que de conventions musicales, il faut complètement s'en affranchir : l'intérêt de la manœuvre ne tient pas du musical mais de l'exercice de styles artistiques. Oui, avec un bon gros S. En cela, on placera davantage Disco Volante aux côtés des étrangetés de Zappa et de Zorn.

 

Les premières écoutes sont pour le moins... déstabilisantes. Doux euphémisme. Une fois encore, ça brasse large niveau des styles, ça passe du coq à l'âne, là, comme ça, sans prévenir. Mais contrairement à son grand frère qui parvenait à rester dans la musicalité, on perd pour celui-là toute la structuration de la manœuvre. Tout en réussissant à conserver ce truc qui fait qu'on reconnaît toutefois Mr. Bungle tout de suite : sa substance, sa voix, ses cuivres... C'est que le combo n'a pas perdu de son côté fanfaron (« Chemical Marriage », le final de « Merry Go Bye Bye ») ou de sa bonne humeur profondément malsaine (« After School Special », « Ma Meeshka Mow Skwov »). Juste qu'il se montre cette fois bien plus schizophrène : tantôt il reste dans des choses plus « normalisées », tantôt il part dans le grand n'importe quoi bruitiste SF tel les expérimentations narratives sonores que l'on pouvait entendre lors d'émissions de radio durant les années 60/70's (« The Bends »), telle celle qui avait occasionné la panique de la population américaine qui pensait réellement que le pays se faisait vraiment attaquer par une invasion extra-terrestre. Ou encore en espèce de grandes jams blindées de breaks et changements de styles jusqu'à la moelle (« Carry Stress In The Jaw »...) et ce, sans forcément s'emmerder à y mettre de transitions (« Backstrokin' » et sa coupure nette avant de passer sur sa conclusion totalement dépareillée notamment). Sans parler du chant s'avérant souvent aussi expérimental que la musique, montrant à quel point l'organe vocal de Patton est une véritable bénédiction divine tant il ne semble avoir aucune limite dans tous les sons qui peuvent en sortir, sans forcément avoir recours aux effets, ni même d'usiter de mots d'ailleurs (« Ma Meeshka Mow Skwov » pour ne citer que lui).

 

Voilà pour l'idée générale du bousin, évidemment complexe à appréhender à l'écoute. D'autant plus qu'il s'étale sur la longueur (pratiquement 1h10), difficile donc de suivre une telle déferlante. Et pourtant, même si l'accroche musicale n'est pas forcément son point fort, Disco Volante parvient à nous vomir de jolis moments de bravoure véritablement irrésistibles tel « Desert Search For Techno Allah » et sa véritable transe digne d'une rave party au milieu des dunes du Moyen-Orient, ou encore « Violenza Domestica », entre tragédie théâtrale, cinématographique – l'aspect « musiques de films » étant très fortement représenté, tel un Fantômas avant l'heure – sous fond de musique napolitaine narrée en italien. Peut-être la première fois que Patton nous montre son amour pour cette langue que l'on retrouvera davantage dans certains autres de ses projets futurs.

 

Pas mal d'investissement à y consacrer afin de le cerner et le digérer donc. Mais une fois les efforts faits, le jeu en vaut clairement la chandelle tant il y a énormément de choses intéressantes qui en ressortent, d'atmosphères qui s'enchaînent tel un kaléidoscope fascinant. En revanche, pour le profane, certainement le dernier album de Mr. Bungle sur lequel se pencher tant l'accessibilité d'un California – que l'on peut limite considérer comme son total antagoniste – et le côté plus structuré de l'éponyme permettent de se plonger bien plus facilement dans la marmite.

photo de Margoth
le 29/04/2018

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 29/04/2018 à 09:19:54

Qu'est-ce qu'elle est classe cette pochette.

cglaume

cglaume le 29/04/2018 à 10:43:50

Tout pareil d'accord que la dame

le botch

le botch le 29/04/2018 à 14:57:11

Un album à écouter tranquillement, déguisé en lampadaire, une coupe de banana split à la main, tout en chevauchant un cheval jaune avec une énorme tête de François Hollande !!!

cglaume

cglaume le 29/04/2018 à 15:22:10

Ha Ha, c'est exactement ça !! ^^

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