Mutagenocide - Devolve

On pourrait croire, mais non: malgré des actualités concomitantes, aucun rapport entre le retour des Tortues Ninjas au cinéma et la sortie du 2^e EP des Teenage Mutagenocide Turtles. D’autant que s’il fallait leur trouver un coin où crécher dans la grande ménagerie du metal, ces petits anglais finiraient derrière les barreaux de la cage aux Pantera plutôt que dans le bac aux tortues et autres reptiles. Ou alors dans l’enclos des moutons sacrés, le groove metal réactualisé de nos amis les rapprochant sans doute encore plus de Lamb of God.

Bon alors « groove metal », oui, parce que ce riffing percutant très axé rythmique et issu du thrash, tout comme ces vocaux vindicatifs corement aboyés rappellent les combats menés par Phil Anselmo et ses amis félins. Et le grain abrasif et compact des guitares en rajoute une couche dans ce sens. Sur le monolithique « Remeron Nightmares », c’est assez frappant (les emprunts à « Walk » y sont d’ailleurs un peu trop évidents si vous voulez mon avis). Mais ce n’est pas tout. Car la dynamique occasionnellement syncopée des guitares et les légers décalages rythmiques (tiens, sur « Entombed & Swallowed ») nous ramènent à l’ère post-Meshuggah de l’Histoire du Metal. Et puis un morceau comme « Half-Born » sent le At The Gates à plein nez. Sans parler du vernis mélo-metalcore léger qui englue les Pantereries de « Wretched ». Et puisqu’on y est à jouer à « Où j’ai déjà entendu ça tiens? », signalons le passage purement Trepaliumesque à 1:14 sur « Devolve ».

Bref, grosse patate death/thrash groovecorisante + mélodies dodues ⇒ outre Lamb of God, ces 6 titres renvoient également à Hatesphere.

...Ce qui n’est pas un mal, et souligne bien l’aspect rentre-dedans / in your face / vas-y-balance-tes-riffs-on-lui-bloque-les-bras-et-les-jambes de la musique de nos 5 outremanchiens. En plus ça joue bien carré comme il faut, quelques pauses plus calmes sont ménagées de ci de là pour nous laisser le temps de ramasser nos molaires (au début de « Entombed & Swallowed » comme en 2^e mi-temps de « Half-Born ») et la prod’ renforce méchamment l’impact du pavé qui nous est balancé en travers de la bobine (…l’inconvénient de ladite prod' étant le manque certain d’une touche organique qui, en dehors des opus cyber metal ou indus, est pourtant la bienvenue).

Pas révolutionnaire la musique de Mutagenocide donc, mais efficace, musclée, revancharde, et – donc – idéale pour canaliser les envies de taper sur l’ado à T-shirt Rihanna et aux tifs pleins de gel qui vient de s’essuyer les pieds sur votre fut’ en rejoignant sa place dans le bus…

La chronique, version courte: c’est l’histoire de 5 anglais fans de Pantera et d'Hatesphere mais solidement ancrés dans leur époque (2014 - précisons pour les Hibernatus de l'assistance) qui proposent un 2^e EP bien rentre-dedans. 0 révolution en marche, 0 prise de tête, 0 surprise, mais 0 raison de se plaindre du côté de l’auditeur.

Cglaume

le 31/10/2014