Nine Treasures - 十丈铜嘴 (Arvan Ald Guulin Hunshoor)

Chronique CD album (31:02)

chronique Nine Treasures - 十丈铜嘴 (Arvan Ald Guulin Hunshoor)

Ça commence à faire une sacrée grosse poignée d’années maintenant que l’ouverture de la tambouille métallique de base à des éléments « sandales, biniou & peaux de bêtes » a donné lieu à l’émergence d’une scène pagan-folk-Flûte-de-Pan metal de plus en plus conséquente. Les frontières de cette chapelle ne sont par contre pas des plus distinctes vu que celle-ci fricote aussi bien avec le black à runes qu’avec le thrash des bois, le prog druidique et toutes ces musiques diffusées lors des Fêtes de la Cervoise et autres kermesses satanistes. De nos jours, le phénomène a grossi à un tel point que certains de ses spores sont parties ensemencer des terres pas franchement connues à la base pour leur pratique de la cornemuse ou de la bombarde. D’où, par exemple, Tuatha De Danann et son metal gaélique do Brasil. D’où – parce qu’à un moment donné il faut bien retomber sur le sujet de la chronique en cours – Nine Treasures, groupe de thrash celtique de Mongolie-intérieure (région autonome de Chine, comme le Tibet – à ne pas confondre avec la Mongolie tout court, donc). Et vive la mondialisation et le libre échange des marchandises culturelles !! (Rhââ, Madelin, sors de ce corps !!)

 

十丈铜嘴 - Arvan Ald Guulin Hunshoor est le premier album de nos amis des confins asiatiques. Et s’il est vrai que tout n’est pas nickel chrome sur cet opus, ça fait quand même tout drôle de ressentir à son écoute des sensations que l’on n’avait plus éprouvées depuis les premiers Skyclad – oui, OK, vous avez raison de tempérer ces fougueuses ardeurs: il est vrai que, contrairement à mon collègue Crom-Cruach, je ne passe pas non plus mes week-ends en pagne à écouter des CDs d’Assurancetourix Metal, dans ma cabane dans les arbres. N'empêche, tiens: utilisez-donc un peu le lecteur mis à votre disposition à gauche de la chronique pour vous écouter « 神秘之力 - Nuutshai Chadal ». Vous allez voir: ça dépote, les guitares hachent menu, le morin khuur (hop, wikipedia) virevolte comme le violon des « Waywards Sons of Mother Earth », la balalaïka rajoute une touche Grand Est Sauvage, et vas-y que ça cavale à travers les steppes! Par contre c’est vrai qu’en lieu et place du chant profond et buriné de Martin Walkyier, les vociférations de pochtron imbibé d’alcool de riz émanant d’Askhan demandent un temps d’adaptation… Avant que, finalement, ces éructations de rude montagnard ne s’intègrent au décor comme une touche supplémentaire et bienvenue d’authenticité, ceci d’autant plus que la langue utilisée pour l’occasion est le Mongol.

 

Bon, c’est vrai: l’enthousiasme provoqué par cette petite pépite des yourtes est un peu tempéré par les gros sabots de « 骑兵 - Morit Tsereg », et plus encore par un « 英雄 - Baater » monotone et raplapla. Mais ces 2 petites fautes de casting ne pèsent  finalement pas si lourd que ça dans l’appréciation global de十丈铜嘴- Arvan Ald Guulin Hunshoor. C’est qu’on n’en revient pas d’y trouver d’aussi bonnes occasions de s’en aller folker joyeusement de par les routes métalliques (« 十丈铜嘴- Arvan Ald Guulin Honshoor »), de s’y envoyer une telle couche de Loup, de Renard et de Belette mongolo-bretonisante (« 娜明达- Nomin Dalai ») et de s’y épancher le gosier au cours d’un banquet aussi festif que la plus youpla des fest-noz ou le plus houblonneux des Oktoberfest d’Outre-Rhin (« 吆呼尔- Yoohor »). Non c’est vrai: même l’intro évite l’écueil de l’instrumental boursouflé et inutile dans lequel tombent tous les groupes de peu d’expérience, « 圣赞 - Tenggerlig Tool » dégageant une douce world-mélancolie toute en exotique sobriété.

 

Pour finir en beauté (...mais peut-être aussi sur un poil de dispensable facilité), Nine Treasures nous propose une reprise du « For Whom The Bell Tolls » de Metallica – qui, dans cette configuration, peut rappeler de loin les fanfarons de Pastors of Muppets , puis sur une version instrumentale (karaoké ?) de leur tube « 神秘之力 - Nuutshai Chadal » – des fois que vous n’ayez pas réussi à digérer le chant de vieux yak bourru d’Askhan. Ce qui, au final, donne quand même à l'opus de faux airs d'EP à rallonge plutôt que d'album en bonne et due forme.

 

OK, par certains côté十丈铜嘴 - Arvan Ald Guulin Hunshoor fait assez « roots », le mix (du chant notamment) aurait pu être un petit poil meilleur, et une paire de morceaux s’avèrent un peu moins tripants que la moyenne. Mais il est quand même assez incroyable de voir un album de metal « celtique » aussi frais et enthousiaste – et « bon », aussi, bordel! – débarquer de contrées pour le coup aussi franchement improbables. Et dire que la Chine et ses régions satellites doivent à tous les coups en avoir encore d’autres comme ça sous le coude: vivement que tout ça arrive jusqu’à chez nous! En attendant il nous reste à découvrir Nine Treasures, le 2e album éponyme du groupe, qui est sorti tout juste un an après celui-ci. On vous en reparlera!

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: même les plus routards des lecteurs de CoreAndCo n’ont sans doute encore jamais participé à un fest-noz dans une yourte mongole. Eh bien c’est le moment ou jamais, Nine Treasures proposant – je vous la fais en 2-3 mots pour faire court – une version festive et extrême-orientale des débuts de Skyclad. Si si, c’est possible…

photo de Cglaume
le 28/02/2014

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 28/02/2014 à 12:35:50

Nom d'un ptit Gengis, c'est pour moi ça !! Surtout quand Skyclad est évoqué avec amour. Steppes by steppes apparemment...
Et oui, je confirme ma cabane a tout le confort : même un cellier pour faire sécher les peaux de lapins fraichement équarris.

Tookie

Tookie le 01/03/2014 à 09:24:08

Le chant mais fait vriller, ça ressemble bien à des éructations de vieux poivrot...
Mais le reste est bien sympa, disons que ça change de la scandinavie !

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