Nucleus - Sentient

Chronique CD album (37:55)

chronique Nucleus - Sentient

Parfois, bien que la forme du paquet cadeau semble clairement indiquer que celui-ci contient une bouteille de jaja, quand on arrache enfin le papier et défait l’emballage, on n’y trouve qu’une pauvre clé de 12, voire un porte-clés Pikachu. Ça ne vous est jamais arrivé? Veinards! En tous cas c'est typiquement ce qui se produit avec Sentient, le 1er album de Nucleus. Honnêtement, quand vous voyez une pochette dessinée par Dan Seagrave, un logo à cheval entre ceux de Voivod et de Nocturnus, et une voûte cosmique sous laquelle s’activent d’antiques aliens semblant tout droit sortis de l’imagination de Druillet, vous pensez à quoi vous? A du Metal extrême de l’espace, voilà. Et ça tombe bien, le groupe confirme nos espoirs en se réclamant d’Atheist, et en prétendant écrire des textes dans une veine purement SF – Asimov, Clarke et Herbert étant bien mis en avant dans les informations promotionnelles.

 

« Chouette, on va se faire corno-fulgurer les oreilles à coups de spatio-growl et de guitares supraluminiques!!!! » se dit le candide enthousiaste...

 

Mouais. Sauf que si on lit bien les petites lignes du bas du contrat, on s'aperçoit que le Death Metal des américains est qualifié de « tordu » et « bizarre ». Et on découvre que nous sont également livrés en pâture les noms de Timeghoul et Demilich – dont on devrait bien sûr maîtriser parfaitement les discographies, en chroniqueur omniscient que nous sommes. Sauf que non.

 

Du coup on aurait tendance à salement tirer la tronche à l'écoute de ces 9 titres de Death sombre, occulte, abrasif et épais, tantôt rampant, tantôt véhément. Plutôt que de voir filer l’Enterprise à travers les étendues infinies, quand on s’enfile Sentient dans le scaphandre, ce qu’on discerne ce sont des copeaux de metal rouillé baignant dans une purée de pois cosmico-méphitique. Ambiances oppressantes, sombres présages, entités malfaisantes en embuscade, promesses d’apocalypses intergalactiques: le groupe se plait à nous maintenir dans un inconfort menaçant, en brossant l'auditeur le plus à rebrousse-poil possible, en usant de dissonances retorses, et en prenant bien soin de toujours laisser un bâton vicieux enrayer la bonne marche des rouages rythmiques.

 

Non vraiment on a l’impression que le groupe a fait sien l’adage:

« Toujours les chemins de traverse sinueux et accidentés tu emprunteras,

toujours les larges autoroutes du Metal in-your-face tu éviteras »

 

En lieu et place d’Atheist et Nocturnus, c’est donc plutôt à Solekahn, Immolation ou à un Morbid Angel débordant de l’énergie crue-mais-déjà-malsaine des débuts que Nucleus nous fait penser… Et vous me direz, on fait pire comme comparaison! C’est vrai. D’ailleurs, soyons honnête: malgré la course tourmentée qui le voit traverser vapeurs sulfureuses et amas de corps spectraux à l’abandon, le groupe réussit à jongler adroitement avec mélodies, « groove » (guillemets quand même) et une certaine majesté. Ce qui parvient à nous titiller durablement l’intérêt. Par contre si vous espériez assister ici à une débauche de technique qui défrise, sachez que c’est plus dans les méandres tortueux que le groupe aime faire ses preuves. On tape donc plus dans la famille Gorguts que dans les flamboyances Atheisto-Deathiennes (… tiens d’ailleurs: c’est un hommage neurasthénique à « Spirit Crusher » ce riff dans « Extirpate »?).

 

Maintenant si l’on s’en tient aux 9 morceaux livrés, c’est quoi donc le bilan qu’il faut tirer, dis bouffi? Eh bien si le début d’album tient franchement bien la route (mention spéciale au très bon « Swarm »), il faut reconnaître que l’on se fait ensuite assez vite suer. Car c’est bien connu, le résultat de l’opération (« dark » + « hermétique ») * vicieux, qu’on l’effectue en hexa, en binaire ou en base 10, c’est souvent « terne », voire « chiant ». Et malheureusement cette vérité se trouve une fois de plus vérifiée ici, les lourdes pauses Doom léthargiques qui apparaissent à intervalles réguliers ne faisant rien pour alléger cette gluante impression.

 

Alors certes, les ambiances sont réussies, on frissonne dans la solitude du caisson de sommeil artificiel, on frémit dans l’œil du trou noir, on admire certains astres imposants, mais au final on n’a qu’une envie: s’en retourner sur la terre ferme écouter du bon Death direct qui envoie de l'astéro-hache à la douzaine. Du coup, Sentient ce sera surtout Sans-moi

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: malgré des atours trompeurs qui semblent crier « Nocturnus » et « Voivod » à l’attention de nos oreilles de vieux fans de Metal de l’espace, sur Sentient ce que Nucleus propose c’est un Death rampant et ambiancé qui se complait dans des méandres crapuleux rappelant Solekahn et Immolation. Sur le papier ça pourrait être intéressant, mais dans les faits on finit vite par s’emmerder… 

photo de Cglaume
le 18/04/2016

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