Nudist - INCOMPLETE

Chronique CD album (41:16)

chronique Nudist - INCOMPLETE

Malgré un nom de groupe plus qu’évocateur - Nudist - ces Italiens versent davantage dans le post-metal et le sludge rampants que dans la lambada débridée en plein été. Mais se démarquent-ils des nombreux autres groupes officiant dans ce registre ? A vous de juger. Sachez d’ores et déjà qu’il vous suffira de 6 titres (sur la version Bandcamp) seulement pour vous faire une idée, mais qu’il vous faudra néanmoins parcourir tout l’album, car évidemment, si nous portons notre attention sur « Incomplete », c’est parce que cet album offre une certaine richesse de compositions. En effet, si l’ensemble s’avère cohérent de bout en bout, les titres qui composent cet opus se montrent variés, les uns par rapport aux autres, mais aussi, au sein même d’un même titre. Cette richesse permet d’enchaîner les chansons avec une fluidité fort confortable pour l’auditeur.


Voyez plutôt : « Roped and tied » annonce la couleur d’entrée de jeu, après une courte intro. 7 minutes pour s’installer dans une ambiance aux codes bien définis : long, lourd, lent. La règle des 3L. Ligne de basse ronronnante, coulées de lave servies par des riffs aiguisés comme des lames de fond en fusion, plaintes enragées. On se trouve en terrain connu. Trop, peut-être pour crier au génie. Ça fait le job, mais ça n’invente pas le fil à couper l’eau chaude. Pourtant, tout y est : les ruptures, les envolées telluriques, les larsens de bon aloi, et même des mélodies bien malsaines. On se laisse donc bercer par ce titre d’ouverture, et c’est au second qu’on commence à comprendre qu’il convient de fouiller avec davantage d’attention l’opus pour en extraire toute la moelle. En effet, « River Part 1 » se montre davantage bondissant, avec une ambiance plus saccadée. Le chant explore d’autres territoires, tout en gardant sa démarche rampante, la basse apportant un certain groove assez insensé. Evidemment, ce titre s’enchaîne à merveille avec sa seconde partie, « River part 2 », qui va titiller des contrées occupées par des groupes comme Cult of Luna ou Obscure Sphinx. Calme, éthéré, avec une ligne de chant cristalline. Avant de lâcher les vannes, bien entendu. Les portes de l’enfer par lesquelles se déverse tout le fiel qui sied à ce genre musical. Neurosis est évidemment passé par là. Nudist y trouve là un parfait équilibre entre trouées de respiration où flotte une menace, et explosions cathartiques. En résumé, nous en sommes déjà à la moitié de l’album et le groupe nous a déjà baladés sur plusieurs routes différentes quadrillant et lacérant le même paysage désolé.


La seconde moitié de l’album exploite tous les ingrédients utilisés jusque là pour servir 3 autres chansons apportant chacune sa pierre à cet édifice aux multiples facettes. Ainsi, « Demolition » se veut à la fois groovy, entraînant, presque, mais tout aussi enragé dans sa forme introspective. On notera la ligne de basse que ne renierait pas Godflesh. La transe se voudrait presque épileptique. « Crawl in me » porte bien son nom : le titre se traîne sur le sol, griffe la terre à s’en retourner les ongles, se contorsionne dans sa fièvre. Tandis que le titre de clôture, qui donne son nom à l’album, apporte la fraîcheur éreintée du bout de la route, avec son intro acoustique, égayée par de timides violons. Sa progressive montée en puissance sonne comme une élégie, idéale pour boucler la boucle.

Nota bene : l’album se vend à prix libre sur Bandcamp. Laissez-vous tenter sans vous ruiner.

 

photo de Moland Fengkov
le 04/02/2021

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