Obsolete - Animate//Isolate
Chronique CD album (35:09)

- Style
Tech-Death/Thrash virulent mais mélodique - Label(s)
Unspeakable Axe Records - Date de sortie
19 avril 2021 - Lieu d'enregistrement Friends of Friends Studio, Signaturetone Recording & City Sound St. Paul
- écouter via bandcamp
D’habitude ce n’est pas ainsi que les choses se passent. Le blaze du groupe est plutôt censé être Quantum Explosion – ou quelque-chose dans le goût – et la pochette montrer une navette spatiale en train de se faire désintégrer par le souffle d’une supernova. Notez que ça peut également passer avec un nom comme Meta-Architectural Nightmare posé sur une représentation absconse, du genre, tiens: la projection d’un hypercube dans un sous-espace algébrique complexe. Mais Obsolete ? Arboré sur un artwork constitué de fleurs [re/dé]colorisées, qu'on croirait une version psychédélique du Orchid de Opeth ? Comment voulez-vous que le pékin moyen comprenne qu’il s’agisse là de Metal extrême hautement technique, et non de Dandy Dark Metal baroque ? Appelez-moi le responsable comm’ d’Unspeakable Axe Records sur le champ, que je lui rappelle les bases !
Mais chez les Américains dont il est ici question, l’insolite ne réside pas uniquement dans cet emballage inattendu. Car si d’ordinaire les fioritures guitaristiques sont généralement livrées dans un écrin sonore impeccable par des mains manucurées de près, chez Obsolete le cadre est plus « à la bonne franquette ». Comme si les gugusses avaient eu envie d’éviter à tout prix les taloches derrière la tête qu’on réserve en général aux premiers de la classe binoclards. Du coup, plutôt que de rentrer dans le moule des tech nerds propres sur eux, blastant dans la soie et gruntant dans le vocodeur, ces petits gars de Minneapolis ont décidé d’emballer leurs riffs experts et leurs galipettes musicales dans le grossier papier journal d’une prod granuleuse légèrement voilée, et de les servir à même le comptoir, accompagnés des vociférations acides du 2nde classe servant dans l’infanterie du Mordor, ainsi que d’une caisse claire claquant avec le manque de finesse de M’ame Josette, la poissonnière.
Et c’est finalement mieux comme ça. Car non seulement cela ne nuit en rien au plaisir apporté par ces riffs extrêmement alambiqués et pourtant incroyablement mélodiques, mais en plus cette approche à la fois véloce et teigneuse (le groupe tantôt chique comme un pitbull, tantôt gronde comme un frelon furieux) tranche pour le meilleur avec l’exigence aristocratique des parties instrumentales. C’est bien connu : les ravioles truffées arrosées de Barolo sont encore meilleures dégustées dans un restau familial de la campagne piémontaise que dans une grande enseigne chichiteuse. D’ailleurs dans le domaine les Américains sont très semblables aux Frenchies de Gorod – à un tel point qu’on serait même tenté de croire qu’ils leur ont piqué le riff principal de « Old Horizon » (« Disavow Your God », anyone ?). Mais Obsolete ne pratique pas le Tech Death monochrome : les saveurs de son premier album rappellent parfois Atheist (ponctuellement, sur « The Atrophy Of Will »), Death (plus souvent – c’est tout particulièrement vrai sur « Intercostal ») ou encore Cynic. Par ailleurs celui-ci encanaille ses compos en puisant aspérités et ambiances dans des sphères stylistiques connexes comme le Thrash (voir même le Speed Metal sur l’accélération à 2:06 sur « The Fog ») ou le Black (on sent que le groupe a écouté Emperor sur le début de « Callousness Of Soul »).
Alors si vous appréciez votre Tech-Death regorgeant de mélodies, débarrassé de son élitisme maniéré, et – j’ai oublié d’en parler, diable ! – doté d’une belle basse gourmande, ne passez pas à côté de ce superbe premier album effectivement animé, et qu’on espère ne pas être un coup isolé !
La chronique, version courte: si l’on cherche la petite bête, on pourra effectivement dire qu’Obsolete s’aventure parfois un peu trop loin sur les platebandes de Gorod. Mais ce reproche risque fort de rester cantonné aux diptérophiles les plus extrémistes. Parce que Animate//Isolate est avant tout un superbe premier album mêlant avec une confondante (mais trompeuse) facilité riffs sournoisement magnifiques, mélodies omniprésentes, et une absence de chichis qui les rend d’autant plus sympathiques.
1 COMMENTAIRE
Raf le 16/08/2021 à 10:23:41
Moi, c'est surtout à Cynic (période Focus) que me font penser les riffs...
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