Portrayal Of Guilt - We Are Always Alone

Chronique CD album (26:03)

chronique Portrayal Of Guilt - We Are Always Alone

J'ai eu vent de Portrayal of Guilt lorsque le groupe venait de sortir sa première démo éponyme, en 2017. Bien que très courte, les trois morceaux de leur screamo teinté de black metal, notamment au niveau du chant, m'avaient fait très bonne impression. Et sans trop savoir pourquoi, je n'ai pas pris le temps de creuser plus que ça par la suite, ratant leurs sorties suivantes (sans compter quelques splits). Je retrouve donc le groupe en début d'année avec ce We Are Always Alone, et pour lequel il m'a fallu quelques mois d'écoutes éparses avant d'arriver à mettre un peu d'ordre dans ce que j'en retire et de l'apprécier pleinement.

 

Première impression : esthétiquement, cette pochette rappelle vraiment celle de Painter of Dead Girls de Pig Destroyer. Et bien bingo, Chris Taylor est à la manœuvre derrière les deux artworks. Pour l'info, Chris est avant tout connu pour avoir été le chanteur principal de Pg.99, groupe légendaire du screamo de la fin des années 90, début 2000. Et comme les choses sont bien faites, il est ici invité à s'époumoner sur « The Second Coming », premier morceau de ce disque, aux fortes réminiscences de... Pg.99 (période du classique Document #8 notamment). Voilà pour ce qui est de poser l'une des bases de cet album, puisque l'on retrouvera cette influence ici et là au long des neuf morceaux (début de « Anesthetized », « Garden of Despair », « We are always alone », etc.).

 

Deuxième constatation : dans les invités au chant, on trouve également Matt Michel de Majority Rule (sur « Garden of Despair »), qui avait enregistré et produit leur premier long format. Et Portrayal of Guilt a tourné en ouvrant pour ces deux groupes. Et voilà donc pour la logique d'ensemble et les présentations.

 

Troisième observation : pour ce qui est du contenu, la musique proposée par les Texans s'est vraiment assombrie et radicalisée ces dernières années, laissant la part belle aux influences blackisantes, qui constitueront l'autre base essentielle de ces 26 minutes. Dans la voix d'abord, car le shriek de Matt King est devenu encore plus glaçant qu'auparavant et ne dépareillerait absolument pas dans n'importe quel groupe de black metal. Mais avec en plus un petit quelque chose de très malsain, de vipérin, qui nous poursuit d'un bout à l'autre du disque (à mi-chemin entre la terrifiance (oui je sais, ça n'existe pas) de Caro Tanghe d'Oathbreaker et d'Ihsahn sur les premiers Emperor, pour se donner une vague idée), avec pour seule interruption quelques lignes plus « chantées » sur « My Immolation ». Parfois un peu en retrait, parfois avec un peu de réverb, ce chant trouve toujours une faille dans laquelle s'engouffrer et y déverser de la pure noirceur.

 

Malsain, sombre, ce sont des termes qui me semblent aussi les plus adaptés pour définir la tension musicale présente tout au long de We Are Always Alone : souvent proche du black là encore, généreux sur les blasts et la saturation sonore, haché par des breaks de la bande à screamo énervé, mais même les quelques parties plus calmes et les arpèges parfois à la limite du dissonnant maintiennent un aspect nerveux aux compositions, le tout s'enchevêtrant très bien. Quelques insertions électroniques d'ambiances qui auraient leur place dans un film d'horreur n'arrangent rien à cet état de fait. On sent bien qu'un gros travail a été fait sur l'ambiance générale, avec beaucoup de petits arrangements qui ajoutent du grain et du détail dans les morceaux.

 

Est-il besoin de dire que les paroles ne vont pas à l'encontre des sensations éprouvées à l'écoute du disque ? Ne serait-ce que le titre des morceaux devrait permettre de répondre à cette fausse question. Ici, on cause souffrance, solitude, désespoir et dépression, mais sérieusement : on n'est pas dans un journal intime écrit avec un stylo à plumes et un bracelet à pics dans la chambre de l'étage d'un pavillon de banlieue.

 

Bref, c'est un hybride intéressant qu'installent Portrayal of Guilt avec cet album : du screamo blackisant des premières années, on a basculé vers une sorte de black metal qui structurerait sa musique autour de la nervosité du screamo à la Pg.99, sans jamais s'enfermer dans la reproduction des mêmes gimmicks, pour un résultat vibrant et étouffant qui ne fera sûrement pas fureur dans les soirées dansantes (ou alors il faut m'inviter à vos soirées). Sa noirceur peut le rendre difficile d'accès, mais chaque écoute permet de remettre quelques pièces en place pour finalement arriver à le prendre en bloc.

 

Dernière conclusion : We Are Always Alone est bien installé dans mon top 10 provisoire de l'année, et il y a peu de chances qu'il en sorte. Et sur ce, ce sera l'occasion de me replonger dans ce que j'ai raté de leur discographie.

photo de Pingouins
le 30/08/2021

1 COMMENTAIRE

Freaks

Freaks le 31/08/2021 à 07:38:53

Un aboutissement et une vraie réussite cet album

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