Owdwyr - Receptor
Chronique CD album (43:57)

- Style
Tech death grindy proggy - Label(s)
Autoproduit - Date de sortie
20 octobre 2023 - écouter via bandcamp
Situation hypothétique : et si le tech death était un accordéon ?
Vous avez 20 minutes et, c'est con au vu du style pratiqué, pas le droit à la calculette.
Pour donner quelques indices de facilitation pour la résolution de cette importante interrogation, et parce qu'il paraît que le niveau général en maths régresse, dans la famille « j'en mets de partout », je voudrais Owdwyr. Parce que sur leur premier album Receptor, le trio californien en met littéralement de partout, en en prenant.... et ben de partout aussi.
Même si bon, trio est un peu réducteur, à vrai dire, parce que plus de cette trinité de base, quatre batteurs différents ont été invités pour faire les sessions d'enregistrement, des p'tits gars qui débutent un peu, pour leur donner de la visibilité. Sympa, non ?
Leurs petits noms, à ces débutants, c'est Kevin Paradis (Benighted, Ne Obliviscaris), Kenny Grohowski (Imperial Triumphant), Navene Koperweis (Entheos, Job For A Cow-Boy, Animal As Leaders 2009-2012, du live pour Whitechapel, The Faceless, etc...) et Alex Cohen (ex Imperial Triumphant, trouze mille groupes à retrouver sur metal archives).
Bref, les mecs ont poncé les petites annonces de la MJC du coin, quoi.
Pour essayer de la jouer simple, Owdwyr proposent un tech death du type « buffet à volonté », où la racine de la recette est assaisonnée un peu à toutes les sauces. Les deux principales pouvant sembler être un oxymore, puisque « grindy » et « proggy » s'entremêleront joyeusement, pour un résultat qui, comme on dit dans le jargon, rigole techniquement z-é-r-o.
La grande majorité des morceaux peinent à aller taper la barre des trois minutes, ce qui est surprenant et court pour un album du style, mais du coup peut justifier par ailleurs cette contradiction apparente grind-prog dans la tracklist.
Deux conséquences à tout ça : cette courte durée peut parfois un peu donner l'impression de casser, ou a minima de hacher, la dynamique d'ensemble, pour composer un grand patchwork d'idées – souvent brillantes certes, mais quand même. Mais d'un autre côté, c'est aussi cet effet « veste à patchs » qui fait sortir à Owdwyr son épingle du jeu du tech death, en leur donnant une personnalité singulière. A mon sens , il suffit d'écouter les dix premières minutes en y accordant toute son attention pour s'en convaincre.
Je veux dire, si le morceau « Prefatio » de... préface, c'est bien ça, peut sonner un peu space opera, « The Liminal Carapace » qui lui fait suite attaque d'entrée, entre un riff en quasi tremolo, des notes appuyées et des breaks à contretemps bien lourds, une ambiance qui ici et là sonnera presque comme un death mélo qu'on aurait balancé entre les parties plus techniques. Mais ce n'est pas tout ma bonne dame, parce qu'on y trouve également du bon vilain break à la Humanity's Last Breath / Vildhjarta / Thall (comme on dit) et ce genre de conneries, tout en y insufflant un petit effet de guitare flottant dégueulasse, un solo au son de guitar hero par-dessus un break encore suuuuuur lourd, pour un contraste saisissant, ce qui s'avère être une très bonne idée. Et histoire de continuer dans la surenchère, pourquoi pas insérer une petit aération à la Opeth sur la fin du morceau ? Même si elle ne sert que de prétexte pour le suivant.
Le suivant, c'est un « Ripped From The Bog » qui pourra évoquer un Obscura en pus balourd dans les parties lentes, mais merde, ça casse tout, tout est inattendu, et ce côté poutcha dissonnant débile vient encore griller quelques neurones supplémentaires.
On continue ? Des relents d'un Car Bomb époque Centralia sur « Lagos », des arrangements syncopés qui peuvent évoquer Hypno5e ici et là, la (très) courte « Writhe », le BPM ébouroustiflant de Kevin Paradis sur le plus long « Ein », pas mal d'invité·e·s pour divers instruments et des arrangements d'inspiration variées (de bouquins en passant à Radiohead, la liste sur leur bandcamp)
N'en jetez plus, on vous le disait d'entrée : il y en a de p-a-r-t-o-u-t, un vrai bordel à nettoyer.
Bref : le tech death est-il donc un accordéon ?
Et bien avec Owdwyr, figurez-vous que oui.Très varié, d'une variété qui peut parfois dériver sur une impression de confusion, mais qui retombe toujours sur ses pattes, qui se contracte et s'étend à n'en plus pouvoir.... Vous avez aimé Spawn of Possession, Obscura, ce genre de conneries, mais vous aimez bien quand des directions parfois (encore plus) inattendues sont empruntées par les groupes de ce joyeux petit monde du tech death ?
Alors lezgo check Owdwyr, vous ne le regretterez pas.Je ne citerai pas de noms, mais quelqu'un a dit un jour « s'il n'est pas dans votre top de l'année, c'est que vous ne l'avez pas écouté ».
Son côté bouillonnant peut parfois donner l'impression d'écouter tout ces albums en simultané, et perdre un peu de monde en route du fait de son côté multidirectionnel, mais ne nous y trompons pas : ce Receptor est une petite dinguerie tout de même.
A écouter pour combler rapidement les déficits que vous auriez pu avoir sur votre quota de notes à écouter en 2023.
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