Past - Never Fall Down

Chronique CD album (21:00)

chronique Past - Never Fall Down

Pour les monomaniaques qui suivent la chronologie des chroniques ici et tout particulièrement les miennes (oui, bon, ok, là je crois que je m’adresse essentiellement à l’équipe de rédaction), vous aurez compris depuis longtemps mon aversion grandissante pour les effets de mode dans le microcosme du hardcore contemporain, certainement parce que c’est ces musiques qui m’ont forgé et que ce modeste rôle de chroniqueur ici me pousse trop souvent à être critique avec la production actuelle… Un bon gros coté « vieux con » n’y est probablement pas pour rien non plus.

 

Donc au risque de paraître redondant, il est question ici du disque d’un jeune groupe qui enregistre son premier véritable disque à la Senelle, chez Amaury Sauvé, ce dernier cristallisant de plus en plus le visage du hardcore hexagonal contemporain avec tous les bons et mauvais coté que cela implique. Mais revenons deux minutes sur ces histoires de musiques qui forgent les personnalités parce qu’ici, ça me semble totalement éclairant. En effet, le trio bordelais, avec sa première démo, lorgnait avec insistance vers des références telles que AmenRa et surtout Cult of Luna. Par conséquent, les compositions étaient longues, lourdes, chargées en émotions et volontiers contemplatives. Mais à la lumière de ces six nouveaux titres, la donne a pas mal changé. Sans vouloir trop donner dans le name dropping, on sent que Birds In Row et le séisme national qu’ils ont provoqué il y a deux ans sont passés par là. Esthétique voisine, intensité revue à la hausse et détour par le même studio, donc. Pour les quelques veinards qui ont pu voir les bordelais en concert récemment, l’analogie semble également les suivre jusque sur scène.

 

Mais au fond est-ce un mal ?

 

N’est ce précisément pas l’émotion, l’intensité et la franchise  qui fait la force de groupes comme Birds In Row et par extension d’autres winners dans le genre de Modern Life is War ou encore Touche Amore ? Et plus important encore, est ce qu’en choisissant d’abreuver sa propre musique à ses sources, on perd ses qualités intrinsèques (un volcan s’éteint, un être s’éveille qu’il disait) ? Car dans le cas de Past, on sent justement cette volonté d’être transparents et honnêtes en développant une intensité et une charge émotionnelle comparables à celle des ainés. Il y a de la mélodie, de la violence, des hurlements passionnés et même de la prise de risque avec ce chant clair un brin timide qui perce de temps en temps le mix. Le trio n’a pas non plus versé dans le total opportunisme en ne tournant pas le dos à ses premiers amours : on retrouve donc bien des parties plus aériennes faites de sons plus clairs nimbés de delay. Ces accalmies, même si elles ne trouvent pas forcément un écho favorable dans ma sensibilité de vieux con (bis repetitam), aèrent néanmoins la densité des compos des bordelais et étoffent leur propos.

 

Après, subjectivité oblige, certains s’enthousiasmeront de ce disque pour toutes ces indiscutables qualités, d’autres n’y trouveront peut être pas assez d’originalité et de caractère mais peu importe, c’est la musique qui forge nos sensibilité pas vrai ? Et dans ce cas précis, Past prend son temps et forge la sienne à son rythme tout en s’étant donné les moyen de sortir un vrai disque avec un vrai son et quelques très bonnes compos (« worn out », « the gun »). A suivre donc… Parti comme ça, il y a fort à parier que la musique de Past devienne très bientôt aussi passionnante à écouter qu’elle doit l’être à jouer.

photo de Swarm
le 21/03/2014

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