Pauwels - Elina

Chronique Maxi-cd / EP (26:38)

chronique Pauwels - Elina

Les sympathiques mulhousiens (ça doit pas être facile tous les jours, quelle ville atroce!) Pauwels m'ont pris à contre-pied, un discret crochet du gauche que je n'ai pas vu venir.

Si j'ai pu constater leur énergie indiscutable et leur dévouement sincère à la cause sonique lors d'une soirée dantesque, quelque part dans une cave à Bourges, ce que j'avais ressenti alors ne m'avait pas préparé à l'intérêt que leur nouveau disque soulèverait.

Je ne pensais pas spécialement aimer sur disque.

Et ma foi j'avais tort.

 

Je le dis et redis à l'occasion dans mes quelques chroniques, j'ai bien conscience d'être un peu blasé de la musique. J'aime toujours autant la musique, peut-être plus que jamais, n'allez pas croire : je suis seulement devenu difficile avec le temps, à force d'écouter tout et n'importe quoi. J'ai fini par sélectionner drastiquement. Et j'ai bien fini par m'agacer du rangement étriqué et consentant dans les petites boîtes, les petites chapelles qui devraient toutes cramer, les clichés des scènes « machin » ou « truc », les groupes qui se repompent copieusement les uns sur les autres ; créant un gigantesque brouet uniforme et fade, prévisible et facile, séduction codée putassière et auto-congratulations suffisantes « entre initiés, tu voaaaas... ».

 

Pauwels est un groupe de Rock instrumental. Ils ne font pas du sous-Mogwai. Ce n'est pas non plus du Math-Rock. Ouf ! On avance, on avance, les coups de machette nous créent un espace large et confortable, de l'air, de la lumière : on peut causer librement dans la clairière.

Je bénéficie pour écrire cette chronique d'un lien secret vers les prémixs du disque. Le son est déjà très honnête, j'ai donc pu écouter leur musique dans de bonnes conditions. Depuis, le groupe a mis Elina en pré-écoute intégrale là-bas. Faites-vous plaisir. Première release party le 24 janvier au Molodoï de Strasbourg, pour une sortie le 26.

Ils font donc du bon Rock varié, intense, pas toujours étouffé par l'originalité sauf qu'ils surprennent quand-même bien souvent. Ils ont deux batteurs, ce qui ne s'entend pas encore très bien, j'imagine qu'ils ont le temps de développer les possibilités, tout en essayant de ne pas tomber dans le piège de morceaux construits autour et pour les deux batteries. Pour le moment, ça donne une bonne densité rythmique et une bonne patate en live. Nos jeunes amis étudiants « Bourgeois » ne s'y étaient pas trompés en pogotant et dansant comme s'il s'agissait de vulgaire Nu-Metal catchy.

Oh, il y a bien quelques passages qui jumpisent allègrement, mais ça ne dure pas trop longtemps et il n'y a finalement rien de bien vulgaire dans leurs morceaux déconstruits avec intelligence, et souvent beaucoup de goût. Ça me paraît parfois un rien décousu, mais il faudra voir sur la durée si leurs structures parfois hachées ne sont pas tout simplement l'expression libre d'une folie sous-jacente salvatrice.

En tous cas les guitares peuvent être formidables, avec un travail sur le son qui les rend ensorcelantes, tour à tour mugissantes, ronronnantes, miaulantes, bref bien félines (meuh!) et souples, tout en étant très chantantes, des sirènes soniques qui font tout le sel de leur mer de sons. Chat-poisson !

Ma compagne m'a d'ailleurs fait remarquer ce côté limite vocal de parties bien mises en valeur dans le mix, c'est à dire qu'elles ne tirent pas la nappe à elles comme des choses totalitaires égocentriques.

Qualité dosée !

Concernant les compositions, je préfère leurs côtés répétitifs (Pendule!, va!) et plus bluesy (le ralentissement dans "Ouspenski") aux quelques résidus mathématiques qui s'échouent tantôt au milieu de riffs bienheureusement plus désertiques et colorés.

De la couleur ! Une belle palette de musicalité toute à leur honneur.

Ils parlent eux-mêmes d'un croisement ente Mogwai (Ah bon ? Ben merdalors. Ça ne m'a pas sauté aux oreilles...), du Math-Rock (humpf...) et du bon vieux Stoner / Rock du désert. Et c'est exactement ça : ils racontent n'importe quoi, ahahahah ! Non, ils sont libres et font ce que bon leur semble, c'est la seule chose qui compte quand on fait de la musique. Il faut tenter des choses, il faut s'amuser, il faut délirer et envoyer tout le monde se faire foutre ! C'est la seule Voie vers la Vérité, ahahah !

Je vois la lumière !

Ici, on voyage: Pauwels réussit à créer son propre monde. J'aimerais juste qu'ils laissent plus parler leur sauvagerie et leurs tendances animales, qu'ils débranchent un peur leur cortex et nous éclaboussent copieusement. Pas de quartier, juste de la charpie ! Avec la puissance de feu d'une double batterie, y'a moyen de tout ratiboiser !

Mais je ne vais pas faire ma fine bouche, il y a tant à prendre par ici. Ils ont su garder une fraîcheur et un allant digne, droits dans leurs bottes, heureusement pas trop sexys pour être honnêtes.

 

Je vais donc finir par résumer ma chronique, puisque personne ne lit mes chiures en intégralité. Et encore, là j'ai fait court... En diagonale, ça donne donc ceci :

 

1. Et ma foi j'avais tort.

2. Chat-poisson !

3. Qualité dosée !

4. Je vois la lumière !

 

Achetez leur nouveau disque et faites-les jouer par chez vous.

 

N.B. : la pochette est temporaire, elle sera remplacée par la vraie et définitive dès qu'elle sera disponible.

photo de El Gep
le 26/01/2015

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 26/01/2015 à 12:21:21

T'aurais dû aller jusqu'au bout: Chat-poisson/10 !

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