Philip H. Anselmo & The Illegals - Choose The Mental Illness As A Virtue

Chronique CD album (46:29)

chronique Philip H. Anselmo & The Illegals - Choose The Mental Illness As A Virtue

Alors, pour le coup, je dois bien admettre qu'on voit rarement des albums aussi bien porter leur nom. On a beau voir de la galette estampillée Phil Anselmo, il faut bien s'enfoncer dans le crâne que pour le cas du projet au nom pompeux, Philip H. Anselmo & The Illegals, Pantera est parti fort loin. Down également, même si on retrouve un petit héritage – de loin – en terme de sludge aux guitares grassouillettes. J'avoue prendre le train en marche et n'avoir entendu aucune note du précédent opus, Walk Through Exits Only dont le comparse Rafaël vous parlera apparemment plus en détail en parallèle de cette bafouille. Mais apparemment, ce serait le même genre de came sauf que cette seconde galette, Choose The Mental Illness As A Virtue, pousse le bourrichon encore plus loin.

 

Ce qui explique que l'entrée en matière a été plutôt brute de décoffrage en ce qui me concerne. C'est que rarement Anselmo ne se sera montré aussi extrême qu'avec ce projet. Et « expérimental » également. Les premières écoutes se font dans la douleur, le maître de cérémonie s'attachant à proposer un metal extrême profondément ancré dans l'underground old-school, mâtiné d'une petite lichette de sludge, qu'il débite en mode foutoir. Mais attention, pas le bordel organisé qu'on peut retrouver chez beaucoup de groupes avant-gardistes/nawaks, mais plutôt le champ de bataille de la Troisième Guerre Mondiale qui aurait fait évanouir ta mère si ça aurait été l'état de ta chambre quand tu n'étais encore qu'un mioche. Un seul mot : rage, déployée sous différentes formes et procédés sonores dont les éléments s'enchaînent et se superposent sans véritablement de cohérence. Un truc de gogol psychopathe quoi.

 

Et pourtant, aussi sanguinolentes et farcies peuvent être les oreilles à la découverte de ce second méfait, la conscience du chroniqueur aidant, on s'y replonge. Encore et encore. Au final, Choose The Mental Illness As A Virtue ne brillera pas par sa musicalité, ni sur sa facilité de collage d'étiquettes toutes pré-faites mais il finit par se laisser s'apprivoiser. Difficilement, on l'accordera. A condition bien entendu de ne pas être trop cartésien. Après, de là à dire qu'il s'avère plaisant à écouter, je n'irais pas franchir ce pas. Il s'agit clairement d'un exutoire et l'auteur lui-même ne s'en cache pas : « c'est soit ça, soit fracasser des crânes » il a dit le père Anselmo.

 

Soit, ça ne peut être qu'une meilleure meilleure idée que de jouer la provocation en déployant des cartes nazies de bas étage. C'est qu'après tout, un disque en tant que tel ne peut pas faire de mal. Quoique... Au vu de comment il m'aura foutu la tête en pelote, j'émettrais quelques doutes... En revanche, aussi déconcertant peut-il être, Choose The Mental Illness As A Virtue dégage indubitablement quelque chose d'intéressant. Complexe à définir d'ailleurs. Peut-être ce truc de parfaitement refléter l'état d'esprit de son géniteur en l'instant T. Aussi moche et haineux peut-il être. Et rentrer dans les méandres d'un esprit, ça a toujours quelque chose qui fascine un peu. On ne peut d'ailleurs que rester admiratif de voir ce cher Anselmo, ouvertement bipolaire dans la vie, déambuler parmi les sains d'esprit tant sa musique transpire la cellule capitonnée et la camisole de l'institution pénitentiaire. Pour vous donner une idée : prenez du black, du sludge, du death et du grind, mixez tout ça grossièrement en conservant un aspect nettement brut de pomme tel l'underground extrême des 80's un chouïa lissé, et vous aurez une idée de ce que peut donner la musique de Philip H. Anselmo & The Illegals. On pourra par moment penser à ce vieux mouvement de l'époque où certains groupes extrêmes tentaient de nouvelles approches avec plus ou moins de réussite, tels les premiers Brutal Truth, Napalm Death, voire Carcass. Mais avec bien plus de longueurs et de variations tantôt bien foutues, tantôt intentionnellement dans la limite du mauvais goût, histoire de bien enfoncer le clou qu'il s'agit en quelque sorte de multiples facéties provenant d'un esprit vicié, ce qui n'en rend l'objet que plus complexe à digérer.

 

C'est peut-être d'ailleurs là où le bât blesse le plus : même si 46 minutes ne semblent pas être la mort en soi en terme de durée d'album, il faut admettre que dans ce cas précis, ça se laisse traîner en longueur. Même un tant soit peu digéré, Choose The Mental Illness As A Virtue reste éprouvant à l'écoute et une telle débauche de brutalité de prime abord sans queue ni tête se doit de rester concise, tel un coup de poing brise-nuque mortel. Et aussi intéressant puisse-t-il être sur certains aspects (voire quelques éléments strictement musicaux isolés), ce n'est clairement pas le genre de galette qu'on ressortira régulièrement. C'est que dans sa folie, il aura été sacrément philou le Anselmo sur ce coup-là !

photo de Margoth
le 09/02/2018

1 COMMENTAIRE

Paf le chien

Paf le chien le 10/02/2018 à 21:06:59

Très bonne surprise pour moi Je n'attendais plus grand chose de Anselmo. Comme quoi...

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