Compilation - Combat Nasal vol.4

Chronique mp3 (69:23)

chronique Compilation - Combat Nasal vol.4

Bravant la grisaille et le froid de cette fin d’année, les instigateurs de la compilation Combat Nasal découvrent pour la 4e fois consécutive leur cache-nez afin d'exhiber à un public metôl consentant un bien bel engin. Et l'appendice musical qu'ils nous présentent se trouve cette fois être un numéro spécial "Baguette & Cuisses de grenouilles", le filon français ayant manifestement été tellement prolifique qu'il aura mérité son volume à lui tout seul. Why not, même si j'avoue n'avoir jamais vraiment été partisan de catégoriser la musique selon la couleur des drapeaux... M'enfin bon, voyons si la restriction des conditions d’accès à la tracklist de ce nouvel épisode sur des critères purement géographiques aura eu une influence sur le contenu...

 

Bon alors non, la frenchisation de ce 4e volume n'aura pas eu pour conséquence une utilisation plus systématique de la langue de Molière. Les Scapin et autres Sganarelle restent en effet bien au chaud sous la couette, cantonnés à quelques interventions sporadiques... Alors peut-être l’impact se fait-il plutôt sentir au niveau des styles mis en avant? Voyons-voir... Dans quels styles la France du Metal s'illustre-t-elle déjà? a) Les modern'ries Gojiro-Texturiennes. b) Le black à tendance élitisto-underground. c) Le nawak clowncore (si si). Et peut-être, dans une moindre mesure, d) les brutasseries épaisses flirtant avec le grind... Bon alors de black comme de nawak metal, point de trace ici, contrairement aux habitudes développées sur les volets précédents. Et snif d’ailleurs, le plus déluré de ces 2 représentants de la famille metal ayant toujours autant besoin de cet ambassadeur de choix qu'est El Señor "CiC" Strobl pour se faire connaitre auprès d'un public trop souvent fossilisé dans ses charentaises. Côté cordes vocales poilues, la représentation est par contre bel et bien assurée, d'une part par Askaris et son death relativement conservateur (si l’on excepte une pointe furtive de cyber bidibips clandestins), et surtout par Massive Charge et son death/grind survolté et fédérateur. Enfin du côté des Gojuggah boyz bands, la compilation reste fidèle à sa réputation ainsi qu’à celle de nos vertes contrées avec toute une tripotée de gangs trempant plus ou moins dans ce grand bain, dont We Are JupiterMemories Of A Dead ManHatred, et Weaksaw qui jouent des saccades et des contre-pieds habituels.

 

En fait la nouveauté vient surtout de la part plus grande accordée aux groupes à aspirations progressives, ainsi qu’à tous ces combos qui préfèrent suffixer leur style de prédilection par –core plutôt que par metal. Si Memories Of A Dead Man et son modern postcore ont un peu le cul entre ces 2 chaises stylistiques, We Are Jupiter (qui n'est pas seulement un groupe « modern » de plus, mais une entité développant également une composante Voivod Floydien très prononcée), Enlightened (qui part en mode Gojira, glisse sur du thrash/death coreux, puis développe un postcore sombre habité par un chant aux intonations rappelant Keith Caputo) et les exceptionnels A Backward Glance On A Travel Road sont quant à eux représentatifs de cet ancrage prog plus prononcé. Mais arrêtons nous plus longuement sur le titre d’ABGOATR (comme ça c'est plus rapide et ça fait apparaitre un "GOAT" satanique, niark niark) qui est pour moi la révélation de cette compil’. Ce morceau mélancolique multi-couches est d’une richesse et d’une profondeur rares, l'utilisation parcimonieuse d'un chant excellent partagé entre samples décalés et voix doucement désabusées permettant de mieux braquer les projecteurs sur une musique souvent électro-acoustique, au volume émotionnel inversement proportionnel à la sobriété de l'approche. Sinon, côté –coreux, en dehors des groupes de post-, meshugg- et death/grind- ci-avant évoqués, on trouve The Skeletonz, dont les penchants torturé et mélodique n’enlèvent rien au caractère viscéralement hardcore.

 

Et le reste me direz-vous? Souvent de bonnes choses, plus singulières et donc bienvenues. C'est le cas par exemple de Novagreen qui réussit à convaincre en couvrant un large spectre allant du bon vieux hard au thrash, en passant par le heavy speed à twins conquérantes. Ou d'Aone qui évolue dans un registre "Into Eternity à la française", en moins extrême, et avec le cousin heavy-progueux de James Hetfield au chant. Par contre je reste dubitatif face aux artistes plus « dark », comme Last Barons (dont le hard rock rampant évoque un Wormfood légèrement indus-isé) ou I See Land (et son metal mélodique dépressif grésillant). M’enfin ce bof résulte plus d'un problème de goût que d'un manque de qualité…

 

J’avoue que ce nouvel épisode m’aura un peu moins latté les fesses (à part A Backward Glance On A Travel Road!) que ce à quoi j'avais habitué mon arrière-train, la faute à des morceaux dans l'ensemble un peu moins exceptionnels... D’où une note plus tiède qu'à l'accoutumée. M’enfin celle-ci est surtout là pour marquer une différence d’appréciation avec ses trois aînées, et non pas pour sanctionner une quelconque médiocrité. Et puis en même temps, on est en hiver: il n’est pas étonnant que pour ce nouvel épisode, le Nez soit moins combatif, voire légèrement enrhumé…

 

 

 

 

La chronique, version courte:  les nez d’Arno Strobl et Mazak sont toujours aussi épatés (?) qu’épatants, même si la restriction géographique auto-imposée réduit mécaniquement (mais légèrement) l’impact de ce 4e volume.

photo de Cglaume
le 02/12/2011

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