Pillaging Villagers - Pillaging Villagers

Chronique CD album (39:28)

chronique Pillaging Villagers - Pillaging Villagers

“Celtic Blackened Crossover Thrash”… Ça claque ou pas ? Perso’ ça m’a immédiatement fait clignoter les loupiotes, humidifié la truffe et provoqué des fourmillements dans les terminaisons auriculaires. Cette alliance fantasmatique du biniou du grand large, de lugubres croassements nordiques et d’excès de vitesse en skateboard était une promesse trop attirante pour la laisser filer. D’autant que vous avez vu ce blaze ? Pillaging Villagers, autrement dit « Piller les villageois »… On a l’impression de signer pour un supplément de (au choixHighlander / Brave Heart / Conan le Barbare / la primaire des Républicains. Ça sent la hutte qui crame, les exécutions sommaires et les rapports sexuels assaisonnées au poivre d’Arvor. Evidemment, il y a peu de chance que ce genre de décors fasse briller les pupilles dans les campagnes ukrainiennes – non non, CoreAndCo n’est pas endorsé par le Groupe Wagner, voyons – mais dans le monde parallèle du Metal, ce type d’ambiance met en jambe, donne soif de houblon frais et fait résonner haut et fort l’appel du pit (rappel : le métalleux n’est pas fufut’ – c’est là son moindre défaut – et ses oreilles jouent H24 à Warhammer).

 

Alors non, Pillaging Villagers n’est pas une horde velue formée dans les fjords, lors d’une soirée à mastiquer du cuissot d’élan séché torse nu au coin du feu. En réalité il s’agit du groupe d’un seul gugusse, David Frazer, dont le pick-up parcourt habituellement les routes du Wisconsin – mais qui, pour enregistrer son premier album, s’est fait épauler par des potes, parce que c’est pas si facile de blaster et de shrieker en même temps, z’êtes drôles ! Mais soyez assurés que cette situation géographiquement peu banale – au vu de la musique pratiquée – ne transparaît nullement lors de l’écoute des 12 morceaux.

 

D’ailleurs il serait temps de parler de ceux-ci. La grande majorité de ces titres vont droit au but (de 2 à 3 minutes chrono), s'avèrent véloces, à la fois mélodiques et acides, et mêlent 1) l’agressivité mauvaise du Punk et du Black avec 2) la poudre d’un Thrash pas complètement débarrassé de ses oripeaux Heavy Speed’n’Roll et 3) des ambiances de stades blindés de hooligans irlandais. On y croise ainsi la route de Trollfest, The Crown, Tankard, Finntroll, mais aussi de Blind Guardian (pour d’occasionnelles séquences tournées dans La Brasserie de La Comté) et des vieux Maiden (par toutes petits touches), ainsi bien évidemment que de tous les loustics qui évoluent dans le genre – Skeletonwitch, 3 Inches of Blood, Rumpelstiltskin Grinder & co… La différence avec cette dernière catégorie de barbares tient principalement dans la présence de chœurs de supporters embiérés ainsi que dans ces barrissements joyeux de cornemuse (de biniou ? de bombarde ?) qui, à la marge, pourront agacer ceux qui vomissent la compagnie des fans de Teutonic Beer Metal…

 

Mais la carte postale n’est pas si uniformément caricaturale... Carpour commencertrois morceaux d’affilée se concentrent sur une agression plus pure, débarrassée de toute gras oktoberfestif : « The Count » (une putain de bombe !), « The Bishop » et « The Emperor » nous rappellent l’un après l’autre à quel point il vaut mieux éviter d’écouter cet album pendant les chevauchées en 500 cm3 si l’on ne veut pas finir avec un rictus mauvais, encastré bien comme il faut contre un 33 tonnes. Autre exception notable, « The Crisis » passe les 8 minutes de sa longue épopée en net sous-régime, accompagné pour l’occasion de sentencieuses mélodies d’orgue… Pas notre morceau préféré, pour être honnête.

 

Alors c’est sûr, si vous placez un groupe comme Pillaging Villagers sur la scène d’un Wacken, d’un Party.San ou d’un Summer Breeze, ce sont des hectolitres de sueur grasse nourrie à la Pilsener qui vont se mettre soudainement à ruisseler le long de carcasses gigotant sans grâce ni amour propre. Car ce genre de musique s’adresse directement à la moelle épinière du festivalier-type. Sauf qu’il ne faudrait pas bouder son plaisir pour cause d’un snobisme mal venu : en effet le pilleur américain s'avère foutrement doué quand il s'agit de nous allumer le BBQ en un craquement d’allumette, et c’est sans avoir rien vu venir qu’on se retrouve la hache à la main à pourfendre gobelins, marins d’eau douce et horreurs consanguines au son de « Voices to the Sky », « Smash the Factory », « Wretched of the Earth » ou du redoutable « Crush the Enemy » !

 

... Alors pas de prisonniers, pas de pitié : les Conventions de Genève c’est pour les mickeys !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: pour un pillage réussi, mélangez les répertoires de Trollfest, The Crown, Tankard, Finntroll, Blind Guardian et Skeletonwitch, remuez bien fort, et servez brûlant – il faut qu’on sente l’odeur du poil roussi et de la hutte en toit de chaume qui crame, crénom !

photo de Cglaume
le 10/06/2022

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements