Pink Floyd - The Piper At The Gates Of Dawn

Chronique Vinyle 12" (42:00)

chronique Pink Floyd - The Piper At The Gates Of Dawn

Il y a tout juste cinquante ans, le monde reçoit l'acte de naissance discographique d'une légende qui allait profondément et durablement modifier la face du Rock'n'roll. A cette époque, l'Angleterre vit à fond au rythme du Swinging London, les Beatles, Rolling Stones, Who, Kinks monopolisent les ondes et les couvertures des magazines. Quatre hurluberlus, étudiant pour trois d'entre eux l'architecture, le dernier les arts, s'associent sous le nom de Pink Floyd, en hommage aux bluesmen Pink Anderson et Floyd Council. Fort d'une signature chez EMI, sans aucun enregistrement sous le coude mais suite à une série de concerts mémorables, le groupe rentre aux célèbres Abbey Road Studios (au même moment où le Fab Four enregistre Sergent Pepper) pour y coucher sur bandes onze titres très majoritairement composés par le guitariste / chanteur, l'illuminé Syd Barrett. Il est le compositeur exclusif de huit chansons et collaborateur sur une neuvième. Autant dire qu'il a marqué fortement de son empreinte tant musicale, que vocale et textuelle ce premier LP. C'est lui également qui est à l'origine du nom du groupe. Il est aussi l'auteur du premier 45 tours de Pink Floyd, qui ne figure pas sur The Piper At The Gates Of Dawn, « Arnold Lane » (avec « Candy and a Currant Bun » en face B), un succès commercial censuré par Radio London car narrant les aventures d'un kleptomane travesti.

 

Prenant à contre pied total l'euphorie généralisée de ce milieu des Trente Glorieuses complètement dévouées au consumérisme, en plein Summer Of Love et surfant sur les débuts du psychédélisme, le groupe propose un premier LP sombre, tordu, dominé par les drogues. Malsain comme un monstrueux dessin d'enfant, le style de Barrett s'inspire très nettement de celui des Beatles sur Revolver. En entrant en studio avec Norman Smith, les musiciens souhaitent capturer leur vibration live qui a fait leur succès jusque là. Un ingénieur son d'Abbey Roads se souvient du moment où il a entendu « Stellar Overdrive » pour la première fois « J'ai ouvert la porte et je me suis presque chié dessus. Je n'avais certainement jamais entendu quelque chose comme ça auparavant. ». Ce qui permet de remplacer les choses dans leur contexte. Les descentes de trip hallucinatoires comme « Astronomy Domine », placé en ouverture, côtoient des presque comptines pour enfants aux harmonies vocales poppies. Les guitares virevoltantes se marient aux claviers froids et terrifiants (un peu comme ce qu'à pu faire Kraftwerk plus tard) et à la frappe entêtante de la batterie. Les mélodies sont triturées à l'extrême, malaxées pour en faire sortir des visons de cauchemar, élevant la dissonance au rang d'art. Les textes, à la fois poétiques, spirituels et décalés, contribuent à rendre ce disque cauchemardesque.

 

Malgré cela, The Piper At The Gates Of Dawn (qui est le titre d'un des chapitres du Vent Dans Les Saules de Kenneth Grahame) est un succès critique et commercial, atteignant la sixième place des charts anglais. Véritable monstre musical jamais entendu auparavant, il marque l'acte de naissance mais également quasiment le testament du Pink Floyd de Syd Barrett, son génial mais tourmenté leader.

 

photo de Xuaterc
le 30/04/2017

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