Pink Floyd - The Wall

Chronique Vinyle 12" (81:00)

chronique Pink Floyd - The Wall

D'un point de vue extérieur, en 1978, tout semble sourire à Pink Floyd, auréolé des succès successifs de ses trois précédents albums. Mais le ver est dans le fruit et l'entente entre les musiciens est de plus en plus fragile. À la fin de l'exténuante tournée In The Flesh, lors de la dernière date à Montréal le 6 juillet 1977, Roger Waters crache sur un fan. Pour rappel, le titre « Dogs » contient la ligne « was trained not to spit in the fan ». Cet incident est l'acte fondateur du développement du concept de The Wall, conçu comme un triptyque. Le premier volet est l'album, le second la tournée mettant en scène le concept et le troisième. La littérature sur les détails de l'histoire portée par The Wall, cette rockstar qui s’enferme et s'isole de plus en plus, est pléthorique, je vous laisse vous renseigner par vous-même, et surtout mater le long métrage d'Alan Parker. Le parallèle entre la vie de Pink, le héros, avec celle Roger Waters est évident.

 

Divisé en deux LP (ce qui a généré des tensions avec la maison de disques, comme si le groupe avait besoin de cela), The Wall est le double album le plus vendu au monde. Encore un record à mettre au crédit de Pink Floyd. Pour l’aider pendant les phases d’écrit, il fait appel à Bob Erzin, célèbre faiseur de hits qui a déjà bossé avec Aerosmith, Kiss ou encore Alice Cooper. Les sessions d’enregistrement sont chaotiques : entamées au Britannia Row, le groupe se délocalise en France, dans les Alpes, au printemps 1979. Côté ingénieur du son, c'est la valse, Brian Humphries qui travaille avec les anglais depuis Wish You Were Here, finit par jeter l'éponge, remplacé par James Guthrie. Tout ce beau monde emploie de nouvelles technologies, en particulier pour le mastering, qui laissent parfois le groupe perplexe. Ce dernier d'ailleurs l'enregistrement de manière séparée, en évitant soigneusement de se croiser.

 

Oeuvre complète, The Wall, en sus des classiques basse / batterie / claviers / guitares / chant, s'habille de nombreux bruitages, mis en place par Erzin (répondeur téléphonique, bris de vaisselle, crissements de pneus...), afin de compléter l'habillage de l'histoire contée. L’apport des orchestrations, conduites par Mickaël Kamen (un nom qui parle aux fans de Metallica), est indéniable même si elles sont plutôt loin dans le mix. Elles sont interprétées par l'orchestre philharmonique de New York et du New York Symphony Orchestra, ainsi que par un chœur du New York City Opera.

 

Malgré toutes les difficultés, les engueulades à répétition, le manque d’inspiration ou d’implication de certains musiciens, The Wall reste un album de Pink Floyd, quasi entièrement composé par Roger Waters, plus agressif musicalement et au niveau des paroles que ce à quoi le groupe nous a habitué jusqu’à WYWH, tout en étant le plus cinématique. David Gilmour reste un très très grand guitariste, au jeu aérien et gorgé de feeling, dont les nombreux solos éclaboussent de leur classe le disque. Ce dernier réserve son lot de moments de bravoure et de hits. Qui n’a jamais entendu le célébrissime, usé jusqu’à la corde, « Another Brick In The Wall » divisé en trois parties, avec sa chorale d’enfants?

 

En dépit d’un aspect pompier, surtout sensible dans les arrangements et les structures plus « poppy », le destin de Pink permet au quatuor de se livrer à de nombreux morceaux de grâce comme « Goodbye Blue Sky » ou encore « Comfortably Numb », traversé par des interventions lumineuses à la guitare. Comme quoi Pink Floyd n’est jamais aussi bon que quand il se montre délicat, subtil et progressif. Certes, il est capable de composer des tubes, avec une apparente facilité, mais ce sont le psychédélisme et l’innovation qui lui vont le mieux.

photo de Xuaterc
le 20/02/2022

7 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 20/02/2022 à 13:45:11

Mon seul Pink Floyd.
En tous cas cette rétrospective est une riche idée Xuxu

el gep

el gep le 20/02/2022 à 14:44:50

"Subtil et délicat", ouais, aussi, mais bourré de rage rentrée (ou pas) et de folie.
Découvrir le film à 12 ans a été, hem, un choc, également.

Xuaterc

Xuaterc le 20/02/2022 à 15:40:45

@cglaume, merci, mais s'il ne devait en rester qu'un ça devrait être WYWH

@ el gep, j'ai découvert le film un peu plus tardivement, après Tommy des Who, ce qui, pour moi, a irrémédiablement diminué son impact, malheureusement

Freaks

Freaks le 21/02/2022 à 10:27:58

J'ai toujours pas vu the wall, je vais profiter de la sortie de cette chro pour rattraper mon impardonnable retard.
Admirateur des who depuis de longues années, il faut dire que Tommy a vraiment très mal vieilli.. 

el gep

el gep le 21/02/2022 à 18:21:12

Pas vu Tommy, merde!
Aux dernière nouvelles, je trouvais pas que le film de The Wall ait vieilli, par contre...
L'est bien fou!

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 22/02/2022 à 17:24:32

Quel monument ! 
Une bien chouette rétrospective, vraiment. Nice job.

Xuaterc

Xuaterc le 22/02/2022 à 17:54:35

Merci. Après mûre réflexion, je crois que je vais m'arrêter là pour les chroniques, les autres albums ne font pas du tout partie de son passé musical

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