Polkadot Cadaver - Echoes Across The Hellscape
Chronique CD album (37:17)

- Style
Psycho Dark Nawak Metal - Label(s)
Razor to Wrist - Date de sortie
8 décembre 2023 - écouter via bandcamp
Le dernier vrai album de Polkadot Cadaver (i.e. pas la réédition de Purgatory Dance Party!) date de 2017. Il était tout vert, irradiait la catho-spectro-pédophilie, et était truffé jusqu’au trognon de sonorités sorties de machines qui font bidibip plutôt que de guitares qui font bibopeloula. Partant de là, pas facile de deviner ce qui nous attendrait tout là-bas, au bout du chemin, après 6 années offrant au groupe tout le temps nécessaire pour se titiller la muse en long, en large et en travers. Premier constat, au vu de cette pochette évoquant autant Jérôme Bosch (lui vous devez le connaitre) que Bolek Budzyn (à qui l’on doit entre autres la pochette de Sublime Dementia) : ça ne va pas mieux dans la tête de Messieurs Smith et Stepp. Deuxième constat : ce John Kolbeck a beau être clairement sous influence, il fait des miracles avec ses pinceaux !
Echoes Across The Hellscape s’avère être du « pur » Polkadot Cadaver. Enfin, "pur"… si l’on considère qu’un Hannibal Lecter – prenons un exemple au hasard – puisse être, dans certains contextes, qualifié ainsi. Ce cinquième album comporte en effet tout ce à quoi le petit frère psychotique de Dog Fashion Disco nous a habitués. Vous savez sans doute déjà de quoi je parle, mais révisons, au cas où. Des sous-entendus glaçants affleurant sous des sourires charmeurs. Des riffs faux-jetons s’ouvrant sur des accès rageurs hérités d’un lointain passé Hardcore / Punk. Des fulgurances dansantes apparaissant en génération spontanée au beau milieu de caves lugubres. Des clowneries grinçantes devant plus à Balada Triste qu’à Barnum. Bref : du plaisir. Un peu maso parfois, un peu sordide... Mais ce n’est pas ce qui risque d’effrayer les oreilles retorses susceptibles d’entrer en résonnance avec les intentions de ce totem vivant de la scène Nawak.
Les bidibips ci-avant évoqués : ont-ils prospéré ? Ont-ils muté ? Ont-ils fini au fond d’un compost parmi les victimes de Fourniret ?
C’est que cela semble en tourmenter quelques-uns… Eh bien rassurons-les : après trois petits tours sur le devant de la scène (à l’époque de Get Possessed, donc), ceux-ci s’en sont retournés se réfugier là où ils était rangés sur l’excellent Purgatory Dance Party!. Or, si vous vous souvenez du fameux morceau-titre d’alors, ou même de « Long Strange Trip to Paradise », vous savez pertinemment que les sonorités synthétiques étaient déjà de la partie dès le tout début. C'est juste qu'elles n’étaient pas aussi prépondérantes qu'au sein du quatrième album. Sur Echoes Across The Hellscape elles sont toujours là, mais nettement moins systématiques que lors de la proclamation du Trumpistan, outre-Atlantique. À noter qu’on leur doit certains des meilleurs moments de ce millésime 2023. Comme « A Dog Without Water », compo qui se tapit dans l’ombre, n’attendant qu’un instant de faiblesse de l'auditeur pour lui sauter au cou. Ou « Catch Me If You Can », irrésistible appel à moonwalker dans les cimetières, en tenue Disco.
Mais ce nouvel album offre bien plus encore. Des catch phrases comme Todd aime à en confectionner, qui percent le flot des textes et se plantent dans le mou de notre encéphale pour ne plus en sortir (« a non stop every day autopsy » / « I know you’re a fake » / « Take me to your leader » / « Cherry-pick your darkest desires »… sans parler des refrains, évidemment). Des fonceries Thrash galopantes, qui rappellent qu’on n’est pas ici dans un dark cabaret gothique (cf. « Godless Noise », « Ripe Fruit For The Wicked » et bien d’autres). Du piano-rock énergique, qui participe à la classe naturelle de l’album (« Godless Noise », « Emotional Creatures »…). Ainsi que de sombres nawakeries évidemment, la plus délirante n'étant autre que l’intégralité de « Shapeshifting Reptilian Overlords », ce chef d’œuvre de Dark Wadafuck Robotic Metal s'avérant tout particulièrement gratiné.
Alors c’est vrai : la note d'Echoes Across The Hellscape flotte en-deça de celles de certains de ses pairs – Purgatory Dance Party! et Last Call in Jonestown restant toujours aussi intouchables. Pourquoi diable ce plafond de verre ? Parce que la cuvée 2023 manque de véritables tueries absolument indiscutables, telles que pouvaient l’être « Pure Bedlam for Halfbreeds », « A Wolf in Jesus Skin » ou « Touch You Like Caligula » par exemple. Attention, hein : « Emotional Creatures », « Godless Noise », « A Dog Without Water », « Catch Me If You Can », « Shapeshifting Reptilian Overlords » – bref, une grosse moitié des titres – sont tout à fait délectables. À vrai dire, seul « Eat My Tongue » ne réussit pas complètement à convaincre, du fait de ce mantra autiste, et d’un refrain aux faux-airs de pré-refrain orphelin. Mais malgré cette très haute teneur en plaisirs auriculaires, il manque à l'appel ces faiseurs de légendes que sont les hits fulgurants avec leurs salves d’accroches irrésistibles et de rythmiques envoutantes. D’où une mention "Très bien" plutôt que les Félicitation du Jury.
La chronique, version courte: Echoes Across The Hellscape est un brillant 5e album qui rassurera les plus frileux des fans de Polkadot Cadaver. Car non, messieurs Smith et Stepp ne prolongent pas la mutation électroïde qu’on aurait pu croire enclenchée sur Get Possessed. Pas de virage Synthwave, pas de délires Nintendocore, pas d'expérimentations Dubstep Metal : le groupe revient à ce qu’il fait de mieux depuis ses débuts, i.e. un Nawak Metal inquiétant, psychotique même, et pourtant foutrement séduisant, quand il n’est pas carrément dansant.
6 COMMENTAIRES
noideaforid le 10/01/2024 à 14:01:54
Get possessed/last call... faisait une différence avec les albums de dog fashion disco(ce côté plus electro, plus sombre etc) Echoes Across The Hellscape est bien mais il j'ai du mal à ne pas penser a une sorte suite de cult classic( qui était quand même bien sombre aussi dans les albums de DFD
cglaume le 10/01/2024 à 16:13:55
La frontière entre les deux groupes a toujours été assez poreuse en fait (mais qu'importe pourvu que le kiff soit au rendez-vous 🙂)
noideaforid le 10/01/2024 à 17:14:09
Smith et Stepp seront toujours kiffant. C'est juste que je me sens toujours un peu frustré de sentir qu'il manque parfois ce petit truc ''commercial''.Ce morceau qui fera mouche auprès d'un plus large public pour venir faire quelques dates en Belgique/France.
Et rien n'a voir mais merci pour les références de films avec des clowns. le troisième en moins d'un mois :D
cglaume le 10/01/2024 à 20:35:39
A propos des clowns, c'est possible que je radote un peu 😅 J'ai remarqué qu'il n'est pas rare qu'au sein de chroniques écrites au cours d'une même période, des sujets identiques soient abordés 😁
noideaforid le 13/01/2024 à 16:22:54
l'année passée c'était les hommes musclés aux torses poilus avec des épées en mousse 😀
cglaume le 13/01/2024 à 17:50:47
Je crois que je recommence dans la chro du nouvel Exmortus (à venir bientôt) 😅😅
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