Refused - Songs to fan the flames of discontent
Chronique CD album (30:27)

- Style
Punk-hardcore - Label(s)
Victory (US), Startrec (Suède), We Bite (Allemagne) - Date de sortie
7 juin 1996 - écouter via bandcamp
Refused font à mon avis partie de cette catégorie de groupe à la reformation que je qualifierais de malheureuse.
Le groupe, ne parvenant pas à concilier leurs idéaux et leur façon de voir la vie avec le succès de leur tonitruant The Shape of Punk to Come, s'était séparé en 1998, suite à un dernier concert aux Etats-Unis d'ailleurs interrompu par la police au bout du troisième morceau.
Si vous n'avez encore jamais entendu The Shape of Punk to Come, rendez-vous service et faites-le dès à présent. Vous y trouverez, comme son nom prophétique l'indique, pas mal de recettes qui ont fait fureur dans le punk-hardcore du tournant des années 2000.
Mais fort heureusement, c'est ici non pas à la phase post-reformation mais à l'album précédent (et second du groupe) que nous nous intéressons : Songs to Fan the Flames of Discontent. Car après 2012, ce qu'a proposé Refused a été.... discutable, disons.
Bien moins connu que son illustre successeur, cet album sorti en 1996 n'en est pas moins un véritable brulôt punk-hardcore contestataire dans la veine de ce qui a fait la grandeur de Refused, et il s'agit pour moi de l'un des grands classiques du style. Et là encore, son nom reflète extrêmement bien son contenu : les chansons pour attiser les flammes du mécontentement qui brûlaient déjà chez Refused avant même qu'ils n'annoncent la forme du punk à venir deux ans plus tard. Le nom de l'album est d'ailleurs inspiré d'un vieux livre de chansons édité par l'IWW (Industrial Workers of the World, aux origines anarcho-syndicalistes).
Cette époque, la deuxième moitié des années '90, est fort propice au foisonnement des groupes qui deviendront légendaires en Suède : l'année suivant la sortie de Songs to Fan The Flames of Discontent, Breach sortent It's me God. L'année précédente, un autre groupe surgit de la petite ville d'Umea, dont Refused sont eux aussi originaires, avec un album mastodontique, un certain Destroy Erase Improve, vous en avez peut-être déjà entendu parler. Et si on rajoute un Slaughter of the Soul par exemple, on commence à avoir un beau panier. Un vrai coin à champignons.
Bref, l'album dont on parle aujourd'hui est véritablement l'antichambre de celui qui les fera exploser (dans tous les sens du terme) deux ans plus tard.
Bien qu'il soit un poil moins aventureux, un peu plus strictement ancré dans le punk-hardcore, on y trouve déjà ses aspects bondissants qui dérivent depuis ses racines vers des contrées iconoclastes qui explorent quelques arrangements stylistiques, à contre-pied du HxC « à l'américaine » de l'époque : un groove comme celui de « Coup d'état » (un de mes morceaux préférés du groupe, tous albums confondus), une tension palpable comme celle de « Life Support Addiction », les accalmies de « Return to the Closet » qui préfigurent déjà l'album à venir, les riffs qui tuent de « Last Minute Pointer »...
Tout ici donne envie de tout casser. Et c'est d'ailleurs un peu dans cet esprit que Refused propose dans cet album. On vous l'a dit, tout est dans le titre : il s'agit ici de souffler sur les braises, voire d'y balancer du combustible.
Songs to Fan the Flames of Discontent navigue donc avec aisance entre le punk, le hardcore, des paroles toujours engagées et souvent largement compréhensibles (« It's not OK to pretend everything's alright... », « I will hold your burning flag in my hand as I'll watch your empire fall, because I know it will. I will not die for you, I will not kill for you, I will no fight for you. I will have my coup d'état. »....) et une succession de plans vraiment bien amenés empruntant à toutes les nuances de rock énervé.
Les transitions entre les riffs et les morceaux sont toujours ultra fluides, l'album vole tout seul comme un pavé dans une vitrine de banque, les tempos varient et ne restent jamais enfermés sur eux-mêmes : jamais la sensation d'ennui ou de répétition ne vient s'immiscer dans l'écoute.
25 ans plus tard, ces morceaux ont toujours une certaine forme de modernité, et en tout cas de fraîcheur, dopée par la sincérité du propos et l'énergie de la musique. Bref, un disque indispensable du style à mon avis, et qui aura servi de marche-pied à Refused pour qu'ils atteignent leur forme finale avec The Shape of Punk to Come. Si ce dernier est légendaire, Songs to Fan the Flames of Discontent est a minima excellent, et je les écoute personnellement autant l'un que l'autre.
A écouter avec des gants ignifugés et sans se préoccuper des débris de verre brisé.
2 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 25/07/2022 à 09:06:17
Quand REFUSED faisait encore du Punk HxC : un classique !
Dams le 29/07/2022 à 12:23:23
Un Hardcore brut de décoffrage, un exemple d'album du genre.
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