Richard Henshall - Mu Vol. I

Chronique Maxi-cd / EP (22:42)

chronique Richard Henshall - Mu Vol. I

Écouter une œuvre comme Mu Vol.1 est un bon moyen de se rappeller que notre musique préférée – celle qui file des tartes autant que des frissons, qui s’envisage rarement sans guitare ni électricité, et qui muscle conjointement index et auriculaires – que notre musique préférée, disais-je, ne se résume pas simplement à de gros décibels gouleyants, mais qu'il s'agit de rien de moins que d’Art. Car cette sensation de vivre quelque-chose de plus grand que notre médiocre quotidien, cette impression de pouvoir accéder au Beau dans son expression la plus pure, cette prise de conscience de la connexion privilégiée qui existe entre nos oreilles, notre cerveau et notre « âme » (prise ici dans son acceptation non religieuse), il n’y a que l’art qui puisse les procurer.

 

… C’est donc non seulement au titre d’EP qui déboite, mais également en tant que véritable œuvre d’art à part entière, que l’on peut qualifier cette dernière sortie de Richard Henshall de chef d’œuvre.

 

Mais je m'emballe, j'alléluiate, et vous êtes à 2 doigts de penser que je me suis fait embrigader par la secte des Adorateurs du Grand Mu. Endossons donc à nouveau la cape du gratte-papier au sang froid en commençant par solidifier un brin les fondations de cette chronique à l'entame décidément plus fébrile que factuelle. Sachez tout d'abord que ce M. Henshall est le fondateur / claviériste / guitariste du groupe Haken – entité Prog britannique qui règne au plus haut des cieux, aux côtés de Leprous, Vola et mille autres formations que vous connaissez mieux que moi. Le bonhomme évolue également au sein de To-Mera, Nova Collective et Opinaut. Mais comme il est de nature insatiable, il lui a également fallu s’exprimer en solo. Ce qui a abouti en 2019 à l’album The Cocoon – que vous pouvez vous procurer en version classique ou instrumentale. Point de tel choix en revanche pour ce premier EP, qui ne propose nulle version chantée, lui, et qu’on nous présente comme le premier mousquetaire discographique d’une brigade de trois – les titres des deux prochains étant relativement faciles à deviner, pour le coup.

 

Mu Vol.1 c’est la subtilité, l’élégance, la fraîcheur. C’est une délicieuse gourmandise Prog/Jazz/Metal à la technique affutée tel un scalpel laser, mais ne sombrant jamais ô grand jamais dans l’esbrouffe. Car qu’il s’agisse de la batterie extraordinaire de sensibilité de Lang Zhao, des rares interventions ciblées du saxo d’Adam Carrillo, ou des délicats chapelets de notes du grand « Hen », toutes les composantes de cette mélodie du bonheur de 22 grosses minutes sont au service d’un dessein unique : rendre visible aux non-voyants le spectacle à la fois grandiose et ordinaire d’une nature où fourmille une vie évoluant à couvert, entre ombres fraîches et lumière bienveillante, dans un écrin originel verdoyant. Pensez Scale The Summit, Navian, Night Verses, ou un Animals As Leaders muni d’une petite fleur des champs au coin du bec. Imaginez quelques pointes Djent légères et sporadiques, du piano clairsemé, quelques samples saupoudrant des échantillons de « vraie vie » au milieu des instruments… Et – joie – de  formidables emballements cardiaques, quand les fils mélodiques et rythmiques s'enchevêtrent pour former de ces cordes musicales capables, le temps d’un état de grâce artistique, de relier humains et étoiles.

 

Profondément organiques, à la fois fragiles et monumentales, tout en retenue virtuose et en broderies hautement évocatrices, les quatre compositions ici livrées par Richard nous transportent. À un tel point que – vous le constatez en ce moment-même – ma plume jaune citron se laisse aller à des épanchements flirtant avec l’emphase précieuse du critique de Télérama vantant les mérites d’une Palme d’Or particulièrement poignante. Que l’EP nous emmène suivre la course paisible d’un ruisseau caressant les galets, ou celle de l’astre solaire envoyant un dernier salut vespéral à une baie d’outre-Mer, on finit par oublier le caractère purement instrumental de l’exercice, tant les images perçues et les émotions ressenties sont captées par le cœur, et non plus simplement par les oreilles et le cerveau.

 

… Mais il est grand temps d’arrêter ici cette logorrhée chroniquatoire : porté par le mélange d’endorphine et de (semble-t-il) cocaïne fourni à foison par ce merveilleux dealer auriculaire, je finirais par écrire des âneries de plus en plus ésotériques…

 

(... plutôt que de perdre de précieuses secondes à terminer la lecture de ces lignes, courrez donc essayer, vous aussi, cette formidable came !)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : sur les quatre titres constituant Mu Vol.1, Richard Henshall (from Haken, mais oui !) nous fait oublier nos tracas, nos vies terre-à-terre, les milles cruelles banderilles de l’actualité, et même jusqu’au caractère instrumental de son expression artistique, pour nous propulser, par la seule force de sa sensibilité et de la virtuosité de son Prog Metal, dans un tableau naturel sublime semblable à ce que l’Éden originel est censé être dans l’imaginaire des doux rêveurs. Fans de Scale The Summit, Navian, Night Verses, Animals As Leaders : à vos marques, prêts… Kiffez !

 

 

 

photo de Cglaume
le 24/10/2024

2 COMMENTAIRES

papy_cyril

papy_cyril le 24/10/2024 à 12:23:42

c'est parce que j'ai parlé de Mu Vol II dans les news ?

cglaume

cglaume le 24/10/2024 à 12:44:42

Non non, c’était en base (et dans ma collec’ Bandcamp) biiiiiiiien avant 😉

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