Skineater - Dermal Harvest

Chronique CD album (37:26)

chronique Skineater - Dermal Harvest

Pour rester sur la juteuse lancée de The Inheritance (de Witherscape) et – petit "plus" maison – pratiquer une activité qui reste encore de saison, CoreAndCo vous propose d’aller moissonner les champs du death metal suédois à bord de la moissonneuse-batteuse Dermal Harvest. Sûr que c’est là une belle occasion à saisir, les aggressive agricultors de Skineater s’étant consitués en l’une de ces super-coopératives comme il en fleurit régulièrement en Scandinavie, unissant pour l’occasion les forces d’anciens In Thy Dreams, d'un ex-Carnal Forge à la basse et au chant, et d’un non-seulement-mangeur-mais-également-marteleur de peaux ayant crapahuté avec Defleshed et Dark Funeral – Matte Modin, pour les connaisseurs. Je vous fais grâce du reste du CV de la troupe... Bref, du beau monde, ce qui laissait d'emblée présager d’une récolte généreuse de gros son.

 

Sans surprise, l’alliance d’un matériel de qualité et d’hommes d’expérience a cette fois encore abouti à la création d’un produit léché et alléchant, porteur de l’inimitable touche « Made in Sweden ». A la fois furieusement evil (sans pour autant manger du petit Jésus) et gorgé de mélodie, Dermal Harvest nous rappelle Decameron, Hypocrisy, le côté le plus brutal d’Edge of Sanity, voire Bloodbath dernière mouture. La virulence de certains assauts, additionnée à la complémentarité d’un duo de growleurs – l’un œuvrant dans le lâcher de bile quand l’autre reste plus dans la rocaille –, va même jusqu’à évoquer parfois les mangeurs de missel de Deicide (période The Stench of Redemption, forcément).

 

Alors, il est pas sexy le tableau? D’autant que si les mélodies épiques et flamboyantes sont ici nombreuses, les grosses accélérations thrash réminiscentes de Carnal Forge sont également de la fête (tiens, paf! au début de « Your Life Is Mine », et vlan! sur « Thousand Dead Faces », peu après la barre des 2 minutes), et de son côté le père Matte déchaîne régulièrement les forges d’Hadès en blastant comme un Cétautomatix qui aurait mis les doigts dans la prise. Ce dernier semble tout particulièrement tenir à nous rappeler qu’il n’est pas dans ses habitudes de piquer un roupillon quand il s’assied derrière son kit: c’est qu’il faut agripper son dentier à 2 mains pour ne pas se le faire souffler sur l’ouverture de « Thousand Dead Faces », dans le blizzard blackisant de « Solitude Discord » ou encore lors de l’assaut « Through The Empire ». Au final, ce mélange habile et éprouvé de caresses et de baffes métalliques accouche de petites pépites parfaitement calibrées telles « He Was Murdered », « Through The Empire » ou encore « Stab ».

 

Mais si les indéniables qualités de Dermal Harvest permettront de rassasier les bons (mort-)vivants avides de bonne chère (chair!) death metal[Ikea], l’album de n’inscrira pas non plus dans le Top 10 2013. C’est qu’en dehors d’une poignée de bons titres, la popote de Skineater peut se résumer à un assemblage de bonnes choses déjà entendues en d'autres lieux, les refrains étant par ailleurs bien plus marquants que des couplets / transitions parfois un peu plan-plan. Sans compter que les emprunts aux copains sont parfois méchamment criants, comme sur « Drifting » dont le démarrage semble directement extrait de Testimony Of The Ancients (Pestilence), ou sur « Bring Them » qui emprunte à Carcass l’un de ses riffs les plus marquants (à 1:18 par exemple). Et puis « Made Of Godsick » bande sacrément mou quand même...

 

M'enfin dans l'absolu, les amateurs de death mélodique virulent ne devraient pas avoir beaucoup de réclamations à porter à l’attention de Skineater. Avec une poignée de bons petits brulots propulsés par une batterie qui ne lésine pas sur le mode essorage, ce 1er album contentera le plus grand nombre, même s’il ne vient pas directement placer le groupe dans les incontournables du genre… En même temps le genre en question est-il tellement surreprésenté de nos jours? Non, et c’est pour ça, entre autre, qu’on n’a vraiment aucune raison de vouloir faire la peau à ces pachy-dermes (ce festival de blagues, tu le crois lui!!!) suédois.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec son death suédois mélodique mais virulent, Dermal Harvest s’adresse tout particulièrement aux amateurs de l’unique opus de Decameron qui en auraient voulu plus, notamment un successeur de My Shadow… boosté par une batterie au blast tonitruant.

photo de Cglaume
le 02/10/2013

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