Skourge - Torrential Torment

Chronique CD album (29:01)

chronique Skourge - Torrential Torment

Sous la plupart des chapiteaux Metal du web, avant que Skourge ne déboule sur la piste aux étoiles pour balancer sa grosse plâtrée de décibels, la plupart des MM. Loyal annoncent celui-ci comme un impressionnant acrobate maîtrisant comme personne l’art du Metal Hardcore, du Crossover Thrash, ou tout autre appellation équivalente désignant l’alliance des grands coups de médiator avec les gros coups de boule. Tiens, regardez : pas besoin d’aller plus loin que Metal Archives pour entendre ce discours. Sans parler des propos de mon Cromy de collègue qui, il est vrai, voit la poutrasse HxC dans l’œil du voisin plus vite encore que la paille dans sa propre narine (… en fait il marche à la binouze, mais la coke m’arrangeait plus pour finir ce paragraphe sur une pirouette).

 

Alors moi je veux bien… C’est vrai que les Power Trip, et plus encore les Xibalba ont habitué les oreilles tatouées à voire du Core un peu partout. Sans compter que ces dernières années des sagouins ont rien fait qu’à tremper leur street cred’ dans ce bon vieux Swedeath qui n’en demandait pas tant (ouais bah moi, les zombies, je les préfère en décomposition plutôt qu’en train de taper dans des sacs de sable au fond d'une salle de sport du Queens… chacun mes goûts, d’abord !). Du coup il n’est pas incompréhensible que certains entendent d’abord des guitares gangsta là où j’entends surtout une averse de basalte.

 

… M’enfin quand même, vous n’allez pas me dire que sur ce Torrential Torment vos sens ne vous hurlent pas le nom d’Obituary au visage ?? Allez quoi, c’est gros comme le nez au milieu de la figure de Depardieu !

 

Et je ne vous parle même pas des dégueulantes que Seth Gilmore déverse dans le micro, ce serait trop facile – parce qu’effectivement, le gugusse a un chat en forme de John Tardy dans la gorge. Pas besoin : même en mode instrumental, on distingue sans mal la redneck attitude des cinq Floridiens. Vous patientez juste trente petites secondes sur le morceau-titre, et BAM, break décélérateur, et soudain vos pieds se retrouvent lestés de ce genre de plomb que les Zobit’ ont l’habitude de laisser couler par dizaines de litres de leur pesantes guitares. On passe à la piste suivante ? Après quelques petites secondes pendant lesquelles on se demande que diable le titre « Abominations » (cf. Blessed Are The Sick, voyons !) peut bien foutre ici, on laisse couler un peu de rage pétaradante, et à nouveau BAM, on se retrouve les deux bottes engluées dans du riff bovin, dans du ralentissement adipeux, dans du gras pas fin.

 

De simples saveurs sporadiques, dites-vous ?

 

Et le pesant mouvement de balancier de « Freedom Denied », qui traîne ses oscillations comme un septuagénaire beurré au calva en fin de banquet dominical, c’est pas la marque de fabrique mamouthesque des géniteurs de The End Complete peut-être ? Et la difficile avancée à travers un océan de slime que suggère « Hallucinator », c’est pas typique de l’indolence cannabissée qui dicte à Trevor Peres ses placements de doigts sur le manche ? Et la lourde chape paralysante qui s’enfonce dans votre abdomen, centimètre après centimètre, sur « Old Gods Return », c’est pas ainsi que les pionniers du Death baveux achèvent leurs victimes habituellement ?

 

Oui je sais, je sais : au cours de cette petite demi-heure, ça grésille pas mal de la basse, ça soulève avec hargne des copeaux métalliques, ça mord, et ça breake comme s’il fallait soudainement réveiller le pit : j’ai pas dit que le jeune Obituary texan qui sort ici son premier album ne porte pas une casquette sur la tête, un bermuda trop large, et un logo Madball tatoué sur le mollet. Évidemment que ce groove sent le dessous de bras de gorille, et que cette frugalité rugueuse sent le punk rageux. D’ailleurs, parmi les 2 démos et 4 EP que les zazous ont pondu avant de se décider à faire ce premier pas longue durée, on trouve une sortie au nom peu ambigu : Hardcore Up Your Ass. Mais on peut aussi voir dans ce côté cracra, dans cette disto’ bouillonnante et ce côté ostensiblement cru un moyen de raccrocher leur musique à la patère Chris Reifert, le Monsieur ayant toujours confectionné son Death Metal de manière à conserver cette dimension « proto- », proche des origines crapoteusement Punk du genre.

 

Maintenant qu’on a bien gaspillé notre énergie à savoir si Torrential Torment est plutôt DuponD ou DuponT, intéressons-nous à la seule chose qui compte : il déboite ou non ce premier album ? Eh bien plutôt Bruno, les Texans ayant su retrouver le filon originel qui faisait toute la saveur de Slowly We Rot : cette pesanteur malsaine, ces ralentissements monolithiques, ces riffs basiques mais entêtants à même de convaincre les champions de karaté du pit comme ceux qui vouent un culte aux Morrisound studios. Et notre nuque d’acquiescer, notre cerveau de régresser, notre besoin de gros son d’être rassasié. C’est sûr, on ne tient pas là l’étincelle qui enflammera la scène et déclenchera la prochaine révolution métallique… Mais cette friture-là est de celle qu’on appréciera toujours grignoter dans la tourmente d’une fosse, le gobelet à la main laissant échapper de grosses larmes de Kro, tandis que les potos essaient de vous attendrir la viande sous prétexte que « In da pogo there is no law » ! S’il vous fallait plus de finesse, si cette rugueuse demi-heure vous irritait vilainement les muqueuses, on vous conseillerait plutôt d’aller plutôt voir chez les progueux si l’herbe est plus verte : car au Skourge catholique, l’accueil est sympa, mais la collation reste sommaire…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: c’est donc sous le nom de Skourge que les vétérans d’Obituary ont décidé de mettre de l’eau Hardcore dans leur vin Death Metal. Et on peut le dire : le résultat est franchement convainquant, ce mariage de l’abrasivité inventive de Slowly We Rot avec la lourdeur définitive de The End Complete dans un grand bain de décibels s’avèrant grassement jouissif. Alors c’est sûr, ça rassasie la faim de gros son avec de grandes louches de riz au saindoux plutôt qu’avec du cuisseau de chevreuil cuit à basse température… Mais l’oreille affamée n’est pas regardante. Comment ? Ils sont Texans ? Et pas un seul Tardy dans le line up ?? Comment donc… ?

photo de Cglaume
le 27/06/2023

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 27/06/2023 à 07:55:21

Un chainon manquant sauvage comme il faut

zeb

zeb le 01/07/2023 à 08:44:06

il va falloir que je me penche un peu plus la dessus. et sinon Obituary a toujours été (à mes oreilles) le plus HxC (et le plus doom aussi) des groupes de death de la 1er vague.

cglaume

cglaume le 01/07/2023 à 08:52:05

D’accord avec le constat 👍

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