Stam1na - X

Chronique CD album (47:05)

chronique Stam1na - X

Ce X-là ne doit rien aux caprices d’Elon Musk. Stam1na a bien plus à voir avec les grognements du ptérodactyle qu’avec le gazouillis du passereau bleuâtre.

Ce X-là n’est ni épilé, ni dégoulinant de cyprine, et quand il pratique la double, c’est de pédale dont il s’agit (… on parle de batterie bande de vauriens !). Vous n’êtes pas concentrés : on a dit Stam1na, pas C’te Minou !

Ce X-là n’est pas de ceux contre lesquels on porte plainte… Au contraire : on aimerait que plus d’exactions musicales de cette trempe soient commises !

Ce X-là, pour tout vous dire, est le numéro affiché fièrement en travers du maillot de ce capitaine de discographie. Car oui : le X en question est romain, et il signale que l’album dont il coche la couverture est le dixième sorti au long d’une carrière commencé en 1996.

 

… Fichtre !

 

« Je suppose que si X est la première des progénitures discographiques à arriver jusqu’à nous, c’est que les neuf précédentes étaient médiocres, banales, insipides… De la graine de chauffeur de salle un vendredi soir à la MJC de Grougnac-les-Farcis ? Pas vrai ? »

 

Alors évidemment, tout est affaire de goûts. M’enfin les faits contredisent méchamment l’hypothèse ci-dessus. En effet :

- depuis l’album N°3, chacune des sorties longue durée des mus1c1ens aujourd’hui mis à l’honneur a atteint le sommet des charts finlandais

- nombre de ces sorties ont été certifiées Or ou Platine

- pour récompenser leurs hauts faits, nos am1s ont reçu six Emma awards, l’équivalent local des Grammy

 

La nullité des prédécesseurs de X semble donc une explication assez peu plausible à la quasi-absence du nom Stam1na au sein des feuilles de choux spécialisées que nous parcourons régulièrement, qu’elles proviennent de kiosques réels ou virtuels. Il semblerait donc qu’on ait du pain sur la planche si l’on souhaite rattraper notre retard !

 

Mais concentrons-nous pour le moment sur cette sortie datant de la fin septembre dernier. En un mot (… six, pour être exact) : « C’est d’la bombe, Bébé » ! En effet X nous balance de ces missiles Thrash endeathifiés tels que The Haunted et Carnal Forge les confectionnaient à leurs tout débuts, quand « 2000 » sonnait encore futuriste. Écoutez ces riffs qui foncent à la vitesse du cyber-canasson passé en mode Turbo-boost, là, sur « Kombustio », « Muistipalatsi » (à 0:38, on plonge dans une version 2023 du célèbre « Hate Song »), ou encore « Kivun Kieli », et sentez votre pouls s’accélérer à l’unisson…

 

Sauf que X brasse plus large. Il réactualise également le répertoire de ce Soilwork superbe qui tatanait méchamment à la même époque. La comparaison prend notamment acte de ces refrains grandioses en chant redevenu clair, ainsi que de ces nappes plus ou moins discrètes (on aurait aimé qu’elles le soient plus sur « Taivas ») qui distillent des ambiances légèrement futuristes.

 

Vous en voulez plus ? Stam1na vous offre pour le même prix un échantillon de Meshuggah (tiens, au début de « Kivun Kieli », et via ce récurrent recours aux saccades), de juteux contrastes « Assauts de Golgoth Vs Accès de Grâce divine » rappelant les entre-deux devino-strappinguiens, du growl, du shriek (certains morceaux s’emblackifient franchement par moments), du chant féminin (rien que des traces, sur « Utopia »)… Ainsi que de faux airs de Waltari, parfois. Car nos lascars ont opté pour le « Tout finnois ». Et il est vrai que ce curieux sabir des contrées septentrionales, comparable à un japonais européanisé prononcé avec des hameçons plein la bouche, ne croise pas si souvent notre route, si ce n’est sur les albums de la bande à Kärtsy Hatakka.

 

Alors c’est vrai, j’ai laissé échapper l’info au détour d’une phrase, l’air de rien, là, un peu plus haut : il arrive que certains passages de X glissent un petit poil trop dans le Barbapapa Metal. Tantôt à cause du clavier, trop proéminent sur « Taivas » (mais après tout vous aimez Amorphis, non ?). Tantôt à cause de certains passages faisant un peu trop dans le câlin, et pas assez dans la bagarre (cf. le refrain de « Muistipalatsi », ainsi que ce morceau-titre trop tiède et lisse pour terminer l’album de façon complètement satisfaisante). Mais une fois ce constat de perfectibilité établi, on ne peut qu’abandonner les armes face à cette succession de tubes à la fois accueillants et vigoureux. Et si le quarté de tête place la barre très haut (Je ne vous ai pas parlé de « Vereen Piirretty Viiva » ? De l'optimisme resplendissant, droit dans vos gueules !), la suite de la tracklist offre de multiples autres occasions de voir en la Finlande un pays où demander l’asile le jour où le RnB et la Variété française seront déclarés religion d’état par un Ministère de la Culture passé à droite toute.

 

Si l’on avait imaginé finir cette chronique sur un « Stam1nable », on aurait été sacrément emmerdé ! Car X nous aura réchauffé comme personne oreilles et tripaille au cœur de l’hiver dernier. Alors un conseil : pour éviter les engelures mal venues et les humeurs maussades, ajoutez cette imposante nouvelle bûche discographique dans le foyer de votre enthousiasme métallicophile, et laissez agir… Une fois ragaillardi, vous verrez : vous aussi vous serez prêts à déclarer la guerre à la Finlande si celle-ci s'obstinait à vouloir garder exclusivement pour elle ce secret trop longtemps et trop bien gardé !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : la fougue riffée du Bulldog Thrash pratiqué par The Haunted et Carnal Forge il y a de cela un quart de siècle. Les éclats mélodiques du Soilwork des alentours de l’an 2000. Les entre-deux éblouissants de puissance et de grâce du Janus devino-strappinguien. Plus la langue fleurie de Waltari. Voilà les ingrédients du succès de X, dixième album d’un Stam1na multi-récompensé dans sa Finlande natale, mais qui reste encore à découvrir par les rugueux mélomanes de nos contrées reculées.

photo de Cglaume
le 16/02/2024

2 COMMENTAIRES

noideaforid

noideaforid le 21/02/2024 à 21:47:44

Le morceau Utopia est vraiment planant (une absence à la première écoute,j'adore quand mon cerveau est en off comme ça).
Et chapeau pour la chronique, pas évident de vendre un album en finnois et qui en+ pioche dans pas mal de style métal assez ciblé tout en laissant des refrains en tête. 

cglaume

cglaume le 22/02/2024 à 06:40:09

Merci !
Et des retours que j'ai eus, il y a un gros paquets de pépites à aller dégotter dans la discographie passée du groupe...

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