Swans - The Glowing man

Chronique Vinyle 12" (118:00)

chronique Swans - The Glowing man

Le cygne revêtu de sa parure de phénix avait surpris et ravivé les émotions les plus intenses lors de son come-back en 2010.

My father will guide me up a rope to the sky, est de ce genre d'albums – identitaire et inclassable – qui pose les jalons de l'Histoire de la musique, écoutes après partages. Swans est, un comble, après toutes ces années, un secret toujours jalousement gardé.Maintenant, l'on sait que ce retour n'était pas prémédité.
Après de nombreux déboires, Gira, le patron de l'entreprise, se tapissait dans l'ombre de sa pré-soixantaine, accoudé à des inspirations plus acoustiques et folk.

Seulement, voilà l'appel du grand barnum rock'n'roll était trop insistant.

 

Ce qui aurait du rester au rang de coup d'éclat, se mua en une incroyable trilogie dont la pièce maîtresse, The Glowing Man, voit le jour en ce début d'été 2016. Ainsi Gira et les siens auront pris le temps de 3 albums, pour créer ce qui apparaîtra comme une Oeuvre Rock Majeure. Il y'a fort à parier que mes successeurs dans les années à venir s'y référeront avec retenue et admiration. C'était mieux avant – qu'ils diront.

The Seer nu et accessible (la présence de Jarboe et celle de Karen O des Yeah Yeah Yeah's), To be Kind traversé par l'excellence, se retrouvent et se complètent dans les 118 minutes finales d'une oeuvre monumentale. L'Art de la tension entre fragilité et puissance poussé à son paroxysme.
J'ai longtemps pensé que le précédent opus était le point final tant je ne pouvais imaginé une surenchère qui ne ne finisse inévitablement par se vautrer.
 

On retrouve l'assistant attitré de tout l'intelligentsia indus de ces 25 dernières années, Bill Rieflin dans sa peau de multi-instrumentiste toujours à l'affût. Okkyung Lee – du label Tzadik – joue les parties de violoncelle. On est loin du who'swho auquel on s'attend lors de pareille sortie. Raison de plus de prendre pour comptant, la volonté de clore un chapitre, selon Gira qui a écrit un peu partout que ce disque était le dernier des Swans sous la formule actuelle.

Le groupe, comme un seul être, parvient à produire des climats intenses en jouant avec les dispositions chamaniques de leur leader et un mise en place instrumentale tirée au cordeau. Et ça envoie ... il n'y a pas d'autres mots.

 

Bien sûr, on retrouve des plans entendus dans les 2 précédents opus, ...parlez d'un concept ! « The Glowing man », la plage titulaire, est l'exercice rock, simple, et répétitif par excellence. Un acte de foi en soi. Le titre est a rangé dans les pièces cathartiques de l'oeuvre. Longueur, intensité et puissance que l'on retrouve dans « Frankie M » et le dyptique d'ouverture.

« The world looks red/The world looks black » contient un texte de Gira, figurant sur le Confusion is sex de Sonic Youth.

 

« When will I return » parle de courage, de force et d'abnégation. Chantés par la femme de Gira, Jennifer ; qui les propulsent au rang des singles improbables ; les mots ont une résonnance particulière. Gira fut accusé de viol au début de la promo de sortie du disque. Des actes remontants à 2008, envers Larkin Grimm, une artiste du label maison. Reconnaissant de loin, des faits, Gira et sa femme répondront aux accusations de Grimm via presse et Facebook interposés.

 

« People like us » et le terminus « Finally Peace »abordent des versants plus abruptes et directs, sans jamais tomber dans la facilité, il va de soi.

 

Chose assez rare, Gira donne ses impressions sur la page bandcamp du label. Tant à propos du disque, ses passages favoris, les difficultés ; que sur la vie du groupe, les tournées, le trop de tout à un moment donné.

Il donne des indications sur l'après, un virage musical qui s'impose.

La première incarnation des Swans était rêche, tendue jusqu'à l'inaudible. L'arrivée de Jarboe, donnera des pièces essentielles pour adopter le monstre. Le second chapitre, Angels of Light (et les albums solos) seront plus anecdotiques ou trop introspectifs pour que l'on s'y attarde.

Cette mue lente et continue de 2010 à cet opus, se repaît de tous les éléments précités. Le cygne déploie ses ailes avec envergure jusqu'à s'envoler (tel le phénix) vers une nouvelle vie.

 

Bon vent.

 

photo de Eric D-Toorop
le 27/05/2017

2 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 29/05/2017 à 16:18:56

De grands moments sur ces 4 CD des deux derniers albums.
Quand je ne sais plus quoi écouter, quand je n'ai plus envie de rien, ces disques font du bien car ils font rêver.
Que demander de plus?

el gep

el gep le 21/01/2019 à 22:37:58

Ça peut être un peu chiant selon comment on se sent.
Mais j'ai carrément eu des visions d'apocalypse rédemptrice pendant la première partie de "Frankie M".
Par exemple...

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