Tinnitia - EP 2008

Chronique mp3 (27:49)

chronique Tinnitia - EP 2008

Imaginez. Vous êtes un fan boulimique de Nawak Metal. En vous promenant d’un pied agile de par les vertes prairies musicales de Bandcamp, vous tombez sur un groupe qui fait rien qu’à agrémenter ses sorties du tag « mrbungle ». Du coup vous voulez en avoir le cœur net et écoutez un 1er morceau… Diable, ça sent fort le Faith No More! Vous glissez donc fiévreusement vers la vitrine Facebookienne de ces espagnols – parce que oui,  c’est à la sangria madrilène que carbure cet EP – et là, que découvrez-vous? Les zozos sont influencés par Sleepytime Gorilla Museum, Mr Bungle, Primus, mais également Tool, Mars Volta, King Crimson, ou encore Slayer et Emperor. Dernier argument de poids auquel le Jiminy Cricket qui gère l’accès à votre portefeuille ne saurait rester insensible: le groupe a joué en compagnie d’Estradasphere, Ephel Duath, Unexpect, Sebkha-Chott et Secret Chiefs 3! Diantre, ça sent les gentlemen de bonne famille!

 

Conséquence logique de ces pérégrinations prospectivo-musicales, eh bien oui: pas besoin d’une imagination débordante pour comprendre que Tinnitia – parce que c’est d’eux qu’on cause… Hé, tu t’réveilles oui? – devait fatalement finir chroniqué sur le webzine du Core, Du Rock, du Broudôl, du Crust et du Nawak réunis!

 

Par contre, malgré l’expérience scénique déjà conséquente acquise par le groupe – qui, en même temps ça aide, est composé de membres éminents de groupes transpyrénéens pas forcément connus de ce côté-ci d’Andorre, mais aclamés par là-bas –, il se trouve que nous n’avons pas encore un seul album longue durée à nous mettre sous la dent. En effet, à l’heure où cette chronique est écrite, le groupe ne propose aux mélomanes de passage que le présent EP, ainsi qu’un live: Live at NomaNooirax Fest.

 

Très bien: attaquons-nous donc à ces œuvres – en commençant par l'épisode capté en studio.

 

Disons-le tout-de-go: Tinnitia n’est pas la nouvelle sensation Nawak qui viendra remplacer Osaka Punch ou Moron Police – découverts peu ou prou dans les mêmes conditions – au sein du carré très VIP où se nichent nos chouchous les plus chouchoutés. C’est que la composante « Prog tortillonneux » du groupe est tout aussi importante – si ce n’est plus – que sa face Nawak. Du coup, si les accents Faith No Moriens du morceau « Break » pourront faire illusion pendant 5 minutes et demi, puis, plus loin, de-ci de-là, lors de certains craquages apoplectico-Pattoniens, on se rend vite compte que le créneau du groupe se situe en fait moins proche du Pouët-Poil-Punk de Crotchduster que des sphères narco-expérimento-dandy de Kunamaka ou Aspirateur de Langue... Enfin, si ces 2 là avaient 1) un amour plus prononcé pour le metal chaotico-à-l’arrache façon TDEP 2) une tendance plus poussée à l’indolence Prog rebrousse-poil et aux approches de guingois.

 

Parce que si le côté barré et varié de la musique de Tinnitia lui donnent limite droit au label Fusion/Nawak, la démarche du groupe est plus objectivement à replacer dans le contexte du Metal Experimental. D’ailleurs les samples démarrant « Nice Wishes » et « Penitenziagite » sont emblématiques de cette tendance: avec d’un côté des passages d’un discours de Jacques Lacan, et de l’autre un extrait du « Nom de la Rose », nos amis font plus dans le café-philo quand dans le Boum-Tagada-Tsoin-Tsoin Circus Metal… Du coup c’est dans un tourbillon fiévreux mais « sérieux » que l’on croise de beaux petits refrains Rock/Fusion (« Nice Wishes »), quelques blasts et gros riffs noisy (vers la fin de « Penitenziagite ») ou encore de pachydermiques ralentissements (sur le bien nommé et long «Elephantiasis »). 

 

Bon, ça se sent à demi-mot je suppose: l’enthousiasme provoqué par la découverte d'une prometteuse nouvelle formation a cette fois été un peu atténué par le constat que la musique de Tinnitia est un poil trop arty et compassé pour qu’on puisse se laisser aller à de joyeux YOUPI-IL-EST-DES-NÔ-ÔÔ-TREUH... Qui plus est cet amour pour les passages caoutchouteux, maladivement planants ou accidentés a tendance à fortement réduire l’accroche de morceaux qui, pourtant, à la base, ne sont pas loin d’avoir tout ce qu’il faut où il faut. Cet EP fera donc avant tout la joie des amateurs de – en effet – Sleepytime Gorilla Museum, Sebkha-Chott ou de groupes sombres, complexes et tordus comme Maria Magdalena et Ni. Par contre si vous voulez vous taper une barre de rire en ondulant du popotin sur du Salsa-Djent-Core, passez votre chemin...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: si les espagnols de Tinnitia méritent sans problème le label Fusion et une reconnaissance de leur filiation logique avec les projets les moins Pop de Mike Patton, ils ne viennent pour autant pas jouer dans le bac à sable des cousins de la scène Nawak. Car sur cet EP 2008, le groupe s’épanouit plus ouvertement dans un Metal/Rock expérimental, Prog et tordu, qui parlera plus aux âmes dérangées qu’aux joyeux lurons arpenteurs de dancefloor.

photo de Cglaume
le 15/09/2015

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