The Andretti - The Silent Goodbye
Chronique CD album (47:29)

- Style
B.O. de film Nawako-Bunglien - Label(s)
Sorento publishing - Date de sortie
8 janvier 2024 - écouter via bandcamp
« Bienvenue, ami(e)s rétrophiles et nanaromaniacs, je suis M. Andretti, votre hôte pour cette première édition de la Nuit CoreAndCo du Cinéma d'Aventure. Au programme de ce soir : Les Tribulations d'un Chinois en Chine, Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon, James Bond 007 contre Dr No, et enfin Fantomas se déchaîne. De l'évasion, de l'action, des effets spéciaux en carton : le bonheur, en somme. Pour une expérience optimale, nous vous conseillons de vérifier que vous avez bien rempli votre réservoir à pop corn et vidangé votre citerne vésicale, de vous installer confortablement... Et c'est parti pour une soirée pleine de suspense et de rebondissements ! »
Vous avez vu cette pochette ? Joliment rétro, pensée comme une affiche de film : on a l'impression d'être invité à la projection d'un improbable Du Rififi à Athènes City ! Et rien d'étonnant à cela : il se trouve que, bien que l'unique chose que vous ayez peut-être retenue de Suicide, Italian Style – le premier effort longue durée de The Andretti – c'est qu'il s'agissait de l'un des meilleurs remakes de California depuis longtemps, le groupe nous avait annoncé dès le début qu'il n'y avait pas que Mr. Bungle dans sa vie. Cela s'est d'ailleurs vérifié dès l'EP Chaos Arcadia, bien trop Stoner psyché & co pour nos fragiles oreilles. Mais cela avait également été énoncé très clairement à travers les influences revendiquées par Joe Ferrara, ze bonhomme behind the band. Car parmi celles-ci figuraient en bonne place Ennio Morricone et Frank Sinatra, deux artistes qui – aux côtés de la bande à Patton, dont on ne se débarrasse pas si facilement – marquent fortement de leur empreinte les plus de quarante minutes que dure The Silent Goodye.
L'emphase hollywoodienne de films mus par une agitation intense, quoique légèrement datée. Les cuivres en smoking et les puissants projecteurs de Broadway. L'éternel sourire en coin d'un That Handsome Devil à gros budget. Quelques excentricités burlesques évoquant un Pierre Richard poursuivi par une tribu hostile dans une jungle de pacotille. Il y a tout cela – et bien plus – dans le deuxième album de The Andretti, celui-ci projetant tout un fantasque bestiaire cinématographique sur l'écran de nos paupières, dès lors qu'on décide de fermer celles-ci au cours de son écoute.
Alors non, c'est vrai : bien que vous soyez effectivement sur CoreAndCo, aujourd'hui pas de solo de bâtard, de blast ni de cris de cochons qu'on égorge. Ou en tous cas pas plus que dans California – ce qui signifie que, si, en fait, vous en aurez un peu de temps en temps (tiens, à partir de 2:47 sur « SuperEgoTeleDigiCyberParanioa », vous pouvez entendre Joe s'époumoner comme s'il auditionnait pour un poste au sein de The Dillinger Escape Plan). Pour vous accompagner le long de cette trépidante aventure musicale, il vous sera par contre proposé un orchestre de Jazz ayant avalé de la dynamite, une basse endorsée par Red Bull, tout un tas de percus et d'instruments plus ou moins improbables – comme le güiro, qui sied si bien à un morceau comme « Sweet Charity »... Ainsi que les formidables cordes vocales de M. Ferrara, qui croone comme un boss (écoutez « The Silent Goodbye Part 2 » pour voir), mais peut tout autant se déchaîner comme un Patton furibard, à l'occasion.
D'ailleurs, bien que l'on mette ici tout particulièrement l'accent sur la cinématographisation de la musique de The Andretti, que ceux qui avaient aimé Suicide, Italian Style ne pensent pas que, après Chaos Arcadia, le groupe leur fait à nouveau faux bond. Oh non. Car c'est très régulièrement que l'on a l'impression d'écouter un reboot du légendaire 3e album de la formation d'Eureka. Sur une grande partie de « Too Much Technology » par exemple – et en particulier à 2:07, lors des confessions « XXX is making me... nervous » –, on jurerait que Mike Patton a pris les commandes ! Mais c'est également vrai à beaucoup d'autres moments. Par exemple, tiens : si vous zappez sur le tumultueux « The Fall of Crystal Palace », et que vous vous placez juste à 2:21... Et la touche Nawak d'être même un peu plus variée que cela, car on a une pensée émue pour le swing de The Ultraviolent (Shanghai) sur le même « The Fall of Crystal Palace », mais aussi pour les cuivres urbains de Junk City (Lou Kelly)... Voire même parfois pour les joyeuses exubérances des Five Alarm Funk !
Alors si vous avez envie d'écouter la Panthère Rose courser une bande de grotesques mafieux, d'entendre Jean-Paul Belmondo faire la courte-échelle à Mike Patton afin de pénétrer dans le palais du Sultan de Jarawak (… ah non, ça c'est Bob Morane), et de finir la journée en sirotant un Vodka Martini au Malibu West Beach Club, tandis qu'un trompettiste accompagne de sa complainte cuivrée les au-revoir de l'astre solaire, il ne vous reste plus qu'à insérer The Silent Goodye là où ces choses s'insèrent, et de laisser The Andretti faire le reste...
La chronique, version courte : vous aviez aimé ce gros supplément de California que vous avait procuré Suicide, Italian Style, le précédent album de The Andretti ? Alors vous raffolerez de The Silent Goodye, qui vous en propose une nouvelle déclinaison, cette fois projetée sur grand écran... À déguster sapé en milord, au milieu du public d'un concert de Franck Sinatra.
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