The Zenith Passage - Datalysium
Chronique CD album (45:46)

- Style
Cyborg Brutal Tech-Death progressif - Label(s)
Metal Blade - Date de sortie
21 juillet 2023 - Lieu d'enregistrement Flatline Audio
- écouter via bandcamp
Dans la famille « Les bûcherons en exosquelette », vous avez déjà en main le papa Beneath the Massacre et la maman Archspire, et vous voudriez étoffer un peu votre jeu ? CoreAndCo vous propose le fiston The Zenith Passage. Si si, on est sûr qu’il s’agit de la même lignée, d'ailleurs ceux-ci viennent eux aussi d’outre-Atlantique – de Los Angeles si vous voulez tout savoir. Et puis les airs de parenté ne trompent pas. Parce qu’on se rappelle parfaitement où l’on a déjà entendu ces massive saccades au marteau-piqueur qui découpent l’espace sonore comme un forgeron du futur sculptant ses napperons d’acier au laser. On les connait également cette froideur de Golgoth aveugle et ces riffs insectoïdes qui stridulent à des fréquences proprement inhumaines (cf. les guitares qui débarquent à partir de 0:36 sur « Deletion Cult »). Aucun doute sur la filiation : la même puissance de feu colossale, la même absence de pitié, la même précision monomaniaque…
Si vous vous demandiez quelle musique passer en fond sonore pendant la soutenance de votre thèse « Metal & Transhumanisme : points de convergence », ne cherchez plus !
Mais sacrifions un instant au rituel de la lecture de CV. Datalysium est le 2e album d’un groupe démarré en 2012. Pour la publication de ce second tome longue durée, Justin McKinney – seul rescapé d’une coupe rase des effectifs – s’est entouré de vieux comparses, ex-The Faceless tout comme lui (parmi lesquels Brandon Giffin, qui a gratouillé sa basse en tant que live-mercenaire pour Cynic), auxquels il ajouté un Christopher Beattie inconnu au bataillon, mais manifestement très compétent derrière sa guitare. Dernière information d’importance avant de refermer ce paragraphe « Liste des ingrédients » : si l’on en croit Metal Archives, sur ces neuf titres c’est une BAR qui taffe. Alors je sais que mon oreille est faillible. Et que la froide modernité de la prod adoptée par le groupe offre un camouflage parfait. M’enfin j’aurais été bien incapable de déceler l’absence d’un batteur humain en ces lieux…
Datalysium, donc, aurait dû – comme bien d’autres (les derniers Venus, Stam1na…) – figurer en bonne place dans mon Top 2023. Car ce sacré album est largement à la hauteur des meilleures sorties des deux formations évoquées en tout début de chronique. Il faut dire qu’en plus d’une technique effarante et de compos qui secoueraient la pulpe du plus amorphe des kaijūs, celui-ci a encore d’autres atouts dans sa manche. Comme des mélodies et un groove dignes d’un Gorod qui se serait fait tout encyberifier (tiens, le premier riff de « Algorithmic Salvation »). Un clavier qui – lors des premiers actes (on y reviendra) – pose des nappes apportant une petit côté Blade Runner pas crado. Des coulées caoutchouteuses hybrides qui indiquent d’indubitables influences meshugguiennes (au début de « Divinertia I » par exemple). Des pauses en apesanteur, un rien new age parfois, qui rappellent méchamment Cynic, voire le Pestilence de Spheres, et contrastent habilement avec les assauts implacables du milieu desquels elles émergent.
Mais ce n’est pas tout. Figurez-vous qu’au cours des trois quarts d’heure que dure Datalysium, vous allez vivre une transition. Alors non, rassurez-vous : vous pourrez conserver vos gonades. Pas de réaffectation de genre forcée chez The Zenith Passage. C’est la musique des Américains, en revanche, qui va se transformer. Car si l’album démarre sur des titres plutôt courts, ne sortant que peu du registre « Ces torgnoles vous sont offertes par Goldorak », le ton, lui, va doucement évoluer, les morceaux s’allonger, s’étoffer, jusqu’à mériter de plein droit le qualificatif « progressif ». Ainsi le clavier – qui jusque-là n’avait le droit que d’instiller des ambiances futuristes diffuses – se voit petit à petit invité à participer aux mélodies. Jusqu’à en faire un peu trop d’ailleurs, l’intro de « Deletion Cult », ou le refrain d’« Automated Twilight » clignotant de manière un brin trop synthétique à mon goût. C’est même du chant clair qui s’invite sur les deux dernières pistes, ainsi que de petites « excentricités » : chœurs sacrés et orchestrations sur « Automated Twilight », solo bluesy sur « Datalysium »…
On finit d’ailleurs par se demander si l'on n’aurait pas basculé sans s'en rendre compte sur l’un des derniers Exocrine.
Il y aura bien sûr toujours des gens pour se plaindre de cette relative roudoudouïfication finale. Pour autant les morceaux continuent de latter violemment. Et puis une comparaison avec Exocrine, franchement : on fait pire, non ?
Mais c’est vrai que, jouons franc jeu : moi aussi, ce que je préfère avant tout sur Datalysium, ce sont ces charges cyclopéennes, cette toute-puissance surhumaine qui rendent « Algorithmic Salvation » et « Deletion Cult » – non, allez : l’intégralité des cinq premier morceaux – aussi hallucinants.
Une chose est sûre toutefois : cet album permet à The Zenith Passage de décrocher son sésame pour l’Olympe des Dieux du Brutal Death technico-mécanoïde. Et ce n'est pas parce que cette scène est assez peu encombrée (... existe-t-elle seulement ?) que ce n'est pas un exploit !
La chronique, version courte : la brutal froideur, la puissance cyclopéenne et la précision inhumaine d’Archspire et Beneath The Massacre. La volubilité hostile de Spawn of Possession et la mélo-groovicité d’un Gorod androïde. C’est – en quelques mots – le cocktail ébouriffant qui vous attend sur Datalysium. Un cocktail « deux salles deux ambiances », car au fur et à mesure que l’on progresse au long de la tracklist, l’album s’emproguifie jusqu’à finir dans ces lieux raffinés mais virils où Exocrine a situé les dernières briques de son imposant édifice discographique… Du grand art !
2 COMMENTAIRES
Pingouins le 23/02/2024 à 12:12:28
Ah oui je l'avais écouté une paire de fois à sa sortie, et dans mes souvenirs j'avais trouvé ça bien mais sans être totalement emballé. Faut que je le relance.
cglaume le 23/02/2024 à 12:25:41
Schizo mais bueno les zozos !
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