Theurgy - Emanations of Unconscious Luminescence
Chronique CD album (29:38)

- Style
Hyper Tech Slam Death - Label(s)
New Standard Elite - Date de sortie
17 octobre 2024 - écouter via bandcamp
« Keuwhâââ ? Lapin qui chronique du Brutal Slammoshin’ Sanibroyeur Death Metal ? »
Oui, je sais. J’en suis tout étonné moi-même. Mais vous savez quoi : cette fois encore, il y a du rateyourmusic.com derrière cette diablerie / ce judicieux tuyau. Car figurez-vous que j’ai disséminé des « traceurs » en cette fertile base de connaissances, ceci afin d’être averti de toute sortie susceptible de me faire très fort des gouzigouzis. Or la mission de l’un de ces espions confectionnés sur mesure est de lister les albums
1) sortis en 2024 (enfin... c'était vrai il y a quelques semaines encore)
2) du mieux noté au plus hué (grosso merdo, car ça prend aussi en compte le nombre de votes)
3) catalogués dans au moins l’une des catégories « Technical Thrash Metal » ou « Technical Death Metal »
4) qui ne sont pas étiquetés « dissonant » (car la dissonance point trop n’en faut. Sans, c’est mieux, même. J’ai l’oreille fragile)
Et devinez qui sort tout en haut de cette liste ? Regardez là : bim. Quand vous lirez cela, les choses auront peut-être changé (… quoiqu’étant dorénavant en 2025, ça devrait théoriquement rester à peu près stable…). Mais au moment pile-poilesque où je vous écris, c’est bien Emanations of Unconscious Luminescence, le premier album de Theurgy, qui figure tout en haut du podium.
« Hein ??? The Urge ????? »
Meuh non : Theurgy. Une formation beaucoup moins Fusion, beaucoup moins funky. Et beaucoup plus internationale, car constituée d’un bassiste / batteur américain (vous l’aurez peut-être croisé au sein d'Anal Stabwound), d’une paire de guitaristes italo-canadienne (la composante nord-américaine a également un pied dans The Ritual Aura), et d’un vocaliste thaïlandais. Remarquez, tout bien considéré, cette association de bienfaiteurs n’est pas beaucoup moins Fusion que The Urge, en fait. Car Emanations of Unconscious Luminescence réunit dans son lit non seulement les cheveux blonds les cheveux gris, mais également Devourment, Rings of Saturn, et Cynic – quand ce dernier est chaud pour un plan à trois (… ce n’est pas si fréquent, mais le zozo n’est pas contre une prise en sandwich de temps à autre).
Il faut donc parler ici de 50 Nuances de Brüü-Brüü. Et pas uniquement d’une vidange basique de vide-sanitaire sur fond de crise d'amok d’un troupeau de rhinos.
Alors c’est vrai, le son de caisse claire est typique de ces albums de Brutal Death qui réduisent boite crânienne et tympans à l’état de farine blanche T45. Mais si vous y prêtez vraiment attention, vous constaterez que c’est bien souvent avec sophistication que les fûts sont déglacés.
Alors c’est vrai, les leads pratiquent l’acupuncture stridente, ainsi que cette sorte de tapping fulgurant qui scintille et semble presque synthétique à force d'exploits surhumains. Mais ces éclats de cristal coupants savent provoquer bonheur et émerveillement lorsqu'ils percent avec une maestria rare l'épais maelström sonore auquel l'oreille est exposée.
Alors c’est vrai, on parle de Slam Death, et c'est donc régulièrement que la chose groove fort et sloooooooow, au fin fond de l’enclos aux cochons, dans la boue et les déjections. Mais vous n’allez pas me faire croire que vous n’aimez pas ça !!?
Alors c’est vrai, le chant varie entre la purge de bidet à la soude, le râle de crapaud lovecraftien, et le bruit d’une porte qui grince passé en 33 tours alors qu’il était calibré pour 45. Et là je n’ai pas de « Mais » à opposer à ce constat. Perso, ça ne me gêne pas vraiment…
Je pourrais comprendre que tous ces "Alors c’est vrai..." en rebutent certains, surtout parmi le public de Leprous. Et de Tool...
Sauf que cette ouverture des plus abjectes émanations du Metal vers des cieux hautement techniques et quelque peu mystiques ravit les esprits qui, comme le mien, aiment les contrastes pimentés, les métissages osés, et les aventures nouvelles. Et ce ravissement se produit d’autant plus facilement que cette petite demi-heure est traversée de mélodies parfois presque Melodeath (attention à ce « presque », quand même). Que la basse galope dans la roue des guitares. Et que ce bouillonnement monstrueux n’est donc pas uniquement que vortex insondable et fonds de charniers façon Mortician. À vrai dire on se sent ici comme sur un album de Cephalectomy particulièrement turbulent. De temps en temps, c’est vrai, on se fait ratatiner le museau par un monstre lépreux... mais cela est compensé peu après par une pause jazzy dans la stratosphère (cf. The Solar Way »). Parfois on se fait engloutir par une impérieuse coulée de lave... mais on en est rapidement libéré par un essaim de drones dotés de scalpels lasers.
La question qui me tarabuste, c’est : comment ces drôles de lascars réussissent-ils à retenir la structure de ces compos particulièrement gratinées ? De la même manière que ceux qui ne parlent pas un mot d’arabe, mais ont appris par cœur l’intégralité du Coran syllabe après syllabe ? Difficile à dire. Mais il est vrai que cette vertigineuse marmelade de l’extrême n’est pas facile à suivre pour le commun des mortels.
... Elle n’en reste cependant pas moins étourdissante !
PS : hommage facile rappelant de là où viennent les zoziaux, « Molasted The Decapitated » est la réinterprétation d’un « tube » de Devourment, livrée ici dans une approche plus intense, plus véloce (on perd bien 40 secondes au passage), et plus hermétique encore. Avis aux fans !
La chronique, version courte : « Allez, vas-y : verse 65% de Devourment, 30 % de Rings of Saturn, et rien qu’une lichette de Cynic… Et maintenant secoue. Tu vas voir : ça va trancher, chérie ! ». Ah ça, pour trancher, ça tranche ! Avec deux lames, comme les vieux rasoirs Gilette. Une première, émoussée mais large, faite pour dépecer l’hippo fraîchement étranglé (à la main, comme tout troll qui se respecte). Et une seconde, taillée pour confectionner les sushis, rapide, précise, et ultra coupante. C’est pourquoi, sur ce premier album de Theurgy, le plus pointu côtoie le plus poisseux. Vous vous en doutez : le résultat n’est pas à mettre entre toutes les oreilles…
7 COMMENTAIRES
Aldorus Berthier le 24/02/2025 à 22:32:09
Intro mensongère ; suffit de fouiller un peu dans tes chros pour trouer du slam death par ici : https://www.coreandco.fr/chroniques/peelingflesh-the-g-code-10052.html
Le com', version courte : REMBOURSEZ !
el gep le 25/02/2025 à 00:10:26
Excellente chronique qui donne envie d'écouter !
'tain c'est vrai que si y'a pas les gens d'la team, y'a pas trop d'encouragelents par ici !
Serrons les coudes, Brüuüu-BRÜÜÜ !
el gep le 25/02/2025 à 00:10:50
Encouragelents, rhan merde ! (je garde)
cglaume le 25/02/2025 à 06:31:06
@Aldo : le brüü brüü pur et dur c'est rare quand même. Et celui-ci il est dur 😅
@Gepetto : c'est vrai que c'est toujours les mêmes qui commentent 😁 Je suis curieux de savoir si Pidji a des stats tiens 😅😅
el gep le 25/02/2025 à 13:21:46
Arf ! Misère ! Cé-t'y pas triste quequ'part ?!
Aldorus Berthier le 25/02/2025 à 18:12:10
C'est-y vrai quand même que maintenant jme sens un peu honteux d'avoir lu le zine pendant toutes ces années sans même avoir pris la peine de m'inscrire 😶
el gep le 25/02/2025 à 20:59:53
Bof, faut pas l'faire pour les comments, hein, bouahahah !
Pis c'est un peu nul de faire de commentaires tout le temps.
Chuis un peu nul.
Toi aussi, d'ailleurs.
Bisous, lol !
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