Thy Worshiper - Czarna Dzika Czerwien
Chronique CD album

- Style
Tribal Metal - Label(s)
Pagan Records - Sortie
2014 - écouter via bandcamp
Thy Worshiper naît en Pologne en 1993 sous l'impulsion de Marcin Gasiorowski. Après un hiatus/split de plusieurs années et une résurrection en 2009, la horde conduite par Marcin, désormais installé en Irlande, propose, début 2014, un nouveau matos plutôt désarçonnant dans le monde étriqué du Pagan Metal.
L'étiquette ne colle pas exactement à la musique de Thy Worshiper mais à défaut d'autre chose (Tribal Metal ?) vous donnera une vague idée de ce à quoi on peut rapprocher la musique du sextet. Le dernier Rotting Christ pourrait aussi donner un indice musical mais la musique de Thy Worshiper est plus insaisissable que celle des Grecs.
La plaque commence dans la mélancolie la plus sinistre par des vocaux féminins sur fond de samples de corbeaux et d'accords d'un instrument à corde. Arrêtez de bailler. Des arpèges et une basse puissante continue le périple alors qu'un des deux guitaristes entonnent un solo décalé par rapport à l'ambiance ténébreuse. Un filet de psychédélisme au milieu d'une rivière de noirceur. Interdit d'aller aux toilettes.
Et puis des beuglements d'ours en rut prennent le relais et le tout s'emballe, alternant charge de primate et lignes de chant d'inspiration slave. Rapidement, on est séduit ou au moins interpellé par la disparité proposée par Thy Worshiper.
Mélangeant électrique, acoustique, influences BM du nord et mélodies folk d'Europe centrale, Thy Worshiper se plaît à chambouler l'oreille par son côté presque prog et non linéaire. Cassages de rythmes permanents, alternances de barbarie, notamment grâce au chant masculin éminemment guttural, et de douceur à cause des vocaux féminins éthérés rappelant parfois Dead Can Dance, forment un maelstrom de sensations pas seulement auditives mais aussi olfactifs et visuels. Odeur de terre, de musc et de sang. Noir, sauvage, rouge. Czarna Dzika Czerwien.
Les solos aériens contrebalancent en permanence une rythmique scandée où la percussion est parfois couplée au jeu étrange (désolé moi et la technique...) du batteur. Bien que n'étant pas spécialiste de la chose, il me semble bien entendre alors l'utilisation judicieuse d'un djembé.
Le combo sait ainsi se faire primitif sur "Na Pohybel" avec un chant presque dyphonique, et une rythmique précipitée mais aussi purement instrumental comme sur "Drzewa", une plage reposante, quasi ambient. Mais la menace est latente.
Car, Thy Worshiper a également la bonne idée de chanter en Polonais, ce qui gène la compréhension des paroles, évidemment, mais décuple leur pouvoir incantatoire inquiétant.
Czarna Dzika Czerwien est l’œuvre d'iconoclastes se plaisant à faire du feu avec deux bouts de bois pour faire cuir leurs steaks de renard assaisonné de datura ou de mandragore.
4 COMMENTAIRES
Maldoror le 19/02/2015 à 12:29:06
Excellent, les boucles psychédéliques sont bien pensées de façon sensitives et sensorielles, le coté incantatoire/rituel ne tombe pas dans les clichés ou se les réappropri...
Client!!
Dans un autre registre, bientot le nouveau Minsk...
Crom-Cruach le 19/02/2015 à 13:20:37
Cool que ça te botte !
Dariusz le 23/02/2015 à 14:30:16
Thanks guys for great review... Greetings from Ireland :)
Crom-Cruach le 23/02/2015 à 17:26:22
Cheers Dariusz !!
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