Thy Worshiper - Ozimina

Chronique Maxi-cd / EP

chronique Thy Worshiper - Ozimina

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,

Ce beau matin d'été si doux :

Au détour d'un sentier une charogne infâme

Sur un lit semé de cailloux.

 

Moi qui gueulait devant l'inertie déprimante de la scène pagan folk depuis quelques mois... après un début d'année canon... voilà une sortie de Thy Worshiper qui redonne confiance en une vieille cérémonie païenne sous champotes.

Il faut dire que les Irlando-Polonais ne font rien comme les autres et ne respectent aucun code de la scène. Alors pourquoi les y rattacher ? Car je fais comme je veux et inventer des étiquettes ridicules est... ridicule.

Car avec Ozimina, Thy Worshiper pousse encore plus loin sa formule non euclidienne déjà bien tordue sur leur précédent album Czarna Dzika Czerwien.

Le mélange de vocaux barbares masculins et éthérés féminins est toujours présent un peu comme une marque gravée au canif sur un manche de hache.

Mais les repères musicaux de la horde se font reptiliens. "Brazk" nous accueille donc avec ses sonorités avant-gardistes, sa structure chamanique et hypnotique. Sans pousser la formule jusqu'à perdre son auditeur dans un goulache inécoutable.

 

Tout cela descendait, montait comme une vague,

Ou s'élançait en pétillant ;

On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,

Vivait en se multipliant.

 

La force de Thy Worshiper est encore donc de composer une musique éminemment personnelle puisant autant dans le jazz, la musique ethnique que dans le Black Metal. Et ceci sans jamais avoir une quelconque apparence prétentieuse.

Pulsation primitive comme si nous étions sur l’île des Morts du Roi Kong, souffle du didgeridoo pour chasser le kangourou, vocaux incantatoires parfois presque opératiques ("Ozimina"), chaos de guitares vindicatives ou aériennes, lignes de basses affolantes ("Halny" et "Wietlica"), morceau purement folk à la Wardruna ("Ozyny") : Thy Worshiper bouscule les certitudes et les structures, mélange les sons et cultures. Et ne se sent freiné par aucune convenance.

Au niveau des textes, on nage en plein romantisme lugubre. Ainsi, le horde nous invite à écouter le bruit du vent, à se recueillir, à se laisser envoûter mais l'odeur de putréfaction, chère à Charles, n'est jamais loin.

"Wietlica" se fait ainsi éminemment cruelle, nous parlant d'ombres, de croix et de démons. Le titre évoque le massacre de Volyn pendant lequel 100 000 polonais furent tués, le 11 juillet 1943, par des nationalistes ukrainiens de l'UPA, lors une purge ethnique atroce à la limite du génocide. "Ozimina" glorifie ou maudit l'hiver (le doute demeure) alors que le printemps ne reviendra jamais. Plutôt qu’être littéralement compréhensibles, les paroles du groupe convoquent des images de laideur et de beauté mêlées.

 

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,

Une ébauche lente à venir,

Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève

Seulement par le souvenir.

 

Parce que ce genre de sortie nous donne envie de faire une maquette de Stonehenge en bouchon de liège pour rapprocher le Soleil de la Terre.

De sacrifier un chef de clan, ou un parlementaire plutôt, à la déesse de la Lune, juste pour voir si l'idiot regarde le doigt.

Ou de prouver que les lapins c'est bien, vivants, mais cloués au mur, c'est dérangeant.

photo de Crom-Cruach
le 10/11/2015

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 10/11/2015 à 12:20:33

"Les lapins, dos au mur, c'est excitant" ???? Mais qu'est-ce qu'il dit ????

:P

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/11/2015 à 18:41:11

la faute à "Bold'air".

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