Ulcerate - Cutting the Throat of God
Chronique CD album (57:50)

- Style
Death/Black Metal | Avant-Garde - Label(s)
Debemur Morti - Date de sortie
14 juin 2024 - écouter via bandcamp
C’est avec une appréhension certaine que j’ai vu approcher au cœur du printemps le 7e album d’Ulcerate, annoncé pour le 14 juin, toujours chez Debemur Morti. Tout simplement parce qu’il s’agit d’une œuvre toujours aussi intimidante à aborder. Les souvenirs d’il y a quatre ans, à la fois douloureux et plaisants, lorsque j’ai claqué avec grande peine et après moult écoutes la rédaction d’une chronique-acrostiche du Stare into Death and Be Still ont tout de suite ressurgi ! Entretemps, seule une poignée d’autres groupes – à l’instar de Suffering Hour et son dantesque The Cyclic Reckoning en 2021, d’Aeviterne et son très expérimental The Ailing Facade en 2022 ou encore de Gorguts de retour sur scène l’année suivante – m’avait permis d’écarter un temps de mon horizon mental cette plaque buissonnante, façonnée par ce trio néo-zélandais et qui a été pour moi, sans grande discussion, l’AOTY 2020…
…. À l’issue d’une écoute (forcément renouvelée) qui flirte avec l’heure pleine, je me rends compte que la combinaison des talents entre Michael Hoggard (guitares), Jamie Saint Merat (batterie) et Paul Kelland (basse et chant) s’opère toujours avec autant de brio et de maitrise technique dans ce Cutting the Throat of God. Mais ça éreinte toujours tant les esgourdes, que je me demande s’il ne serait pas préférable d’en faire une écoute séquencée, plutôt qu’une approche intégrale ! Par exemple, "Further Opening the Wounds" et spécialement son cœur de la 3e à la 5e minute exigent à lui seul un haut niveau d’attention ; la pause à la 6e minute est plus que bienvenue... En fait, dès le premier titre "To Flow Through Ashen Hearts", jaillit une écriture toujours aussi sombre et complexe qui nous immerge à nouveau dans une ambiance inconfortable et nous emporte dans un maelstrom de sentiments contrastés. Tantôt raffiné, tantôt viscéral (le chant de Paul K. y contribue sans contestation possible), le Blackened Death Metal avant-gardiste d’Ulcerate atteint son acmé avec les morceaux "The Dawn Hollow" et "Transfiguration In and Out of Worlds" qui dégagent une profondeur et une variété de textures impressionnantes.
Souffrance, dissonance, destruction, subtilité viennent se fracasser sur vos conduits et sonder votre psyché. C’est à se demander si ce long-format ne conviendrait seulement – tout comme le précédent d’ailleurs – qu’aux âmes tourmentées et claustrophiles. Esprits sains… veuillez donc passer votre chemin ! À moins que vous souhaitiez vous épuiser, être sans cesse bringuebalés entre le riffing élégant et dissonant de Michael H. et les saillies véhémentes de Jamie S.M. derrière les fûts. Il n’y a pas à tortiller : le trio sait s’y prendre pour imbriquer et parfaire les instants de pause et de violence, même si les deux derniers titres ont pu me faire perdre le fil par leur longueur (18 minutes à eux deux !!!). Mais bon, j’dis ça, le passage à partir de la 3e du dernier titre éponyme est ébouriffant…
Cutting the Throat of God est une réplique peut-être moins dense sur la durée et plus riche mélodiquement que l’étourdissant Stare into Death and Be Still, mais le trio transfigure toujours autant le Death Metal vers une forme expérimentale et organique que peu d’autres formations parviennent à gérer avec une telle puissance d’exécution. Pas de quoi donc affaiblir d’un iota la place singulièrement forte qu’occupe désormais Ulcerate dans le Metal extrême contemporain.
2 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 25/06/2024 à 14:36:34
A mon avis, c'est un bot....
Pingouins le 26/06/2024 à 11:52:46
Vraiment bien foutu mais pour un truc disso je trouve la prod très propre, ça donne un côté tout doux tout roudoudou un peu décalé, mais ça rend tout malgré tout très fluide, pour un très chouette disque !
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