Vestige - Janis

Chronique CD album (57:53)

chronique Vestige - Janis

« Je vais faire dans la cour des grands une entrée triomphale

En poussant très royalement un rugissement bestial ! »

 

Si la vie était une allégorie du Disney dont je ne pense même pas avoir besoin de citer le nom, j’aurais fait un excellent Zazu et Vestige le meilleur Simba. À peine formé en 2022 que le groupe n’a signé que tout récemment chez rien de moins que Season of Mist ; belle perf’. Lorsque Stefan de Graef m’expliquait, à l’occasion de mon interview d’Hippotraktor, à quel point « Sortir un premier album représente toujours un gros risque pour un groupe, dans la mesure où c'est, par conséquent, la première impression qu'il en laissera », limite préférais-je ne pas prendre le risque de plomber le nouveau groupe de Théodore Rondeau et Pierre-André Krauzer. C’était effectivement sans compter le degré de bestialité du rugissement poussé par Janis

 

Rien que l’expérience des deux loustics susnommés, qui ont partagé la scène avec Franky Costanza au sein de Naraka – en première partie, entre autres, de Cradle of Filth ou Alcest –  porte un certain cachet de garantie. L’influence exercé par ce dernier groupe se ressent d’ailleurs jusqu’aux textures blackgaze structurant le premier album de Vestige. Jusqu’à se payer un featuring plein de panache de Neige en personne sur la deuxième partie d’« Automne » !

 

En termes de rendu vocal et d’ambiance générale, l’ombre d’Alcest plane en effet au-dessus de chaque recoin de Janis. Que l’on se penche sur la modulation décrescendo de riffs mélancoliques aux frontières du DSBM (« Automne pt. 1 »), les chants clair et guttural naturellement équilibrés dans leurs inflexions immersives (« Deviens la Nuit »), ou l’utilisation des chœurs propre à titiller la glande lacrymale, qu’ils soient encerclés de blasts fulgurants ou de nappages atmosphériques tortueux (« Démence de l’Âme »), Vestige transpire un shoegaze à la puissance d’évocation redoutable.

 

Un style que transcende le groupe en l’enrichissant de ses éparses touches de modernité. Pour vague que demeure la définition du « metal moderne », il n'en garde pas moins ce petit grain esquissant une identité sonore certaine, dont Vestige se complaît à tester les limites. Et au ressenti, la lourdeur des syncopes hachant les compos de Janis comme l'encadrement instrumental de ses parties plus mélodiques (Stigmates du Temps ») confinent parfois au surnaturel, voire carrément à l’artificiel. Leur aspect djent se fond pourtant dans une alchimie sensorielle confondante d’homogénéité. La cadence – parfois lente, parfois carrément hardcore, mais toujours incisive – qu’impose le jeu de batterie de Quentin Regnault en baliserait presque le voyage, tant il relance systématiquement les parties « ballades » de son crescendo d’intensité de circonstance.

 

Entre rythmiques contemplatives (« Différent ») et distos planantes (« Deviens la nuit »), au fil desquelles saillent aussi bien le genre de breakdowns qu’envierait Periphery (la même) que des... mosh parts (« Océan »), Vestige construit dans Janis un paysage sonore où riffs tranchants et nappages atmosphériques dessinent à la mélancolie une pléthore de visages tous plus stylisés et pertinents les uns que les autres. Un album aussi abouti, on ne l’attendrait qu’au bout de la quinzième année d'activité d'un groupe, minimum. Laisse de ta longue crinière jaillir tout l'éclat de la fierté, Simba ; une entrée aussi triomphale dans la cour des grands, ce n’est plus tous les jours qu’on y assiste dans le monde de la musique.

photo de Aldorus Berthier
le 18/09/2024

3 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 18/09/2024 à 17:14:37

Ah en passant, combien de fois vais-je devoir tanner les gens avec ça ... ? C'est pas parce que t'as joué en première partie de Untel et Unetelle que ça présuppose quoique ce soit de qualitatif quant à ton groupe. Ça veut dire que dalle.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 18/09/2024 à 17:31:11

Erf, en substance je voulais surtout dire que j'aime bien Naraka 😬 Parler d'Alcest était juste un prétexte à la transition pour parler du feat de Neige...

el gep

el gep le 18/09/2024 à 17:36:30

T'as pris pour tous les autres, désolé, mouahah !

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