Victim - Planet Of Graves

Chronique CD album (42:52)

chronique Victim - Planet Of Graves

Des têtes de mort à la douzaine. Une faucheuse encapuchonnée. Une palette binairement baveuse, entre rouge coagulé et bleuâtre nocturne. Un titre évoquant un monde où Ola Lindgren aurait fait son Rogga en essaimant les projets plutôt que de se concentrer uniquement sur Grave (quoi, c’est pas ça la signification ?)... C’est sûr, Victim va nous emmener là où l'on se colle de la gadoue plein les bottes et de la crasse OSDM sous les ongles. Parce que, dans le petit monde hyper codifié du Métôl à poils drus, l’habit fait le moine, et la pochette le style…

 

Non ?

 

Non. Parce que la vérité c'est que Victim est constitué de jeunes Teutons pratiquant un Thrash bonhomme, pas de vieux bougons errant dans les marécages pour s’y percer les bubons. Mais il est vrai que les deux mondes partagent suffisamment de thématiques et de valeurs pour en arriver à se marcher respectivement sur les platebandes graphiques.

 

Il n’est pas impossible que, le paragraphe précédent évoquant de « jeunes Teutons », vous imaginiez nos victimes du jour comme de lointains cousins de Tokio Hotel. Alors qu’en fait, pas du tout : Planet of Graves a beau être un premier album sorti au milieu des boules et des guirlandes 2022, le groupe qui l’a concocté s’est en fait formé dès 2007. Et non, il ne s’agit pas d’une reformation revancharde, 15 ans après des débuts-pétard mouillé. C’est juste que nos gars avancent tranquillou, sans se presser le bilou. Une démo en 2009. Des EP en 2013, 2015, 2018. Un live en 2020, pour faire comme si le Covid ça ne faisait même pas mal. Et puis finalement, au bout du compte, un album, au pied du sapin. Chi va piano va sano, comme disent les tortues avisées du sud aux lièvres du nord.

 

Et nos zigotos sonnent d’autant moins jeunes que leur Thrash n’est ni du style qui pousse à s'adonner à la sodomie avec des prêtres défroqués, ni de l’espèce belliqueuse qui passe le proche voisinage à la sulfateuse et les environs plus lointains au napalm. Non, Victim est plus de la catégorie des nostalgiques qui écoutent …And Justice for All en boucle. Hanny s’est manifestement gravé « James H. 4 ever » sur les cordes vocales, les riffs et ryhtmiques sentent bon les 80s, les compos affichent majoritairement entre 5 à 7 minutes au compteur… Même au niveau de la basse, on entend régulièrement que ça [Cliff] bourdonne. Il serait toutefois réducteur de cantonner les Allemands à un groupe de clones laborieux : quoi que je sous-entende avec mes gros sabots jaunâtres, leur Thrash n’a rien d’aussi obsessionnel. Il peut d’ailleurs rappeler parfois Testament, parfois la dynamique « escadron de darons » mid-tempo des Flotsam & Jetsam et Sacred Reich tels qu’ils tricotent dorénavant leurs décibels.

 

Alors c’est sûr, Planet of Graves sent plus le cuir que le souffre ou le sang (… si, le sang a une odeur : demandez à un squale). C’est le genre d’album qui ronronne gentiment, calé sur la chaîne pendant la lecture du journal, un verre de whisky à portée de main. On y trouve cependant quelques moments plus grisants. Comme ce « Die Alone » qui, après une intro acoustique à la « One », se met à cavaler tel un puma après une moufette. Comme le long « Temple of Tikal » qui, s’il fait bailler en première mi-temps, déchaîne les passions et riffe à gros bouillons sur une 2e moitié où s’épanouissent également quelques leads Heavy. Ou comme le déraisonnable – toutes proportions gardées – « Urge to Kill », qui souffle sur les braises pendant même pas 3 minutes afin de rallumer le feu où brûleront les 45 tours de Johnny du beauf’.

 

Bonnard, Planet of Graves ? Globalement, oui. Mérite-t-il qu’on achète la version double-vinyle doré à l’or fin sorti en 99 exemplaires sur un micro-label sud-coréen ? Non. Passez-le au tamis de votre Spoteezer préféré, et vous déciderez par vous-mêmes s’il mérite de figurer dans votre playlist « Easy-listening Thrash au coin du feu ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Planet of Graves c’est du Thrash de darons, plutôt mid-tempo, plutôt tranquillou-peinardos, inspiré plus sûrement par le Metallica d’…And Justice for All que par le Sodom de Persecution Mania. Sans faire d’étincelles ni salir le canapé, ce premier album s’écoute sans déplaisir ni risque de se déplacer une cervicale.

 

 

photo de Cglaume
le 28/03/2023

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