Vise Versa - Living a lie

Avant d'écouter Vise versa j'étais : 
Rémi
29 ans et demi.
Bibliothécaire.
1300€ par mois et un crédit sur 20 ans.

Pacsé avec une biatch

En écoutant Vise Versa, j'ai fermé les yeux. Je suis (re-)devenu : 
Toukene
Elève de 1ere Economique et Social au Lycée Guy Mollet d'Arras
15 ans
Autant de poils à la bite qu'au menton
Puceau (mais avec l'espoir [et/ou quelques économies afin] de perdre sa virginité prochainement).
50 francs d'argent de poche, nourri, logé, blanchi : riche.

Mon duvet ressemble à celui que j'ai une fois adulte.
Mon cerveau pense "nichons" toutes les 3 secondes (mais il parait que c'est bon pour la santé)
Bref, au départ la différence entre le Rémi d'avant et d'aujourd'hui n'est pas flagrante.
Mais, après quelques secondes, j'ai rouvert les yeux, sorti de mon état second par les coups de klaxons : j'étais au volant, j'avais le permis, et quelques secondes d'évasion avaient eu raison de ma tenue de route.

Bref, dans cette faille spatio-temporelle mentale, mon corps était en 2015, ma tête en 2002. J'ai eu l'impression d'entendre un super groupe de néo que mon pote Benjop m'a dealé sur un cd vierge "Verbatim" gravé en 8x. 
On se partage un "deuz", sa fin de clope.
Le cd tourne dans le discman et on a l'impression d'être les plus gros satanistes rebelles de la cour.

Vise versa est un excellent groupe de néo-metal. Cette étiquette déjà mal aimée est surtout l'occasion de caler son nom dans le Billboard pendant quelques semaines alors que Jacques Chirac vient d'annoncer qu'il se présenterait pour un nouveau mandat.

Vise versa reprend toutes les "facilités" de cette musique, les codes du genre.
Si j'écris "facilités" entre guillemets, c'est parce qu'il est toujours très délicat de faire une musique à la fois accessible tout en demeurant metal. 

En écoutant Vise versa on pense alors à un groupe comme Adema qui a tout pour faire le pont entre rock et le metal tout public. Puis il y a evidemment Linkin Park qui est en train de péter le monde entier avec un "Hybrid Theory"  offrant ainsi un nouveau tournant dans cette musique qui se commercialise de mieux en mieux.

Des riffs simples, courts, répétés et efficaces.
Des sons electros qui modernisent ces formations classiques. La petite touche Spineshank.
Une énorme basse que Korn a reveillé il y a quelques temps. Celle-ci sonne plus lourde et "creuse" que funky, mais elle est là et ne manque pas d'impact.
Un chant à mi-chemin entre Linkin Park, Adema et Corey Taylor dans Stone Sour qui sortira bientôt son premier album. La voix est parfois traficotée, mais on s'en branle.
Des structures classiques, taillées pour passer à la radio avec des refrains qu'on peut reprendre en yaourt.

Puis vient cet instant. Vise Versa est français.
Boom. Et là tu deviens muet.
Dans cette faille spatio-temporelle, seul Pleymo a su faire une sorte de metal avec un son moderne...mais le groupe de la team Nowhere n'arrive pas à la cheville de ce "Living a lie".

Je retourne alors le boitier.
Groupe franco-canadien.
Le chanteur de Threat signal, le batteur de Dagoba, l'ex bassiste de Memories of a dead man et l'ex guitariste de T.A.N.K
Tout droits réservés. 2015.
2015. Putain. La galette sortie du lecteur, le dos du disque reflète bien le visage d'un bonhomme un peu moins jeune, mais pas encore vieux,  et toujours enthousiaste lorsqu'il entend, avec nostalgie, un album qui lui rappelle de belles années. Une madeleine sonore.

Certains comprendront ce sentiment et choisiront le 8/10. Mon 8/10.
Les autres qui n'aiment ni le style, ni les regards dans le rétro, se retrouveront dans le 4/10.
Mais que l'on appartienne à l'une ou l'autre des catégories, on peut toujours douter de l'effet longue durée du cd...En attendant d'être lassé, sachez en profiter.

Tookie

le 02/06/2015