Whorion - The Reign of the 7th Sector

Chronique CD album (35:45)

chronique Whorion - The Reign of the 7th Sector

Peut-être avez-vous eu la chance de vous rendre aux Baux de Provence? Outre une citadelle située à des altitudes offrant une vue spectaculaire – ...et une soufflante mémorable les jours de gros vent! –, le site propose également une attraction assez impressionnante appelée « Les Carrières de Lumière » (anciennement « La Cathédrale d’Images »). C’est au sein d’anciennes carrières aux dimensions cyclopéennes, creusées sous terre au fur et à mesure qu’en étaient extraits de monumentaux blocs de calcaire, que sont organisées des Sons & Lumières à couper le souffle. Le lieu est fascinant: on s’y sent écrasé sous le poids des milliers de tonnes de roches environnantes, on s’y fait mitrailler les pupilles de couleurs et d’images enivrantes, on s’y dévisse les cervicales à tenter de couvrir du regard les kilomètres carrés de parois habillées de magnifiques mais éphémères tableaux… C'est bien simple: on y ressent le vertige du penseur affrontant le cosmos du regard par une belle nuit étoilée, augmenté de l’euphorie sensorielle de l’amoureux des grandes œuvres découvrant Florence, Le Louvre ou l’Alhambra.

 

Bon, en même temps cette chronique n’est pas sponsorisée par le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, alors revenons si vous le voulez bien à nos moutons…

 

Pourquoi ces digressions introductives enflammées mon pépère, dis? Eh bien parce que The Reign of the 7th Sector est un peu la Cathédrale d'Images du Death metal. Ou du moins est-ce à coups sûrs l'un des objectifs de Whorion que cet opus le devienne. Parce qu’on fait difficilement plus colossal, plus over-the-top, plus emphatique que ce 1er album. Eh oui, dur à croire mais il s’agit bien là d’un premier album. Du coup, vous vous doutez que le groupe finlandais n’est pas constitué de bleubites biberonnés au crabcore, mais bien de musiciens expérimentés ayant fait leurs classes dans Damnation Plan, Finntroll, Norther, Amberian Dawn ou encore Naildown – les 4 dernières formations étant des résidences secondaires du batteur Heikki Saari. Pour bâtir ce temple cyclopéen à la gloire du dieu Groâââârgl, nos amis y ont mis les moyens: orchestrations symphoniques à la Xerath / Septicflesh, démesure peplumesque à la Behemoth, puissance martiale d’un The Monolith Death Cult, flot ininterrompu de guitares virevoltant furieusement, matraquage blasté, tronçonnage mammouthesque à coups de riffs à la AstéroHache... Pour un peu on croirait que Nile, Fleshgod Apocalypse et Decapitated (celui des débuts) ont mis en commun leurs moyens de production pour créer un gigantesque opéra wagnérien.

 

Sauf que le projecteur de ces Carrières de Lumière métalliques n’est pas aussi savamment réglé que celui animant le terrier souterrain du Titan des Baux. Parce que les parties symphoniques ne sont pas aussi organiques que celles dont bénéficient Spiros Antoniou et Sotiris Vayenas. Parce que les effets de manche sont un peu toujours les mêmes – et que bon, la visite de la 1e pyramide méduse, mais arrivé à la Ne on commence à trouver le temps long. Parce que l’enchevêtrement de sauvagerie Death et de grandiloquence orchestrale pas toujours sonorisé de manière idéale s’avère un peu bourratif, et parfois trop peu lisible – le résultat étant alors aussi peu heureux que le dernier album de Biomechanical. En clair: l’œuvre s’effondre sous son propre poids, les charmantes dorures disparaissant dans un déluge chaotique de poussière et de feu. Et puis bon, un tel manque de modestie dans la démarche, une approche aussi boursouflée: ça aurait tendance à énerver un brin.

 

Mais foin de sensationnalisme catastrophiste: The Reign of the 7th Sector offre tout de même de quoi sonoriser vos catacombes avec faste et à propos. Car un « Flesh of Gods » ravit les sens et rougit les joues. La magnifique apothéose subtilement sympho-black qui fleurit à 3:09 illumine un « When The Moon Bled » déjà doté d’une veine mélodique quasi-In Flamienne. « Immaculate » réserve de multiples surprises, dont une étonnante parenthèse à 3:39, quand un fourmillement de cordes insectoïdes voit jaillir de son sein violons majestueux et tension délicieuse. Et l’arrivée finale du Colosse fait un usage millimétré de salves saccadées qui laissent à penser que les finlandais ne font pas la fine bouche quand on leur parle de Meshuggah. Bref, si vous vouliez baver sur une purge uniquement mue par de l’arrogance mal placée, passez votre chemin: The Reign of the 7th Sector a été bâti sur des fondations sacrément solides. Maintenant il manque quand même à ce 1er album la magie d’un Demigod, la fraîcheur (si l’on peut dire) d’un Amongst the Catacombs of Nephren-Ka ou la noblesse d’un Communion, histoire de nous convaincre tout à fait. M’enfin cessons de tortiller du train: les amateurs de toutes les références ci-dessus se doivent d’écouter Whorion de toute urgence…

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Xerath + Behemoth + Fleshgod Apocalypse = The Reign of the 7th Sector. C’est un peu lapidaire comme comparaison, mais ça résume bien l’ambition et les dimensions cyclopéennes de ce death symphonique technico-brutal. Certes, l’extrême densité et le côté Blitzkrieg wagnérienne de la chose rendent ce 1er album un peu dur à digérer… Mais bordel, ça reste quand même du très lourd!

photo de Cglaume
le 07/07/2015

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