Xoth - Interdimensional Invocations

Chronique CD album (39:09)

chronique Xoth - Interdimensional Invocations

Quand on chronique régulièrement de la musique et que les albums étudiés ont subi un gros filtrage amont visant à ne conserver que la crème des nombreux promos reçus, on est régulièrement amené à écrire des « opus impressionnant », des « gros potentiel » et autres « véritable pépite ». Un champ lexical qui vise à souligner à quel point putain-c'est-achement-bien-juré-craché-essayez-donc. Effectivement, forte d'une planète peuplée de bientôt 8 milliards de zigotos disposant chacun de 365 jours, chaque année nouvelle nous réserve un joli lot d'albums vraiment brillants. Pourtant un gros paquet d'entre eux ne reviendra jamais entre nos oreilles. Parce que, c'est con mais c'est vrai : aujourd'hui la musique est si abondante et si facile d'accès que livrer un album bien sous tous rapports ne suffit plus à marquer durablement les esprits. Pour cela il faut soit se démarquer via une approche vraiment singulière – être un Igorrr, un Zeal & Ardor ou un Devin Townsend – soit être touché par la grâce et réussir on ne sait comment à livrer de ces morceaux qui, portés par des ailes d'un autre monde, ne touchent plus terre. Bref : développer les accroches et la personnalité qui caractérisent cette petite cinquantaine d'opus – souvent découverts peu après l'adolescence – qui nous ont marqués à vie et vers lesquels on revient régulièrement. Et plus les années passent, plus rares sont les élus qui réussissent à rejoindre ce prestigieux cénacle. Or – qu'elle était longue cette intro – avec Interdimensional Invocations, 2e album de Xoth, j'ai bien l'impression que l'on tient l'un de ces rares spécimens. On va donc essayer de trouver mieux que « opus impressionnant », « gros potentiel » et « véritable pépite » pour vous expliquer à quel point cette sortie est monstrueuse.

 

Alors non, les Américains dont il est aujourd'hui question – parmi lesquels figure un ex-bassiste de Warbringer et un ex-batteur de Lecherous Nocturne – n'ont pas inventé un moyen d'expression nouveau. Leur musique pourrait se résumer en un « Blackened Heavy Tech Death/Thrash » certes bien longuet, mais nécessaire pour évoquer tout à la fois l'acidité du chant, les vents violents et la noirceur du ciel, les mélodies et les galops fougueux, la rythmique soutenue, la précision chirurgicale, la débauche de puissance et la force de frappe. A l'écoute de ces quarante minutes qui en paraissent douze, on pense à une version noire et thrashy des registres combinés de Death et Atheist. On a l'impression qu'un reboot récent du Voivod de Killing Technology se fait secouer dans une tempête solaire. On se demande s'il ne s'agirait pas en fait de Skeletonwitch qui reviendrait à ses premiers amours après avoir écouté en boucle les albums de Theory in Practice. Ces noms jetés en pâture ne sont pas seulement destinés à donner une idée des décors traversés, mais également à faire comprendre quels délice attendent l'auditeur. Car tout comme ces vénérables anciens qui ont réussi à embraser le cœur de nombre d'entre nous en leur révélant le secret des dieux du Metal, Xoth nous permet à nouveau de tutoyer ces sommets accessibles uniquement aux grands classiques.

 

Vous la sentez l'excitation du chroniqueur fébrile qui tente tant bien que mal d'allumer le feu chez le lecteur dubitatif ?

 

Face à tant de dextérité, de divine inspiration et de justesse – de justesse oui, car les divers éléments utilisés par les Américains s'emboîtent et se mêlent avec le plus désarmant des naturels, et parce que même lors des solos la technique n'est jamais tape-à-l’œil, mais toujours au service des morceaux – face à une œuvre à ce point harmonieuse disais-je, j'aimerais éviter le track by track grossier. On va donc se contenter de vous indiquer quelques points de vue depuis lesquels vous pourrez observer le panorama plus à votre aise. Pour commencer trempez vos lèvres dans les 30 premières secondes de « Casting the Sigil »: vos papilles seront instantanément étourdies devant tant de savante exubérance : alternance de chocs et de gazouillis twins frénétiques, le morceau s'abandonne ensuite à cette course folle mais élégamment brodée de mélodies limpides qui caractérise le gros de ces 8 titres. Figurant parmi les deux meilleurs morceaux de l'album (la chose a été vérifiée grâce à un lapinjaunomètre), « Mountain Machines » est sans doute l'illustration la plus brillante de comment enrober de miel Power Metal une lame Metal extrême. Son jumeau en terme d'excellence s'appelle « Unseen Abductor » et nous offre, quelques minutes plus tard, un petit aperçu de ce que pourrait être une fusion réussie et testostéronée des répertoires d'Atheist, de Vektor et d'un DragonForce devenu raisonnable. Et si vous n'accordez votre temps qu'au compte-goutte, réservez encore quelques secondes pour ouvrir la porte de « The Ghost Hand of God » dont les 30 premières secondes, portées par une batterie fulminante, ne sont que classe pure, et dont les recoins plus reculés offrent l'exemple des sommets que peut atteindre un solo quand il s'appuie sur une section rythmique aussi exceptionnelle (attention au décollage à 2:30!).

 

Ils ne sont pas si nombreux les albums qui mériteraient une visite guidée décrivant avec moult détails et points d'exclamation l'expérience vécue seconde après seconde... Pourtant Interdimensional Invocations en clairement de ceux-ciCroyez bien que je me fais violence pour ne pas vous submerger sous une liste indigeste de « Il faut absolument écouter l'exceptionnelle montée en puissance qui commence à X:XX » et de « On reste terrassé par la magnificence des guitares qui décrivent des arabesques célestes à partir de la barre des Y:YY »...

 

Scintillant, ébouriffant, constamment véloce mais jamais épuisant, monumental tout en restant plein de feeling – bref : tout simplement passionnant – Interdimensional Invocations possède toutes les caractéristiques d'un album appelé à devenir un classique. Inutile de dire qu'il aurait clairement mérité de figurer non loin du sommet de mon Top 2019.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Interdimensional Invocations est un album exceptionnel. D'ailleurs on pourrait arrêter là cette « chronique version courte ». Extrêmement véloce mais constamment mélodique, dense mais limpide, faisant montre d'une technique affolante mais ne pesant jamais sur l'estomac, il a tout – si ce n'est la force de frappe d'un gros label – pour devenir un classique. Imaginez un mélange de Death, Atheist, Skeletonwitch, Vektor et d'un Iron Maiden du futur, laissez-vous aller à vos espoirs les plus fous, et vous toucherez du doigt l'excellence de cet opus.

 

photo de Cglaume
le 29/07/2021

8 COMMENTAIRES

INeedABrain

INeedABrain le 01/08/2021 à 15:24:15

Si vous avez aimé le Esoteric Malacology de Slugdge il y

INeedABrain

INeedABrain le 01/08/2021 à 15:24:15

Si vous avez aimé le Esoteric Malacology de Slugdge il y

INeedABrain

INeedABrain le 01/08/2021 à 15:24:42

a de bonnes chances que vous aimiez celui-là

el gep

el gep le 01/08/2021 à 17:09:15

C'est la nouvelle façon de

el gep

el gep le 01/08/2021 à 17:09:30

C'est la nouvelle façon de

el gep

el gep le 01/08/2021 à 17:09:48

commenter, fractionnée, mais claire et précise.

cglaume

cglaume le 01/08/2021 à 19:07:30

Moqueur va :P.

Sinon, si je ne vois pas forcément le lien entre Xoth et Slugdge, une chose est sûre: ce sont deux excellents groupes !!

Johnjohn

Johnjohn le 15/08/2021 à 22:00:23

J'adore ce skeud. 2 ans de ponçage intensif, et je ne m'en lasse pas. La track 2 commence par un long hurlement "Meetaaaaallll". Tu parles d'une tête de gondole. J'en ai les larmes aux yeux tellement c'est beau.

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