Zeal And Ardor - GREIF
Chronique CD album (42:37)

- Style
Electro Gospel mou du g'nou - Label(s)
Indépendant - Date de sortie
23 août 2024 - écouter via bandcamp
Avant la sortie en 2020 de l’EP Wake Of A Nation, j’avais toujours trouvé que Zeal And Ardor, malgré un concept excellent — mélanger Black Metal et Gospel au service de paroles vindicatives et revendicatives —, peinait à concrétiser pleinement ses ambitions. L’album éponyme, publié en 2022, était, et reste encore à ce jour, un véritable bijou, sans temps morts ni titres faibles. Depuis cet EP, le groupe, bâti autour de Manuel Gagneux depuis 2017, a écumé les scènes, principalement en Europe, avec plus de 110 dates. Cette expérience a manifestement contribué à souder le line-up, resté stable depuis. D’après les nombreux retours dithyrambiques que j’ai pu recueillir, les prestations live du groupe sont décrites comme des expériences intenses. Pour composer ce nouvel album, Manuel Gagneux a décidé d’abandonner son approche de one-man-band et d’impliquer les musiciens qui l’accompagnent sur scène.
Malheureusement, malgré de nombreuses écoutes attentives et des discussions autour de moi, Grief n’est pas à la hauteur de l’album précédent ou de Wake Of A Nation. Les éléments Black Metal ont presque totalement disparu. Par exemple, sur Stranger Fruit (2018), l’album ne décollait vraiment pour moi qu’à partir du cinquième titre, mais cela laissait le temps au groupe de poser son univers. Ici, j’ai d’abord pensé que le groupe était retombé dans ses travers, qu’il lui fallait juste quelques morceaux pour trouver son élan. Mais non : les aspects électroniques sont devenus presque prédominants par rapport aux guitares. Or, ce qui faisait jusqu’à présent tout le sel et l’originalité de Zeal And Ardor, c’était cette alchimie entre Métal Noir et Gospel, une recette unique, comme si De Mysteriis Dom Sathanas avait germé dans un champ de coton, où les esclaves noirs américains auraient choisi Satan au lieu de Jésus.
Le seul morceau à retrouver cet équilibre est « Hide In Shade », placé en avant-dernière position. En partageant les compositions avec les cinq musiciens qui l’accompagnent depuis sept ans, Zeal And Ardor semble avoir perdu son mordant et sa singularité. Les aspects les plus doux, jusque-là présents mais bien dosés, prennent ici le dessus, au détriment de l’élément Black Metal. Écoutez « Disease », presque Pop dans son approche. Manuel Gagneux chante toujours aussi bien — il livre même ici l’une de ses meilleures prestations vocales — et brille dans l’écriture de paroles bouleversantes, empreintes de rage et de colère. Mais très peu de morceaux arrivent à se démarquer : « Go Home My Friend », porté par des vocaux dantesques.et l’étrange « Une Ville Vide » font figure d’exception. Ce dernier titre, entièrement Synthwave, rappelle beaucoup trop le générique de Stranger Things.
Pour la première fois, cet album de Zeal And Ardor sort sans le soutien d’une maison de disques. On peut supposer que l’absence de pression d’un label, combinée à l’ouverture de la composition à son groupe live, explique cet adoucissement que je trouve dommageable. Il était déjà en germe dans les précédents albums, mais ici, il s’impose pleinement.
Une déception…
8 COMMENTAIRES
pidji le 19/12/2024 à 08:40:46
Arf, mon sentiment global est mitigé également.
Tous les titres en pré-écoute étaient énormes.
Le souci, c'est que le reste n'a pas suivi... Il y a des gros coups de mou dans ce disque.
Malgré tout, je serai un peu moins dur que toi, je lui aurai donné genre 6.5/10, ne serait-ce que pour ces fameux titres en pré-écoute que j'ai écouté en boucle avant la sortie de l'album final.
Tookie le 19/12/2024 à 09:06:11
Arf, je ne suis pas aussi négatif. (si j'en avais fait la chro j'aurais tourné ça autour de 7.5/10)
Les albums précédents étaient tellement bons qu'on n'accepte pas de ZaA...un rythme finalement plus "commun" avec des temps faibles. Et encore !
Tu parles d'une perte de singularité, là où je trouve qu'au contraire elle est toujours aussi affirmée mais de façon tout à fait différente du "black-gospel" des précédents. Le côté plus electro correspond aussi à ce que Manuel Gagneux (meilleur chanteur de sa génération) a sorti en solo. J'ai bien aimé aussi la place grandissante de l'écriture pop (parce que j'aime bien la pop bien foutue et parce qu'en live, même si c'est plus calme, ça fonctionne !)
J'y reviendrai à l'avenir sans doute moins que les précédents, mais celui-ci a bien tourné et je ne m'en suis pas encore lassé.
Aldorus Berthier le 19/12/2024 à 10:11:23
Avis partagé, mais là où je ne vais pas me faire des amis c'est que ZAA ne m'a jamais séduit, et là c'est encore pire :/
Xuaterc le 19/12/2024 à 10:42:41
Manuel Gagneux chante divinement bien, ça on est d'accord, et moi aussi j'aime beaucoup la pop quand elle est bien faite (avec du beurre dedans), je suis un grand fan de The Dø par exemple. J'ai beaucoup fait tourné cet album avant de me rendre compte que je n'en retenais pas grand chose, alors que partais avec un a priori très positif
Crom-Cruach le 19/12/2024 à 21:23:18
De mémoire, la note est généreuse comme Macron visitant les "pouilleux dans des cabanes".
noideaforid le 19/12/2024 à 22:28:58
C'est un de mes albums préférés cette années. Je l'attendais vraiment l'album sans trop de passage Black métal. Jaime beaucoup l'ambiance que dégage l'album. Y'a un côté panther de pain of salvation mais en plus accessible. Un côté electro qui pour les passages aériens me font pensé à la génération rock belge Deus, ghinzu (ex : thrill) . Ma première écoute : je revenais dans un car de nuit, sur autoroute et tout les passagers dormaient et ça a contribué à me faire beaucoup aimer greif. Une ville vide m'a fait pensé à un morceau venant du jv céleste. Par contre elle ne contient pas de vocal. Je pense que tu as inversé les titres dans ta chronique (Go home my friends).
Crom-Cruach le 20/12/2024 à 09:12:51
@Aldorus : ils ont fait tout de même deux bons albums, il y a 10 ans.
Xuaterc le 20/12/2024 à 09:32:53
@noideaforid, ua temps pour moi, la partie "bien que porté par des vocaux dantesques" concerne le morceau cité avant, Go home my friend, une erreur de copier/coller, je corrige tout de suite
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