Roadburn 2023 - Un petit bilan

Roadburn 2023 Un petit bilan (dossier)
 

 

Quel bilan tirer donc de ce Roadburn, le premier en ce qui nous concerne ?

 

Peut-être un premier enseignement : ce ne sera certainement pas le dernier. Dès le premier jour, nous savions que nous voulions revenir. Et cette certitude a été en se renforçant à mesure que les jours – et les concerts – passaient.

 

La première évidence, c'est la programmation. A l'inverse de nombreux festivals, le Roadburn ne compte pas tant sur d'énormes têtes d'affiches que sur une expérience singulière d'un bout à l'autre du festival, faisant le pari de la créativité et de l'inventivité artistique. On y trouve certes quelques relativement gros noms (c'est d'ailleurs l'un d'entre eux qui a achevé de nous convaincre de faire le trajet), mais sans commune mesure avec ces groupes plus « à stade » qui trustent parfois les créneaux du soir en ratissant large.

Non, au Roadburn, même les plus gros groupes restent mine de rien des groupes relativement de niche, qui n'attireront pas d'immenses foules. Couplé au fait que même pour un public au courant, plus des trois quarts des noms sont tout à fait inconnus au moment de lire le line-up pour la première fois, c'est clairement un autre parti pris que fait le festival, à travers une programmation plutôt variée stylistiquement, mais qui se retrouve généralement sous une même bannière : celle des musiques sombres, expérimentales, et dans tous les cas chargées, et c'est probablement comme ça qu'il faut comprendre le slogan du Roadburn, dont on parlait en introduction : « Redefining heaviness ».

On se demandait au début du dossier si cette ambition assez élevée pouvait réellement prendre corps dans le festival. Et bien que l'on assiste à la représentation d'un groupe de black dissonant ou de drones à basses telluriques, des prestations folks à fleur de peau ou à tout l'éventail des expérimentations en 'post' que l'on puisse imaginer, c'est effectivement ce qui fait prendre toute sa cohérence à la prog du Roadburn.

Le festival se prête à la découverte, et aller voir des concerts « au hasard » prend ici tout son sens, car il y a de fortes chances que même si ça ne colle pas exactement avec nos goûts spécifiques, la prestation sera de qualité et qu'il y aura une vraie intelligence créative derrière.

 

Chacun des noms sur l'affiche a été choisi individuellement et avec soin, et s'intègre à cet ensemble, ce faisceau de différentes formes d'intensité et d'émotions qui forment le dénominateur commun non seulement des artistes qui foulent le plancher des scènes, mais aussi du public, qui vient chercher exactement ce même genre de chose dans la musique et qui – de fait – se trouve à former communauté, encore plus spécifiquement que dans un festival 'metal' ou 'hardcore' plus générique.

 

Car le public, c'est le deuxième point de ce bilan : rarement il m'a semblé, d'un point de vue musical, me sentir me trouver « parmi les miens » au sein de la population du Roadburn. Cette sensation de proximité avec tous et toutes, savoir que l'on partage une même curiosité et une sensibilité proche vis-à-vis de ce que l'on vient voir, de ce domaine de la musique où les expérimentations vont chercher à nous retourner tant physiquement qu'émotionnellement ; et la possibilité de rencontrer très facilement et sans ambiguités n'importe qui, d'échanger quelques mots et conseils en toute simplicité, était une très belle chose.

C'est d'ailleurs quelque chose que l'on a souvent vu du côté des artistes également, visiblement très ému·e·s d'être et de jouer ici, qui s'embrassaient et ne boudaient pas le bonheur de participer aussi en tant que public.

 

Il faut dire qu'en plus de la musique, le Roadburn affiche des valeurs claires, affichées en gros sur un énorme panneau à l'entrée : « We do not tolerale racism, ableism, homophobia or facism », ce qui a le mérite d'être immensément plus clair que dans de nombreux autres festivals qui font souvent un peu de tout pour éviter de prendre position. De fait, cela contribue aussi à renforcer encore un peu plus ce sentiment de communauté dont on parlait plus haut.

 

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Cela n'a pas échappé à un prêcheur qui venait se poser sur le chemin entre les bâtiments pour essayer d'amener le public à la rédemption, mais avec une efficacité toute relative : quand celui-ci disait « repentez-vous, vous vénérez Satan et la sorcellerie » (franchement, il est magique), tout le monde répondait des trucs du style « ah ben oui, c'est exactement ça », ce qui était assez comique.

 

De fait, c'est un festival à « taille humaine », avec quelques milliers de personnes seulement réparties sur plusieurs jours. Et en quatre jours de festival, avec ces chiffres tout de même, nous n'avons eu vent que d'UNE seule embrouille, durant le concert de Mamaleek (où nous n'étions pas présents). Pour le reste, se déplacer dans la ville entre les différents bâtiments permet aussi de faire un petit break et de ne pas être enfermé dans le village-vacance qu'est le festival, ce qui est également très appréciable.

 

Dans les points qui « fâchent », on peut notamment évoquer les tarifs : du billet aux consommations, tout est cher. Mais en ce qui concerne le billet, au vu de la programmation et de tout ce qui entoure le festival, je dirais que ça vaut tout à fait le travail réalisé pour que vive le Roadburn. Mais voilà, sachez-le, c'est un budget.

En ce qui concerne le logement, bien qu'on soit en ville, il peut être assez compliqué de trouver où se poser (nous étions dans un village à 25 minutes en voiture) à proximité. Il y a bien un camping, mais celui-ci s'est retrouvé submergé le lundi matin, parce que mine de rien, il a pas mal plus durant ces jours. Ce n'est pas un problème pour les concerts, qui se déroulent en intérieur, mais c'est aussi à savoir.

 

Bref, pour nous, en plus d'une grosse fatigue, c'est avec un bilan ultra-positif que nous repartons de Tilbourg, encore englués dans les vibrations des concerts qui nous ont transporté et dans les moments de sensibilité collectivement partagée qui font de ce festival un endroit à part.

 

Merci encore à Becky Laverty et à Walter Hoeijmakers pour le travail exceptionnel réalisée année après année sur ce festival.

 

Et très sûrement à l'année prochaine.

photo de Pingouins
le 29/07/2023

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