Roadburn 2023 - Jour 1 - Jeudi 20 - La tête la première

Roadburn 2023 Jour 1 - Jeudi 20 - La tête la première (dossier)
 

 

Après bien 14h de route et une nuit passée dans le coffre de la bagnole sur une station-service juste après ce qui semble être un site industriel de l'enfer (et également après une première tentative de station-service vite abandonnée pour cause de glauquitude ultime, comme évoqué en ouverture de ce dossier), nos deux premiers protagonistes Freaks et Pingouins parviennent enfin à se garer à Tilbourg, entre des maisons de briques et des parterres de tulipes de séparation de routes, histoire d'éviter tous les clichés attenants aux Pays-Bas.

 

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La première mission : la recherche de café. Nous nous dirigerons alors vers l'un des rades de la « rue des rades » dont on ignore le nom mais qui se trouve juste à une centaine de mètres du 013, où se trouvent à la fois la Main Stage et la Next Stage du festival. Car ici, tous les concerts ont lieu en intérieur. Ce sera aussi l'occasion de constater que tous les bars du coin affichent la bienvenue aux participant·e·s du festival. Le contraire eût été étonnant, mais nous auront l'occasion de voir cette même rue dans son activité tilbourguienne « normale » du samedi soir, pour une vision.... radicalement différente. Il n'empêche que ce bar allait devenir notre QG pour le café du matin tout au long du fest.

 

Cette première journée allait (déjà) s'avérer bien chargée, et ce dès ses premières minutes. Alors après être allés récupérer nos pass, on fait un tour de reconnaissance entre les différents bâtiments séparés de quelques centaines de mètres, répartis en deux zones principales mais avec quelques annexes aussi. Ce faisant, on ne manquera pas d'oublier qu'ici, les gens font du vélo et qu'il y a même de vraies pistes prévues, jusque pour traverser les routes : on risquera la collision plus d'une fois avec les vélocipèdes autochtones.

 

Yrre - Terminal

 

- Pingouins : Le tout premier groupe ouvrant le festival faisait déjà partie de ma liste des formations à voir ici. J'avais en effet beaucoup apprécié leur album Luhlae x The Witch sorti en début d'année dernière, et était donc impatient de voir celui-ci confronté à l'exercice du live, sachant qu'il avait été à la base conçu pour servir de ciné-concert lors de projections du film The Witch. Direction donc le Terminal (la deuxième plus grosse salle du fest) pour voir ce qu'il en est. Et là, merde, pas de sacs à dos admis dans la salle pour éviter que trop de volume soit rempli par les affaires et que plus de gens puissent rentrer : il va falloir trouver un moyen de le mettre dans un casier, et rater donc le début du set.

Une fois ce problème réglé, et rentré dans la salle, le premier impact vient du son, massif, chargé en basses jusqu'à plus soif, tout tremble devant la prestation de Yrre, qui avec ce concert nous donnent déjà un très bon aperçu de ce que sera l'ensemble du fest : concentré sur les groupes qui font un pas de côté, lourds dans le son ou dans la charge émotionnelle, et de très haute qualité. Même si je suis déçu d'avoir raté le début, qui permet vraiment de se laisser se perdre dans la suite, leur post-ambient-blacko-experimentalo-machin constitue une ouverture idéale pour le Roadburn, et les Suisses n'ont pas manqué l'occasion de confirmer tout le bien que je pensais de leur musique. Et la première vérité absolue du fest sera exprimée : « Y'a des basses ».

 

Un extrait en video ici.

 

Freaks : Premier concert de ce long week-end dans une des plus grandes salles du Festival, The Terminal. D’entrée de jeu nous nous perdons avec le camarade Pingouins. L’esseulement sera de courte durée, le magnétisme Hardcore et l’envie de commencer les hostilités ensemble nous font nous retrouver. Première impression pas dingue en ce qui me concerne ! Yrre prend son temps, trop son temps à mon goût. Je suis plutôt indifférent devant ce que j’écoute et je sens l’ennui poindre très rapidement. Et c’est là que petit rappel mémoriel, je me rends compte que le Roadburn est en effet un festival historiquement dédié aux ambiances pesantes et contemplatives. Le week-end risque d’être long... Aha ! L’impression laissée par ce groupe (à demi vu) n’est pas ouf mais je suis en bonne compagnie et j’ai quand même coché quelques concerts. Attendons de voir et de monter en puissance.

 

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Norna – Engine Room

 

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Freaks : Inauguration de la deuxième salle, The Engine Room, devant Norna. Le son du groupe est d’une puissance à te décoller le diaphragme. Fatigué de la veille et du trajet Marseille - Tilburg, je sens mon état de fébrilité devant le mur de son projeter par les amplis du combo Suédois. Je ne me sens pas de ouf, mon cardio palpite à chaque coups de force percussif de la batterie et du bassiste. Le temps de me mettre dans le bain et de laisser mon corps s’acclimater, je commence à apprécier le Post-metal tortueux du combo. Sombre à souhait, le combo, non moins formé par un des membres de Breach, travaille son sujet avec fracas, et emprunte des routes très peu éclairées. La noirceur et la lourdeur domine le game. Epuré au possible, les musiciens aiment faire tomber de haut les accords, des accords appuyés par un chant hurlé qui cherche à porter le plus loin et le plus fort possible. Un concert sympatoche que j’ai pris pleine courge avec l’aide d’un son énorme tant au niveau du volume que d’un mixage très bien calibré.

 

Pingouins : A peine Yrre avaient-ils terminé qu'il faut se précipiter de l'autre côté du hangar pour rejoindre la plus petite Engine Room, pour un autre groupe que j'avais coché sur ma liste : Norna. Si ce nom ne vous dit rien, je dirais simplement que le groupe a sorti son premier album Star is way way is eye l'année dernière (en téléchargement gratuit sur leur bandcamp), et qu'il s'agit de la nouvelle créature de Tomas Liljedahl (chanteur de Breach et The Old Wind), accompagné des Suisses Christophe Macquat et Marc Theurillat. Le son un peu plus raw de la salle accompagne bien la proposition de sludge / post metal bien lourde et parfois cradingue du trio, qui maltraite ses instruments un peu toujours au même endroit. Le show est de qualité, les basses retournent encore une fois les organes, mais comme on le dira pendant le concert, « le problème c'est que si tu aimes pas le riff, tu aimes pas le morceau, quoi ». Si les morceaux tirent un poil en longueur, le style de composition voulant ça, le groupe assure toutefois bien son passage et ça m'a fait vraiment plaisir d'avoir l'occasion de voir Tomas sur scène. De plus, on a ici confirmation sur ce qu'on pourra attendre du style de sonorisation tout au long du festival.

(concert en video ici)

 

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John Cxnnor – Main Stage

 

Pingouins : Je traîne un Freaks peu convaincu pour aller voir un DEJA troisième nom que j'avais repéré, le projet electro-darko-chelou des frangins Sejersen de.... LLNN, et oui. Aujourd'hui, John Cxnnor doivent jouer l'intégralité de All Our Future's Past, premier projet commissionné par le festival Roadburn lui-même suite au passage du groupe au festival l'année dernière (où ils avaient joué en compagnie de The Devil's Trade). Avec une vidéo de fond de scène de glace fondant petit à petit en slow motion pour dévoiler une tête de Terminator, ce sont trois chanteurs et une chanteuse qui alternent morceau par morceau tout au long de ce set, insufflant une belle dynamique. On verra donc Victor Kaas (Eyes, Telos et désormais nouveau chanteur de LLNN), Andreas Bjulver du groupe de deathcore Cabal (« lui, il est fou », fin de citation), Kim Song Sternkopt de The Arcane Order et Møl (dont le dernier album Diorama pourrait satisfaire les amant·e·s de post-black), et Mai Soon Young Øvlisen de Meejah, avec des paires formées pour les deux derniers morceaux.

Alternant beats dark-electro et voix essentiellement hurlées, le concert plonge le public dans une atmosphère vraiment particulière et qui à mon sens aurait dû être programmé en fin de soirée : il n'y avait qu'à voir comment les gens dansaient sur le dernier morceau quasi hardtech / breakcore pour voir que ce genre de personnes qui fréquentent ce festival ne peuvent danser que sur ce type de musique chelou et mine de rien transcendentale, sombre et envoutante. L'alternance au micro offre du coup plusieurs approches et jeux de scène différents, ce qui est appréciable, et avec une belle montée en intensité. Tout au long du set, on sent bien les origines de la scène hardcore dont proviennent les loulous, et les sonorités de transition très LLNN justement permettent de ne pas perdre de vue où on est. Mais ne vous faites pas d'illusions : le domaine principal est celui de la musique électronique : sombre certes, mais clavier/parfois percus, chant et beats electro, c'est ce à quoi vous attendre si vous vouliez tenter John Cxnnor (fortement conseillé pour ma part). J'ai énormément apprécié ce concert, et je crois que même Freaks a été convaincu, au bout du compte.

 

Pour celles et ceux que ça intéresse, une vidéo intégrale de ce live peut se retrouver ici.

 

Freaks : Remis de mes émotions et mon état de forme réhaussé par quelques bières, nous nous rendons sur la Main Stage pour assister au concert de John Cxnnor, combo azimuté dans son line up qui propose sur le papier une sorte de Dark-electro avec des accents hardcore. Première impression visuelle facilitée par le peu de monde, la salle est fastueuse et très bien agencée. Des bars de tous les côtés, c’est toujours rassurant, des balcons en guise de perchoir distancié pour les plus fatigués (j’y reviendrai…) et une fosse tout ce qu’il y a de plus standard. Pour rester sur l’aspect visuel, les Danois revendiquent des influences cinématographiques avec tout une esthétique (sapes, vidéos en fonds, ambiances sonores) consacrée à la science-fiction, aux bails technophiles et à son pendant technophobe. Entre Terminator et Matrix pour ce qui est des évidences, pour le reste on s’en fout. A géométrie variable dans ses intentions et en fonction des chanteurs.euses, le combo arrive tout de même à distiller une sorte d’électro futuriste, entre malaise bruitiste, hargne hardcore et beats ludiques. Comme le faisait remarquer notre très cher Pingouins, en fin de nuit dans une orgie extasiante le kiffe aurait été d’autant plus savoureux. Hasta la vista les loulous ! Malgré une programmation à rebours, votre set était récréatif tout en restant stylé.

 

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Puis, en se disant « ok, pause » pour aller faire un tour du côté du merch, voilà que les vibrations s'échappant du Terminal attirent Pingouins vers le concert, ou en tout cas ses dernières minutes, de Predatory Void, jusqu'alors inconnu au bataillon. Jouant l'intégralité de leur album sortant le jour même (ce qui est un des charmes du Roadburn, comme on le disait en intro), Seven Keys To The Discomfort of Being, seul son dernier titre « Funerary Vision » sera entendu, mais suffira à convaincre celui qui a désormais rédigé la chronique de ce même album. Commentaire à la volée : « A la croisée des chemins de Amenra, Oathbreaker et Cross Bringer, et comportant d'ailleurs en son sein des membres de ces formations, Predatory Void ont – il me semble – fait une forte impression lors de ce concert, mais j'en ai vu trop peu pour être catégorique ».

 

Vient enfin l'heure des retrouvailles, Moland parvenant à son tour à rejoindre les terres tant convoitées de Tilbourg, malgré des embouteillages lillois, et c'est non sans émotions que le trio se forme pour les quatre jours à venir. C'est que c'est chouette aussi de se connaître ailleurs que par écrans interposés. Alors quand on peut en plus se faire retourner ensemble la gueule par les basses, c'est d'autant plus plaisant. Et nous voilà donc réunis en étant bien d'accord sur un point : nous attendons le concert de Julie Christmas de pied ferme.

 

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Osi & The Jupiter - Next Stage

 

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Moland : Yrre, Norna, Predatory Void (nouveau projet incluant des membres de Amenra, Doodseskader et Oathbreaker), voire John Cxnnor (le projet electro de membres de LLNN)… Autant de groupes de bon aloi dont les prestations me seront passées sous le nez, à cause d’un embouteillage imprévu en Belgique. N’est pas faute d’avoir quitté la capitale française tôt le matin pour espérer se lancer dans le grand bain du Roadburn dès l’ouverture des hostilités en terres bataves. C’est donc, après avoir peu ou prou pris mes marques, 1e édition pour moi oblige, sur les différents points stratégiques des sites accueillant le festival, que j’entame le marathon en douceur, avec Osi and the Jupiter, dans l’une des plus petites salles. Pas de pit photo, le public se retrouve en contact direct avec la scène et partant, les musiciens, ce qui peut favoriser une connexion, une connivence, une communion fort bienvenues pour le genre de musique que cette scène intimiste proposera tout au long de cette édition. Soit, de la folk qui vous envoie tout droit en forêt. Du reste, je ne saurais dire si le concert souffre de sa 1e place dans la série à voir, mais je me dis qu’il aurait gagné en plénitude dans une clairière nimbée des rayons du soleil couchant filtrant à travers les frondaisons ou dans la nef d’une église. Une guitare, un violoncelle, suffisent pourtant pour emporter l’auditoire dans l’immensité de la Nature éternelle en déroulant les titres du tout nouvel album. Je ne reviendrai pas sur la plupart des concerts que mes camarades et moi avons vus ensemble, surtout s’ils nous ont procuré les mêmes sensations et embarqués sur les mêmes territoires, leurs mots suffisent pour rendre compte de leur intensité à tous les égards. Julie Christmas (la grande Circé de retour pour une prestation durant laquelle elle nous a offert son âme, en attendant son prochain album), Deafheaven, Trounce, Chat Pile, Cave In, Decline of the I, Circuit des Yeux… Liste non exhaustive.

 

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En attendant, Pingouins ira se reposer en faisant un tour du côté du concert de Burst sur la Mainstage, sans connaître, avec un peu l'impression au final qu'il s'agit d'une sorte de groupe de prog/heavy metal teinté de rock indé et d'influences hardcore. C'est clairement bien joué, le public en nombre a l'air d'apprécier et de bien connaître la formation (faut dire que le groupe s'est formé en 1993), qui n'a plus sorti d'album depuis 2008. S'il semble que le concert ait été à la hauteur de l'évènement, après 13 ans d'inactivité, ce sera donc plutôt une écoute distraite qui décrira ma façon de m'y approcher. Par contre, le groupe a eu une phrase qui définit bien le festival pour leur présentation : « Roadburn is a unique event for people who think creative dissonance is a good thing ». Là-dessus, difficile de leur donner tort.

 

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Esben & The Witch - Next Stage

 

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Moland : Je me dois cependant de souligner un constat inhérent au Roadburn lui-même. Quiconque s’y intéresse de près ou de loin (et a fortiori, quiconque y a un jour traîné ses guêtres) sait que son public se divise au moins en deux catégories qui parfois se confondent : il y a ceux qui y retrouvent leurs goûts avec confiance et assurance, comme autant d’évidences surgissant dans l’extrême pertinence et l’indéniable cohérence de sa programmation. Et puis, il y a ceux, davantage versatiles, qui vont y chercher leurs goûts. A tâtons et au gré des chemins que les premiers balisent. Ceux-là voient dans l’affiche du festival comme une légitimité à (re)découvrir, apprécier, creuser tel ou tel autre artiste, quand bien même leurs noms auront déjà croisé leur parcours culturel. Sans retenir outre-mesure leur attention. Au risque de perdre tout sens du discernement. Zola Jesus se produisant au Roadburn suffit à plonger certains dans le déni, quand bien même sa prestation ne semblera pas figurer parmi ses plus mémorables ; Boy Harsher reprenant Chris Isaak suffit pour que celui-ci bénéficie d’une réhabilitation ; et Esben and the Witch

Parlons-en. Son rock romantico-gothique teinté de dark wave et de post-rock sévit depuis 2008, et si son nom circule dans les cercles d’initiés (votre serviteur a déjà pu applaudir le groupe british en 2011 au Point Ephémère, à une époque où il naviguait dans un pessimisme musclé), il lui suffit d’une prestation sous l’égide du Roadburn pour affoler les néo-exégètes prompts à répandre la bonne parole en société comme d’autres vous serinent sur le ska qui serait du reggae accéléré. Tant mieux pour le groupe, qui, avec son nouvel album, dont les titres occupent la majorité de la setlist, verse désormais davantage dans une certaine forme de mélancolie apaisée tout en délicatesse qui porte en elle les blessures, les cicatrices, les instants de grâce et de bonheur réunis dans les éléments constitutifs d’une vie faite de bifurcations et de chemins de traverse.

 

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Julie Christmas – Mainstage

 

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Freaks : Le concert du jour pour moi et tant d’autres, le retour de Julie Christmas sur scène était l’évènement de l’année et de ce week-end. Nous faisons en sorte d’arriver tôt, nos places à porté de fluides salivaires sont assurées (fétichisme libidineux de circonstances), le concert peut commencer. Une set list qui rassemble les morceaux les plus emblématiques et variés de Julie Christmas. Battle Of Mice, The Bad Wife sont largement repris ainsi que de nouveaux morceaux qui figureront sans doute sur un album à venir. « Secrets All Men Keep » restera personnellement le morceau le plus romantique et délectable. La sensualité et la subtilité du chant de Julie Christmas sont toujours aussi opérants, sa sensibilité touche au plus profond. Des larmes sont retenues quand c’est encore possible. Le petit garçon que je suis à ce moment-là du concert se liquéfie sur place et au fur et à mesure que la beauté, incarnée sous les traits d’une mauvaise femme fait son office. Les interactions avec le publique sont légions, elles captent des regards, le mien par moment qui ne tient que peu de temps devant l’intensité d’un regard sombre et intimidant. Renvoyé à l’état de lavette, Julie Christmas me désarçonne de par l’aura qu’elle dégage, la magnificence et la puissance de son chant, enfin de la dramaturgie que suppose l’esprit Christmas.

Petit bémol : Une robe que je trouve très kitsch mais qui finira par être détruite à grands renforts de ciseaux sentencieux et salvateurs. Je n’en demandais pas moins, j’ai l’impression que nous sommes raccords. Une intimité partagée est vécue, du moins l’illusion fonctionne. Une tranche de vie musicale passée en compagnie de Julie Christmas, c’était l’objectif de ce long séjour. Mission accomplie, je suis refait, heureux et encore sous le coup de l’émotion. Nous avons loupé de peu l’élan de générosité de Julie, qui a pris pour habitude de partager quelques verres de whisky avec son publique. En l’occurrence c’était du Bourbon. Foutre ! Je vais au bar m’en commander un et rentre aussi dans l’Histoire. Illusion et fétichisme à leurs sommets. J’ai kiffé, jouis et pleuré… Maintenant j’ai surtout envie de me défoncer la tronche pour exorciser le mal-être que nous fait partager Julie Christmas et ses acolytes de circonstances.

 

Pingouins : J'ai hésité à aller jeter un œil à Esben and the Witch (concert intégral en video) ou à Body Void entretemps, mais finalement, j'ai fait quelque chose que je ne fais normalement jamais (il faut dire que je n'ai pas l'habitude d'aller dans d'aussi gros événements) : me placer pour un concert, et en l'occurrence celui de Julie Christmas, dont la présence ici a été l'un des principaux éléments déclencheurs pour motiver cette chevauchée vers le nord et le Roadburn. Au milieu, à trois ou quatre mètres de la scène pour voir l'ensemble et avoir un bon son, et je ne regrette pas ce choix. Accompagnée de musiciens sélectionnés pour l'occasion (dont Joannes Persson de Cult Of Luna), la New-Yorkaise, dont c'est la seule date en Europe, assure le show avec la prestance scénique qu'on lui connaît : peut-être un peu moins chaotique mais toujours aussi passionnée dans sa façon de chanter, les années passant expliquant peut-être cela, Julie Christmas va piocher dans une bonne partie de son répertoire pour balayer ses presque vingt dernières années de carrière.

Ouvrant le bal avec les paroles terrifiantes de « Bones in the Water » (qui s'avère être mon morceau préféré sur A Day of Nights), donc avec un morceau de Battle of Mice (il y aura aussi « Yellow and Black » en fin de concert), que je n'aurais jamais imaginé pouvoir voir un jour en concert, c'est plein d'émotions que je me fais transpercer par la ligne « I have a present for you, it's made from pieces of my skin » et par Persson qui vient seconder au chant. On enchaîne avec « Not Enough », un nouveau morceau de Julie pour la première fois depuis 13 ans (ou ses penchants proches de Queen Adreena ressortent), et sorti la veille du festival, tout en tension accumulée : là encore, ouf, c'est fort. Tout comme quand vient le moment du magnifique « Secrets all men keep », ou encore les nouveaux morceaux « End / World » (où on retrouve une ambiance envoutante et un Persson pour enfoncer le clou du deep) ou « The Ash », qui passent très bien l'épreuve du live. On attend donc avec impatience un éventuel nouvel album ! Sachant que le nouveau morceau est sorti chez Red Creek (le label de Persson, qui ont récemment sorti Birds In Row), il y a de bonnes chances.

Et nous n'échapperons pas à la traditionnelle scène du whisky, des verres et des rasades étant offertes dans le public, avant que Julie ne s'en envoie de grandes goulées pour ensuite faire passer la bouteille dans la salle : c'est avec grand regret que celle-ci passe à moins de cinq centimètres de ma main et s'échappe vers d'autres contrées. Sans oublier de mentionner la paire de ciseaux brandie, menaçante, par la chanteuse, avant de se couper de longues poignées de cheveux en plein concert.

Vu là où nous étions placés, le jeu de scène de Julie tendant régulièrement une main ouverte vers le public donne régulièrement la sensation d'établir une connexion dans les tourments qui sont chantés ici, ce qui a été réellement émouvant. Et qui m'a donné l'impression, en observant les gens autour de moi, d'être un peu « parmi les mien·ne·s » : avec celles et ceux qui recherchent ce même genre d'abandon et d'émotions dans leur musique. Et voir les musiciens s'embrasser sur scène, la profonde amitié et affection qui semble se dégager entre Christmas et Persson, a vraiment ajouté à ce côté profondément humain et « collectivement personnel » de ce concert et de ce festival.

Pour le dire simplement : je meurs déjà d'impatience d'avoir peut-être la chance de revoir Julie Christmas en concert si jamais elle repassait en Europe avec un éventuel nouvel album.

« I just wanted to see you again... ».

 

(le concert peut se retrouver en vidéo ici)

 

Je serais ensuite bien allé voir le premier set de Sangre de Muérdago (avec un ancien Ekkaia dedans) qui jouaient leur nouvel album en intégralité, mais la nécessité de se nourrir et les émotions déjà accumulées ont imposé de faire un petit break avant le prochain set prévu : Deafheaven, qui aujourd'hui doivent jouer l'intégralité de Sunbather, l'album qui les a révélés au monde et a contribué à faire bouger pas mal de lignes (et qui par ailleurs n'est pas encore chroniqué sur CoreandCo.

 

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Deafheaven (Sunbather show) – Main Stage

 

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Pingouins : Si j'ai apprécié Sunbather en son temps, je n'ai jamais été un immense fan du groupe. Par contre, je saisis volontiers l'occasion de voir jouer cet album en concert, et ça valait le coup, notamment pour la performance absolument absurde de grâce totale qu'a George Clarke de se mouvoir sur scène, précis et sensuel, tout en courbes et en mouvements pleins de douceur (ce qui fera un sérieux contraste avec le set de Chat Pile sur cette même scène le samedi !).

Aujourd'hui, la salle est comble et le public ravi de la performance du groupe, qui rend une très bonne copie de bout en bout, ce qui sera apparemment moins vrai le lendemain pour la performance de Infinite Granite.

Les morceaux déroulent et prennent toute leur ampleur en live, clairement une bonne prestation pour Deafheaven, qui étaient probablement l'un des sets les plus attendus de la journée, et que vous pouvez retrouver en vidéo intégrale ici.

 

Freaks : Demi déception. Je commençais à être un peu agité intérieurement, alcool et passage aux toilettes de circonstances. Première fois sur la lunette des chiottes, le punk et ses frasques me manque, j’ai envie de faire dans les petites transgressions à deux balles. Je ressors des toilettes impatient de ressentir l’état dans lequel je vais être. Et bah c’était juste hyper contreproductif comme moov. Entre leur passage au Trabendo à Paris en 2018, que j’avais vraiment kiffé et leur passage au roadburn, c’est le jour et la nuit. Le Set on le connais, Sunbather est à l’honneur mais rien y fait je n’arrive pas apprécier le concert à sa juste valeur. Mon passage aux toilettes aura surement sabordé ma perception des choses. Je trouve les morceaux joués trop lentement, le chant est lointain. Le chanteur chante à des kilomètres de son micro. Sa puissance vocale coutumière est absente. Le mix n’est pas ouf, du moins nous n’étions pas forcément au centre, surement cela a joué. Quand bien même, je ne suis pas trop dans le mood et passe un peu à côté du set. Tanpis ! cela ne retire en rien l’engouement que j’ai pour ce groupe.

 

Nous aurions pu ensuite continuer la soirée par d'autres groupes de nous inconnus (Spirit Possession, Antichrist Siege Machine...), mais la fatigue accumulée par le trajet et ce jeudi de concerts a eu raison de nous, et pour cause : il nous reste encore trois jours à tenir, ainsi que le voyage de retour. Alors c'est stratégiquement et épuisemment que nous nous sommes dirigés vers la CoreandCar pour gagner l'endroit où nous allions dormir, à 25mn de là.

photo de Pingouins
le 29/07/2023

4 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 31/07/2023 à 20:43:29

Bah alors FreakyBoy, plutôt Speed ou Coco ?!
M'enfin, qu'il est sensible, çui-ci...

Cela dit vos reports, là, donnent sacrément envie.
Un peu moins quand ça cause sous-sous, mais bon, c'est la vie, les sous-sous.

Freaks

Freaks le 01/08/2023 à 23:04:37

Je crois que tu as des soucis d'interprétation Gepeto :p ( le moins chère ;))
Sinon, qu'est ce que dit un punk qui arrête le speed? Mais ils sont à qui tous ces chiens! 
Et tout à fait d'accord avec toi, c'est la tune et aussi la verticalité qui font la vie Mouaha!

el gep

el gep le 02/08/2023 à 11:13:57

Mouahah ! Elle est bonne celle-là !

Non mais c'est vrai, tout a l'air cool dans le plus beau des Mondes au Roadbourne, pis là au bilan je lis "mais tout est cher". Merde ! Même le speed ?!?

Freaks

Freaks le 04/08/2023 à 00:21:04

En vrai au delà des sioux.. c'est vraiment cool comme expérience communautaire.. des fois ça fais du bien de se retrouver entre nous...
Et pis si ya le speed en prime qu'elle régale.. raté pour moi en l'occurrence vu que c'etait plutôt coc champagne mais devant deafheaven c'était d'un chiant.. avec les melvins la ça aurait régalé ;)

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