Black Bomb A - Interview du 23/03/2024

Black Bomb A (interview)
 

Ma première question est assez simple : ça fait quoi d’avoir 30 ans ?

 

Arno : Ça fait quoi d’avoir 30 ans ? Plein de choses. Déjà, ça ne rajeunit pas… Déjà. (rires). Après, ça fait plaisir dans le sens où c’est une aventure qui dure, même s’il y a eu des changements de line-up. Mais ça reste cool.

 

Étienne : C’est ça. C’est les deux sensations. Ça fait super plaisir de te dire qu’un groupe arrive à faire 30 ans de carrière, surtout dans ce genre de musique en France et en même temps, ça ne nous rajeunit pas.

 

Arno : Ouais, on se sent un peu vieux quoi… (rires)

 

Du haut de vos 30 ans, quel regard portez-vous sur votre trajectoire ?

 

A : Oh ! Trajectoire ? Hmmm. Quel regard ? Bah, c’est assez cool d’avoir laissé son nom dans un paysage musical, en fait. C’est assez cool parce que ça reste dans l’Histoire en fait. Et du coup, je pense qu’on aurait pu avoir une autre trajectoire si on avait fait d’autres choix, évidemment, mais je suis assez content de ce qui a été fait. On est toujours resté intègres avec les choses dont on voulait parler où que l’on voulait mettre en avant. C’est assez positif en fait, la trajectoire est assez cool.

 

En tant que daron, on va dire ça comme ça, quel regard portez-vous sur la scène actuelle ?

 

A : Oh, il y a plein de trucs intéressants, il y a plein de groupes… Il y a beaucoup plus de groupes qu’il n’y en avait à l’époque, quand j’ai commencé ; quand j’avais 17 ans. Nan, c’est cool, il y a plein de trucs super intéressants qui sont arrivés dans les années 2000 avec l’avènement de différents groupes…

 

E : Ouais, c’est ça, il y a plein de vagues différentes. Effectivement. Nous aussi on a surfé sur la vague. Il y a eu les Black Bomb, les Gojira

 

A : Lofo un peu avant

 

E : Il y a eu les Eths, tout ce genre de chose. Il y a eu une vague qui a submergé la scène metal française au début des années 2000. Ça s’est un peu cassé la gueule après, qu’on se le dise. Mais effectivement, il y a plein de trucs qui arrivent maintenant. Je pense même qu’il y a plus de groupes.

A : Oui. Pour moi c’est une évidence.

 

E : Hyper talentueux, mais c’est pas du tout la même approche médiatique, ou ce genre de chose qu’avant. C’est pas purement de la scène française, tu vois. Des groupes comme Landmvrks, tu vois, ils sont français, mais ils sont plus considérés comme un groupe international directement, tu vois ? C’est super riche. Par contre, la nouvelle génération, ça joue de ouf.

 

A : Ouais, c’est super intéressant. Il y a des croisements un peu plus foufous qu’à l’époque, même s’il y avait des trucs assez fous dans les années 90. Mais je trouve qu’il y a maintenant des associations de musique que je trouve très intéressantes dans tout ce conglomérat de musiques, on va dire actuelles comme l’électro, comme le hip-hop, comme plein de trucs en fait, tu sais. Et ce mélange de plein de trucs, je trouve qu’il y a des choses qui sont assez intéressantes et je pense que l’avenir va révéler des choses vraiment cool, je pense. On va voir une évolution.

 

E : Ouais, c’est ça. Tu arrives, je pense, au début d’une scène où le metal commence à fusionner avec autre chose, ce qui n’était pas…(hésitations) Je pense qu’il y a un moment où ça s’est fatigué et là, ça arrive à assimiler d’autres genres de musique qui n’étaient pas tentés.

 

Concernant Black Bomb A, il y a eu quelques changements de line-up ces derniers mois. Étienne, tu es revenu récemment. Quelles sont les raisons de ce retour ?

 

A : Parce qu’on l’a rappelé ! (rires)

En fait, Jacou a arrêté parce qu’il était trop occupé avec Dropdead Chaos. Donc, il ne pouvait pas trop occuper le poste, donc on a assez logiquement proposé le poste à Étienne et puis voila quoi.

 

E : Vu qu’à côté, je refaisais de la musique avec Poun sur un autre projet, depuis pas très très longtemps, puisque j’ai quand même arrêté 11 piges, mais du coup, effectivement, c’est tombé à ce moment là. J’ai longuement hésité, je l’avoue. Mais bon, c’est mes frangins, donc bon… à un moment, voilà quoi, j’ai dit oui.

 

Toujours sur la question du line-up, c’est désormais Jordan Kieffer derrière les fûts. Comment s’est passée la rencontre ?

 

Poun, s’immisçant dans la conversation : Dans un sex-shop. A Thionville. (rires)

 

A : Quand Hervé a arrêté, on a pensé à différents batteurs. Moi, j’ai pensé à Jordan parce que j’avais fait un truc avec lui, Poun aussi a fait un truc avec lui ; un autre projet qu’il avait avec Florent, l’ancien chanteur de Smash Hit Combo et puis Chon, qui était l’ancien guitariste de SHC. Du coup, on a fait un feat ensuite et j’ai bien matché avec lui. On avait pensé à d’autres mecs, mais il a été ultra réactif, il avait une espèce d’énergie !

 

E : C’est ça. C’est un des seuls a qui on a demandé : «  Tu peux nous faire tel titre, tel titre etc » et qui nous les a fait en, quoi… à peine 3 jours. Il a assimilé beaucoup de titres qu’il a joués vachement bien, et surtout avec sa patte. C’est surtout ça qu’on a beaucoup aimé. Il est arrivé avec son truc en nous disant : « Je m’accapare les morceaux » et le mec nous a fait ça en trois jours. Et puis humainement, ça a matché.

C’était un des seuls pour qui c’était unanime. Ce batteur là, vraiment ça le fait, dans son jeu, son énergie... Ça pourrait amener un vent de fraîcheur.

 

Il me semble avoir lu qu’Unbuild the world vous avait pris 3 à 4 mois de composition, ce qui est, je trouve, un temps très court pour pondre un album. Comment s’est passée cette période ?

 

A : Bah, par exemple, tu vois, Speech of Freedom a été composé en 1 mois et enregistré le mois suivant donc, tu vois, on a déjà fait dans l’urgence. Mais là, il y avait plusieurs choses qui se cumulaient. Le changement de line-up...

 

E  le coupe : C’est ça, il fallait qu’on se trouve musicalement. En fait Sam amène la majorité des riffs…

A : C’est ça, Sam amène la majorité des riffs et on passe ça au mixeur à cinq et on construit un truc. Mais, avec Jojo, ça s’est fait naturellement. On a appris à jouer ensemble, aux premières sessions et après…

 

E : On s’est fait beaucoup de sessions uniquement musicales, chez Jojo justement, en se disant « Bon ben, voila... » En fait, quand il est arrivé on a fait la tournée avec Crowbar direct, donc ça a aidé un peu à s’entendre, parce que quand tu passes 15 jours enfermé dans un camion, bon voila quoi. Et à la sortie de la tournée, il y a eu un rendez vous avec le label et le label a dit : « il faut sortir l’album à telle date, donc faudrait enregistrer en octobre». Et on était début juin. Donc tu fais le calcul, ça laissait très peu de temps. En plus avec le changement de line-up, on repartait de quasi zéro.

Donc musicalement, oui, on s’est très très vite enfermé avec Jojo, chez lui et Sam a amené sa matière. Donc on a composé des bases de morceaux, qu’on envoyait aux chanteurs qui nous disaient «  Ouais, ça c’est cool » etc et puis on se retrouvait tous ensemble…

Donc oui, ça a été assez rapide.

 

Au niveau de la prod, le travail a été confié à Francis Caste avec qui vous aviez déjà travaillé précédemment.

 

A : Ouais, il avait mixé et masterisé l’album précédent.

 

Donc, qu’est ce qui vous plaît tant dans son travail ?

 

A : Bah, à la base, il avait ce côté un peu organique et on aimait bien les différentes prods qu’il avait faites avec, notamment, bon, il a fait notamment les Kickback, mais perso j’étais plus fan de ce qu’il avait fait avec les Buko par exemple. Il a fait des trucs avec Hangman’s Chair etc et j’aime bien son approche de l’instrument. C’est un musicien, déjà ; et puis humainement, ça s’est toujours bien passé. Et on avait été satisfait du travail sur l’album précédent, donc on s’est dit « Tiens, on va essayer de tout faire avec lui ce coup-ci. » Et puis voilà quoi. Il a une approche assez intéressante de l’instrument, je trouve. Et il propose plein de choses. Il a ce réel rôle de producteur.

 

E : Il n’hésite pas à proposer des changements de structures. C’est hyper intéressant d’avoir un avis extérieur et d’avoir un mec extérieur qui arrive à te convaincre qu’en faisant des choix que tu n’aurais pas fait, ton morceau est meilleur, en fait.

 

A : Là, même dans le process de post-composition, il a proposé plein de choses en fait.

 

E : Et même sur les sessions d’enregistrement, c’est un producteur qui laisse vivre les morceaux. Dans le metal, c’est une musique qui est très souvent éditée, où tu vas prendre le meilleur couplet et tu vas le copier, le remettre sur le passage d’après et lui n’est pas du tout dans cet état d’esprit.

Donc tu fais les morceaux de A à Z, sans copiés-collés ; ça vit, c’est très vivant. Il y a un côté très live en fait. Tant que ça sonne à l’oreille, pour lui, ça ne sert à rien d’aller… à la ‘ricaine, caler ton truc pile-poil sur le clic. Si ça sonne, ça sonne.

 

J’ai trouvé assez étonnant de donner le nom d’un interlude à l’album. Pourquoi avoir fait ce choix ?

 

A : Alors, on n'avait pas de titre encore pour l’album, quand on a commencé à avoir les titres en route. Et il s’est trouvé que… je sais plus, je crois que c’est Poun qui a trouvé le nom

 

E : Ouais, le titre est tombé avant qu’on fasse les paroles sur l’interlude.

 

A : Ouais, ouais, ouais, l’interlude était destiné à autre chose à la base et on s’est dit… Pourquoi pas l’utiliser comme ça, en fait. Et du coup, même dans la mécanique de l’album… (il marque une pause). Ce soir, tu verras, l’interlude jouera un autre rôle en live, en fait. Donc, c’est assez marrant. Alors, pourquoi avoir donné un nom d’album à l’interlude ? En fait, je sais pas si il y a une explication rationnelle.

 

E : Ouais, c’est juste qu’on a donné ce nom d’album qui correspondait bien avec tout ce qui avait été fait avant. Et cet interlude, il y a un moment, voilà, on l’avait le truc, on voulait s’en servir parce que ça sonnait différent, on voulait le faire, on voulait apporter une patte différente sur cet album au niveau artistique et au niveau écoute et à un moment, on s’est dit, tiens, on met du chant dessus quoi !

Et en faisant le chant, effectivement, il y a eu cette idée d’incorporer le titre de l’album.

 

Si vous aviez des connexions (musicales et autres) à faire concernant Unbuild the World, quelles seraient-elles ?

 

A : Musicalement ? Il y en a plein. Même au niveau des textes tu sais.

Je pense que c’est un bon constat. C’est une analyse assez acerbe de ce qui nous entoure, en fait, je pense.

 

E : Ouais, c’est assez générique dans Black Bomb,

 

A : Ouais, mais je pense que c’est plus acerbe là, encore. En fait, avant d’écrire les textes, je me suis relu tous les textes, même de l’époque de Djag et tout… Pour essayer de ne pas réutiliser les mêmes formules parce qu’en écrivant les textes tu peux vite tomber dans… Tu peux te faire un catalogue de lexique, tu sais, où t’as tendance à faire revenir pas mal de mots ou d’expressions. Et du coup, pour ne pas retomber dans ce piège là, j’avais relu tous les textes en fait. Et du coup, je trouve que dans mon écrit à moi, je trouve que c’est beaucoup plus acerbe que ça ne l’était avant en fait, beaucoup plus… … cynique, je dirais.

Et je dis pas que c’est la même choses, pour Poun, hein.

 

E : Dans le global, on s’est mis zéro limite en fait. Moi, je suis revenu après douze ans, je n’écoute plus les même trucs ; Jordan, c’est pareil, il est très néo metal, il écoute plein d’autres trucs aussi.

On s’est dit : «  On essaye plein de trucs ». Après, il y a plein de trucs qu’on a jeté aussi, on allait peut-être un peu trop loin. Mais effectivement, on s’est dit, tout peut marcher à partir du moment où le global marche et qu’il y a une patte qui nous convient, qu’il y a un fil conducteur artistique qui nous va, on y va… Ouais, c’est peut être ça, aussi. Le fait d’avoir cassé les barrières, en tout cas d’avoir poussé les murs, en se disant on n'a plus de place, on essaye plus de trucs. Dans l’écriture comme dans la composition.

 

Tu parlais de néo metal à l’instant, et justement, c’est une étiquette que j’avais envie de coller à Unbuild the world. Donc en fait, ça va, j’ai pas trop l’oreille pourrie ! (rires)

 

E : Ouais, nan ! Du tout. Il y a un moment particulièrement qui fait plus néo et qu’on aime beaucoup. Et c’est assumé de toute façon, même si on est assimilé en groupe de punk/HxC/metal, on a toujours dit qu’on écoutait plein de trucs. Effectivement, on vient de là.

 

Parce que j’hésitais à peu à la poser cette question, de peur de prendre un pain (rires).

 

E : Ah nan, du tout. Il ne faut pas. Moi, j’ai pas honte de dire que j’écoutais les premiers albums de Korn etc. C’est loin d’être honteux et je trouve ça génial de pouvoir mixer un peu des deux.

Donc oui, un titre comme ‘Blowing Up’, on est tous d’accord pour dire que c’est un titre plus néo.

 

Quels sont vos projets pour l’année à venir ?

 

A : Bah, là, c’est la deuxième date de la tournée. Tournée qui va nous faire courir jusqu’à l’été et ensuite, on a des trucs qui vont être annoncés très vite, là. Pour fin septembre puis fin d’année, novembre/décembre.

 

E : Peut être même avant l’été.

 

A : Ouais, ils vont être annoncés avant l’été mais qui se feront après les dates de cette tournée.

 

E : Normalement, il y a aura quelques belles surprises.

 

Normalement ?

 

A : Ouais, ouais, parce que tu sais on est jamais sûr de rien.

 

E : Rien n’est jamais acté, donc bon. C’est pas signé comme on dit.

 

A : Ouais, demain, le Liechtenstein peut déclarer une guerre mondiale, on sait jamais. (rires)

 

E : Mais normalement, l’avenir est beau et radieux pour cette année.

 

Merci beaucoup à vous d’avoir pris de votre temps.

 

A : Nan, merci à toi.

 

E : Merci à toi, c’était avec plaisir.

photo de Vincent Bouvier
le 04/04/2024

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 04/04/2024 à 23:10:21

Damned j'avais loupé l'interview !
Bien joué Vincent 🤘

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 05/04/2024 à 11:57:06

Merci!

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