My Own Private Alaska - Interview du 16/06/2008

My Own Private Alaska (interview)
 
Tout d’abord, d’où vous est venue cette idée, assez audacieuse quand même, d’associer le piano classique à un chant screamo et à une batterie ? Quels s’en sont les prémices ?
C’est une idée commune à Tristan et moi. Il avait des compositions classiques qu’il jouait seul. Personne ne les entendait alors que pour moi, c’était déjà une bombe. C’était magnifique. Vu que c’est le seul pianiste au monde dont les groupes préférés sont TOOL, PANTERA et HELMET, il voulait que quelqu’un crie sur ses compositions, pas que quelqu’un chante gentiment ! Il aimait ma voix et on a commencé à réfléchir le concept. Ce n’est qu’au bout de 4 ans qu’on a trouvé Yohan, le bon batteur. Et là, tout s’est accéléré. L’alchimie a marché. Les premières répéts, les premiers concerts…

Pourquoi ce nom de groupe et quelle en est sa signification ? A quoi fait-il référence ?
« My Own Private Idaho » de Gus Van Sant. Un film sensible et fort. La juxtaposition de ces 3 mots exprimant quelque chose de personnel et de surpersonnel nous plaisait. Après, on a choisi l’Alaska comme patronyme car nous voulons évoquer par notre musique les grands espaces, le vide, l’immensité, le froid… Quelque chose de dur et éprouvant. Romantique aussi… Il fallait que l’Ecosse, à côté, ce soit la côté d’Azur…

En plus de ce nom un brin mystérieux vous usez de noms de scène très «épurés» (T, Y et M). Quel en est le but ? Garder un certain anonymat au près du public ou bien est-ce une démarche musicale, personnelle ?
Oui, rechercher l’anonymat. On a tous un peu du passif musical, qu’on voulait laisser derrière pour n’influencer personne à la première écoute. Le concept du groupe est aussi là : il n’y a pas de frontman, il n’y a pas d’égo. Tout le monde à la même enseigne, la fin de l’être humain, etc…

Les paroles sont très nihilistes et emplies de désespoir, de douleur. Est-ce un constat sur la vie actuelle ou des métaphores ? D’où vient toute cette peine ?
Je crois qu’on en a tous, des peines. Je ne me prends pas pour un putain de martyr, je ne suis pas Jésus. Après, il est certain que le passif te marque. Des traumatismes vieux ou récents. L’enfance, l’amour… Le père qui part, la mère qui fuit. Les expériences sales et viciées. La trahison et le mensonge. Ta meuf qui va essayer de baiser tes meilleurs potes… A partir de là, ou tu te flingues, direct, ou tu transformes tout ça en art. J’ai choisi la deuxième option. C’est une thérapie, c’est certain.

MOPA est certes une sacrée expérience musicale, mais c’est aussi un vrai choc en live. Pourquoi ce concept des «three sitting guys» ? Vous jouez également avec une disposition particulière (en triangle, la batterie au centre), pourriez-vous expliquer l’origine de cette dernière ?
Au départ, c’est juste que j’étais trop fainéant en répét pour rester debout alors que mes collègues étaient par définition, assis ! Et puis j’ai décidé de rester assis… C’était bien, dans l’idée. Tout le monde a la même hauteur. J’avais pas envie de jouer le rôle du chanteur hardcore tatoué en avant-scène qui tend le micro pour que tout le monde gueule le refrain. Et puis, le fait de se disposer comme ça, il y a le côté personnel et intime qui ressort. Pour nous, c’est bien. Et apparemment, pour le public aussi, vu que quelque chose passe.

Le fait de jouer sans guitare ou basse derrière vous ne met-il pas plus la pression lors des représentations ? Les sensations changent-elles ?
Oui et non. Il est sûr qu’il est toujours rassurant, du point de vue de la testostérone, d’avoir des amplis qui crachent de la saturation derrière toi. Ce n’est d’ailleurs que grâce à ce bouillon sonore que certains chanteurs d’une médiocrité affligeante arrivent à tenir leur position centrale, car ils sont rassurés d’être pris dans ce tourbillon de saturation. C’est humain, et du coup, ce que tu dis est très pertinent ! Mais il est vrai que du coup, on est à nus. Complètement. Je fais un seul couac à la voix, tout le monde l’entend, là, où cette couille passerait inaperçu avec 1 basse et 2 guitares derrière ! Pareil pour les fausses notes au piano, les pains à la batterie… MOPA ne permet pas trop l’a-peu-près. Même si on vit ça de façon très violente et rock’n roll sur scène. C’est extrême. On a pas envie de faire groupe de prog qui se recoiffent entre chaque refrain.

Des rumeurs plus que certaines font état d’un contact avec Ross Robinson. Qu’en est-il réellement ? Comment l’avez-vous rencontré ?
Et bien, tu vas peut-être avoir un scoop vu que le fait est qu’on décolle pour Los Angeles le 30 juin pour enregistrer notre premier vrai album avec Ross. C’est assez incroyable ce qui nous arrive. C’est lui qui nous a contacté en premier. On l’a juste addé sur MySpace. Il a écouté, il est tombé amoureux de notre musique… De notre côté, c’est un type qu’on respectait énormément par rapport aux groupes qu’il a fait, et de la façon dont il a aidé ses groupes à se transcender, à se dépasser. Le boulot qu’il a fait sur AT-THE-DRIVE-IN est incroyable. Sur KORN, c’est phénoménal. Pour THE CURE, pareil, ça a été un des rares à pouvoir influencer Robert SMITH sur sa façon de chanter. Alors, il me tarde de voir comment ça va se passer chez lui pour nous. C’est une des rares personnes au monde en qui je fais confiance sur l’avis qu’il aura sur l’artistique de MOPA ! C’est au passage KERTONE PRODUCTIONS qui a eu les couilles de rendre le projet viable financièrement.

Comment envisagez-vous le travail avec un producteur comme lui, l’un des pères du Néo-métal et gros découvreur de talents ?
C’est fou qu’on se retrouve chez lui. Nous sommes le premier groupe français à partir là-bas, et ce, choisi par lui quelque part. Il a énormément apporté au néo-métal en effet. Il a fait pas mal de groupes dans cette veine là quand ce style correspondait encore à quelque chose de novateur : les 2 premiers KORN, le premier LIMP BIZKIT, le Roots de SEPULTURA… Je respecte énormément. Après, il a fait énormément de groupes différents, beaucoup de hardcore : NORMA JEAN, FROM FIRST TO LAST… Des trucs plus posés comme TEAM SLEEP, ou THE CURE. Je pense qu’il a vraiment toutes les cartes pour bosser MOPA à la fois piano classique, screamo, rock et métal, et même indus, gothique par le romantisme… Tout ça en même temps.

Quels sont d’ailleurs les futurs projets du groupe ? Comment comptez-vous continuer l’aventure ?
On a devant nous plus de 2 mois de studio d’affilée à Los Angeles avec Ross Robinson. A l’issue de ça, on enchaine direct avec 3 semaines de tournée européene avec WILL HAVEN. Ca aussi c’est formidable. Un putain de groupe. On va faire de chouettes salles, on va vister 5 pays. Après, on a maintenant à trouver un label qui bosse worldwide pour cet album qu’on va faire. On veut trouver un vrai partenaire. Sérieux. Qui comprenne notre musique et ne la pervertit pas.

On a pu lire sur la toile un nombre important de critiques très positives et enthousiastes, quel effet cela vous fait-il ? Vous n’avez pas encore reçu de menaces de mort d’inconditionnels de Chopin qui crient au blasphème ?
Héhé ! Y a évidemment des gens qui gueulent, par rapport à Chopin… Il y a un côté prétentieux à mettre Chopin en influence c’est sûr. C’était un peu provoc de notre part ! Pour choquer gentiment. Mais c’est sûr qu’à part deux, trois geeks anti-MOPA, le gros des critiques est relativement positif, voire très enthousiaste comme tu dis. Ca fait évidemment plaisir. C’est pas pour l’égo. C’est pour le sentiment de voir sa musique, et sa démarche comprise. Et là, c’est pas mal le cas. Les gens sont vraiment derrière nous.

A part les artistes musicaux que vous cités comme influences (Will Haven, Chopin…), quelles sont vos autres sources d’inspiration (cinéma, littérature…)?
En littérature, on peut citer le Guide du Routard Pologne, le Guide du Routard Russie !... Et plus sérieusement, Maurice DANTEC et tous ses auteurs à la frontière de la mysanthropie… Des mecs qui donnent envie de refermer le bouquin et de se barrer ! D’ailleurs par rapport à ça, on peut citer le film « Into The Wild » de Sean Penn. Car on présume ce dernier d’avoir écouté à la porte de chez Tristan il y a 4 ans quand on réfléchissait notre concept tant son scénario colle merveilleusement à ce qu’on voulait faire ! Il y a le film « Insomnia » de Christopher Nolan, qui se situe justement en Alaska. L’ambiance est fabuleuse dans ce film. Et puis Al Pacino…

Sinon, quelles sont vos dernières découvertes musicales, littéraires ?
On va citer quelques noms de groupes intéressants, qu’on a croisés ou pas : TANEN (FRA), MOHO (ESP), EQUUS (CH), REVOK (FRA), THE OCEAN (GER), SNA-FU (FRA), ERRATA (FRA), NAIVE (FRA)… et CATS ON TREES (FRA) !

Un dernier mot pour les lecteurs du zine ?
Brûlez vos guitares, pétez la gueule à Philippe Manœuvre, et barrez vous en Alaska ! Mais achetez notre CD avant, déconnez pas…
photo de DreamBrother
le 16/06/2008

3 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 16/06/2008 à 21:02:56

Interview très intéressante, je suis ravi pour eux ! l'enregistrement avec Ross Robinson va être une sacrée expérience

mattaw

mattaw le 17/06/2008 à 10:55:13

ouais dans ce qu'il dit jsuis d'accord pour péter la gueule à philippe manoeuvre

Sam

Sam le 17/06/2008 à 12:29:45

vive Philippe Manoeuvre !!!!!!!!

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