SiM le 23/02/2024, O'Sullivans Backstage By The Mill, Paris

SiM (report)

** Avertissement préalable ** Fan de SiM, avant de céder à des pulsions trollesques dans les commentaires de ce live report, sois clément : sache que celui qui rédige ces mots est atteint de vieuxconïte aiguë ** Avertissement préalable **

 

 

 

Aujourd'hui CoreAndCo vous propose une expérience.

 

Tout d'abord, munissez-vous d'un vieux métalleux :

1) fan de Fusion en général, et de Ragga Metal à la Bad Brains / Skindred en particulier

2) fan de formations farfelues comme Maximum The Hormones / Ailiph Doepa / The Chorizo Vibes...

3) ... mais franchement rebuté par les japaniaiseries kawaii et les Baby Metal, bien qu'en sa lointaine jeunesse il ait été fan de Ken le Survivant, des Chevaliers du Zodiaque, de Dragon Ball et même de Gigiqu'on voyait brièvement à oilp' quand elle se transformait en adulte, ah le fantasme de jeune pubère !

 

Une fois cette première étape accomplie, saisissez-vous de SiM. Pas le vieux fripé des Grosses Têtes : le groupe de foufous nippons

1) qui fusionnent Neo Metal braillard et accès Reggae & Ska

2) qui arborent des dégaines hyper lookées, et sont clairement susceptibles d'aimanter une génération K-Pop en cours de rébellion, et voulant donc passer à un registre plus méchant sans pour autant arrêter de chasser les Pokemons

 

Maintenant qu'on a les ingrédients, melangeons-les dans le bécher du Playdead World Tour Season 1, tournée qui – au mois de février du moins – parcourait l'Europe, permettant aux petits gars de Kanagawa de se produire pour la toute première fois à Paris, au Backstage by the Mill. Un lieu qu'il est bien pour mater sur les planches et en effectifs restreints de très bons groupes de Metal. Un lieu fréquenté (par ma pomme) pour la dernière fois le 10 mars 2023, à l'occasion des sets de Left To Die et Skelethal (… d'ailleurs, comme c'est bizarre : cette fois-ci je n'y retrouverai pas Olivier « Zoltar » Badin, collègue de la presse papier qui était pourtant là la dernière fois. Mais peut-être sautillait-il aux abords de la scène, position qui m'aura été interdite par une arrivée tardive).

 

Dernière précision, afin de mieux comprendre le pourquoi du comment : connaissant l'amour du vieux ronchon qui vous cause pour la Fusion, une bonne âme de ses contacts avait « récemment » introduit aux forceps dans ses coquines oreilles Silence iz Mine, le premier des six albums du groupe. Et il s'avère que celui-ci est très écoutable. On en reparlera d'ailleurs ici « sous peu ». Mais le skeud date de 2008. Les choses ont évolué depuis... Heureusement, pour simplifier la tâche des passagers clandestins débarquant à l'improviste lors de ses concerts, SiM avait publié sur ses réseaux sociaux les setlists de ses concerts récents. Ni une ni deux : votre serviteur s'est mitonné une petite playlist Deezer ciblée, réprimant parfois une grimace interrogative à l'écoute de titres un peu trop Lucile Embrasse-Moi, mais se délectant également de compos pas si éloignées que cela, parfois, d'un version Néo / Ska de The Chorizo Vibes.

 

… Mais il est temps de procéder à l'expérience proprement dite !

 

C'est vers 20:10 – un peu à la bourre, donc, les portes ayant été ouvertes à 19:30 – que j'arrivais dans un Backstage by the Mill bourré ras la gueule. Il faut dire que la date était sold out. Trop tard pour se rendre aux abords de la scène, donc. Mais ne maîtrisant pas totalement mon sujet, c'était sans doute mieux ainsi. Dans la salle, la faune oscillait entre celle des alentours d'une Main Stage au Hellfest, et les nerds excités parcourant les allées de la Japan Expo, les T-shirts One Piece étant quand même bien plus nombreux que les patches Morbid Angel (!). D'ailleurs certains cris aigus hystéro le confirmeront : on était bien ici en présence d'un public ayant plus à voir avec celui des BTS qu'avec les âmes noires abonnées au sorties des Acteurs de l'Ombre.

 

À 20:30 pétantes débarquait enfin le groupe. Des gugusses grimés « Destroy chic », à la fois polis / souriants / cœur-avec-les-doigts et dégainant un petit fuck-off-meudafeuckaz de temps à autre, alternant refrains roudoudou et lourdes mosh parts noisy, respectueux des horaires et du public mais Metôl-hein-attention-les-filles. Un groupe très japonais, donc, mais moins porté sur les excès hentai/déviants de certains de ses compatriotes que sur des poussées de rage très contrôlées, idéales pour qu'une jeunesse forcément un peu révoltée se passe sans trop de remous.

 

Mais je fais dans le cynisme précoce et ne respecte pas la stricte chronologie de l’événement. Bouh le vilain. Revenons donc à la case départ...

 

C'est avec « Under the Tree » que le set décolle. Un morceau emblématique du SiM cuvée 2024, mêlant la pompe et le plomb du Metal bankable ricain le plus récent (cf. Ice Nine Kills et Falling in Reverse) aux mélodies sirupeuses de la K-Pop. On pouvait difficilement faire pire comme début de concert pour le vieux croûton qui vous cause... Et le titre suivant, « Playdead », pur échantillon de Neo Pop Metal kawaii, n'a fait que pousser le bouchon et mon envie de déguerpir un peu plus loin.

 

Arrivent alors les sirènes de « Hide & Seek », morceau plus franchement jumpy et Neo, et trempant largement dans des accès Ragga'n'B assez décalés. OK, là ça passe. Bon, ça reste globalement assez gluant – rhaaaaa, l'appel aux « Raise your hands in the air and wave like you just don't care », c'est encore pire que les « Hey ! Hey ! Hey ! » bovins du Teutonic Metal ! – mais l'ambiance est quand même désormais moins aux pensées sombres. Et le thermomètre de monter encore d'un cran sur « Kiss of Death », tube mêlant Ragga indolent + pré-refrain un-peu-trop-zeasy (« Ouuuuuuuh Wha Wha Whaaahh !! ») mais assez imparable... à un refrain dégoulinant de niaises kawaiieries, pour mon plus grand malheur !

 

Allez, essayons plutôt de nous focaliser sur les bonnes vibes...

D'autant que le groupe, moulinant un peu dans le vide pendant une pause relativement brouillonne, nous laisse le temps de la réflexion.

 

Puis le show repart sur « Devil in Your Heart » et le « Di-dadada dadada » mi-coolos, mi-énervant, de son refrain. Les couplets sont un bonheur de Ska Metal fifou et bien speedé, c'est festif, accrocheur, ça fonce sur du Punk Rock joyeux, ça moshe en respectant le quota syndical de remuage de cervicales : bilan positif, donc ! Et « Blah Blah Blah » continue sur cette même lancée. Plus Néo moshy, le titre manie lui aussi sprints Punk Rock, breaks Ska et soleil jamaïcano-californien. Et si tout cela est quand même assez nettement coloré de nuances péniblement Teen, on peut en profiter sans trop d'arrières-pensées sarcastiques. En revanche, « Gunshots » renoue quant à lui avec un entre-deux malaisant, entre slow Ska electroïde, touches Dubstep plutôt cool, mais également retour du « waving bullshit », montée en pression très typée ado et excès roudoudou.

 

Mais il est déjà temps de faire une nouvelle pause. Et, puisque c'est la première fois que les zigotos viennent en France, ils se livrent à l'exercice classique du I-don't-speak-French-but-let's-Try-it. « Mewci pôcou ? ». « Bonnchou' ? ». « Twè pien ? ». Une ovation accueille évidemment chacune de ces gentillettes tentatives...

 

'suis trop vieux pour ces conneries !

 

Et le show de continuer vaille que vaille, entre plutôt-Youpi et Rhalala-tout-gluant. Avec « Baseball Bat » tout d'abord, sympa, tantôt Ragga, tantôt High School Punk Rock, tantôt Bleuargl Néo moshy, mais globalement un peu trop facile, et pataugeant en deuxième mi-temps les deux pieds dans une flaque rose mievrissime. Puis l'on embraye sur « Who's Next », qui reste dans les mêmes eaux trop peu profondes, trop vénère-rosâtres, et usant de passages atrocement vocodés, dont un qui amoche salement un passage Nawak / Ragga pourtant plein de potentiel (… potentiel qu'il développera tout de même un peu par la suite).

 

Non mais eh, oh : va falloir arrêter de tout saloper !!!

 

Mais dites-donc : ne serait-ce pas le moment de demander un circle pit, histoire de choquer les gentilles groupies récemment attirées par le chamallow hollywoodien des titres les plus récents ? Non parce qu'on a des racines Metôôôl nous, faudrait pas l'oublier ! Et c'est vrai qu'avec « TxHxC », morceau de cet unique album que je maîtrise un petit brin, le ton s'avère bien plus énervé : ça fonce, ça moshe, ça punkise. Ça fait dans le bon vieux Reggae également, et part sur un « I wanna hold your hand » en mode Raggamuffin über cool, le tout sur lit de basse amicale.

 

Ah oui, là d'accord !

Allez, comme Charlie sur sa couv' post-attentats : tout est pardonné les gars !

 

Par contre on dirait que ça commence à sentir la fin... On fait des photos avec le public, on laisse celui-ci nous réclamer un brin, on attrape le drapeau confectionné par un fan pour s'en revêtir, on fait monter une fan sur scène, et l'on se livre enfin à cœur ouvert : « Les gars, notre but ultime est de nous produire sur la Main Stage des grands festivals, comme le Hellfest par exemple »... Ouééééééééé dans la salle. « Bon là, évidemment, c'est touti rikiki ». Bah dis donc, sympa Mah ! On pue, c'est ça ? « … mais ne vous méprenez pas, hein : on vous adore. Pour nous, cette première étape dans notre carrière est hyper importante. Et on ne vous oubliera jamais, promis ! ». Ooooooooh, trop choupinou !

 

Attendez voir : il ne manquerait pas le Gros hit récent à l'appel ? Allez, on embraye donc sur « The Rumbling », encore plus Falling in Reverse que le plus tubesque des morceaux de Falling in Reverse. Avec la touche J-Pop en prime. Pas étonnant que le groupe ait réussi à percer aux USA avec un titre aussi calibré... Puis on enchaîne sur « Red » et son début très typé pays-du-soleil-levant, son approche plus Rap Metal que la moyenne... et l'habituelle dose de soupe sans laquelle on ne réussirait pas à convaincre les collégiens.

 

C'est alors que votre Grand Reporter en territoires hostiles se laissait gagner par une nouvelle vague de cynisme acerbe qu'arriva « Do The Dance », compo pétillante, sautillante, skaïfiante, gigotante – certes un peu trop nunuche, notamment sur le refrain, et trop facile, une fois encore, mais énergique et revigorante. Je crois que j'aime trop le Ska et les jumperies joyeuses, en fait... Ça me perdra !

 

Tomber de rideau, fin des hostilités.

Fin ?

Meuh non, il va y avoir des rappels, bien entendu !

 

Et une annonce : « On va revenir : on est en train de monter une tournée européenne bien plus ambitieuse ! ». Ouéééééé, derechef. « Par contre on ne pourra pas venir vous serrer la pogne après le concert, parce qu'il faut qu'on parte vite vite en Allemagne pour notre tout dernier concert ». Ooooooohhhhh, snif snif, font les fans dépités. « Allez, c'est pas grave : on refait une photo tous ensemble ! »

 

Pour se quitter amis, quoi de mieux qu'un petit « Killing Me » vigoureusement saccadé, façon « violent » Ska Punk Metal, qui emporte facilement l'adhésion ? Réponse : une démonstration de proximité avec le public, en laissant un temps la guitare à un fan – « What's your name ? Di-mi-twi ? »... Sauf que le morceau ruinera à nouveau le moral des grincheux de l'assistance en dégainant une fois de plus ce scrogneugneu de vocodeur.

 

Grrrrr !

 

Dernier tour de piste sur « F.A.I.T.H. », grosse rouste bien violente. Limite Grind au tout début. Avec un gros breakdown pour mosher comme des gorilles. Et de la guitare qui frétille joliment. Voilà, ça, ça le fait ! On y perd un peu en fusionneries, certes, mais au moins le taux de sucre chute brutalement, nous permettant d'oublier toutes les caries qu'on aura choppées pendant cette grosse heure.

 

Au-revoir coeur-avec-les-doigts, donc. Avant même que 22:00 ne s'inscrive sur nos montres. C'est qu'on est bien sage, dans ce Japon-là : on sait qu'il faut rentrer avant que le carrosse ne redevienne citrouille.

 

Bilan ? Le groupe devait être assez génial à l'époque de son premier album. Problème : il a depuis réalisé que les groupes de K-Pop sont riches à millions, et que les USA sont fans de Ice Nine Kills. Du coup il a mis plein de Coca dans son vin. Et vous m'excuserez, mais malgré des goûts que d'aucuns qualifient de douteux, c'est dur à digérer. Impression très mitigée, donc, au final. Mais on essaiera quand même de n'en retenir que le positif pour vous rédiger, l'un de ces jours, un papier sur Silence iz Mine.

 

 

 

 

Setlist :

01. Under The Tree

02. Playdead

03. Hide And Seek

04. Kiss of Death

05. Devil in Your Heart

06. Blah Blah Blah

07. Gunshots

08. Baseball Bat

09. Who's Next

10. TxHxC

11. The Rumbling

12. Red

13. Do The Dance

Rappels

14. Killing Me

15. F.A.I.T.H. 

 

 

 

** Rappel final ** Fan de SiM, avant de céder à des pulsions trollesques dans les commentaires de ce live report, sois clément : sache que celui qui a rédigé ces mots est atteint de vieuxconïte aiguë ** Rappel final ** 

photo de Cglaume
le 29/02/2024

8 COMMENTAIRES

Rafff1

Rafff1 le 04/03/2024 à 21:15:44

Déstabilisante cette lecture (!!)

cglaume

cglaume le 05/03/2024 à 06:35:51

Ce n'était pas le but 😅
... Mais vu que j'ai moi-même été déstabilisé par le concert, c'est assez cohérent 😁

papy_cyril

papy_cyril le 06/03/2024 à 14:52:40

Mais je croyais qu'il était mort Sim! c'est déjà une bonne nouvelle de le retrouver sur scène !😜

cglaume

cglaume le 06/03/2024 à 15:43:49

C'est marqué dedans : "Pas le vieux fripé des Grosses Têtes : le groupe de foufous nippons" 😝😝😉

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/03/2024 à 22:05:08

Bon si j'ai bien tout pigé : fallait arriver super chargé déjà. Et ne pas décrocher du comptoir comme à un concert de Tagada quoi.

cglaume

cglaume le 08/03/2024 à 07:18:00

🤣
C'est un résumé - TRES resumé - tout a fait acceptable 😁

Pingouins

Pingouins le 09/03/2024 à 07:53:06

Ah t'aurais dû emmener le bleuarglomètre, c'est une occasion manquée. 
Je l'avais mis en charge au bureau en plus !

cglaume

cglaume le 09/03/2024 à 10:02:13

Rhaaaa mais oui: j'ai pas le réflexe encore 😅😁

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